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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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1943.
    Le 13 février, dans des conditions déjà relatées au chapitre des kommandos, le Brestois Georges Cadiou est abattu lors d’une corvée. Il meurt à trente ans, tiré comme un lapin par un S. S., pour la seule raison que le commandant S. S. de Heinkel a décidé d’entrée d’intimider les Français dont il connaît l’esprit de résistance. Ce soir-là, comme un cortège funèbre, l’équipe de Cadiou, précédée de quatre camarades portant le corps du martyr, arrive sur la place d’appel dans un silence profond que ne parviennent pas à troubler les vociférations des gardiens. Le commandant S. S., qui est le frère de Heydrich, le bras droit de Himmler, se sert de l’assassinat prémédité de Cadiou pour menacer des pires représailles ceux qui ne fileraient pas droit. Si des têtes se courbent, d’autres se relèvent.
    La situation n’est pourtant guère favorable aux Français. Ils se heurtent aux mêmes réticences politiques qu’ailleurs. On leur reproche la non-intervention en Espagne, la capitulation de Munich, la trahison de Pétain. Les « verts » qui, à l’exception de quelques postes à la cuisine, dirigent l’administration intérieure du kommando les prennent pour têtes de turc. Les affectations dans les différents halls de fabrication, la dispersion et l’éloignement des blocks dans la forêt abritant l’usine, brisent les groupes qui s’étaient formés durant la quarantaine… Cependant, tous les fils ne sont pas coupés, grâce en particulier aux contacts noués entre les républicains espagnols intégrés au contingent des Français et les Allemands qui ont combattu dans les Brigades internationales.
    L’organisation clandestine des politiques allemands de Sachsenhausen a prévenu ses responsables à Heinkel, Hein Külckens, Willy Heinskill, Erich Boltze, de l’arrivée des Français. Mais surtout Fritz Eickemeyer, de la cuisine du grand camp, a recommandé à Külckens, Vorarbeiter de la cuisine Heinkel, toute une équipe de confiance. José Carabasa, ancien combattant de l’armée républicaine espagnole et cuisinier professionnel, est à l’origine de ce précieux contact. Personnellement, il n’en profite pas tout de suite en raison d’un incident dû à son patriotisme intransigeant.
    Aux premières formalités sur les rangs, il se hérisse quand un S. S. l’interroge en montrant les lettres S. P. inscrites sur son triangle rouge. Louis Chaput, à ses côtés, suit intensément le dialogue : “Espagnol ?” demande le S. S. – “Oui, de Barcelone.” – “Rouge espagnol ?” – “Républicain espagnol”, corrige fièrement José, droit comme un I.
    « Le S. S. reste un instant interloqué. Son regard fixe cruellement José toujours au garde-à-vous. Le cœur battant, nous craignons le pire, car ce nazi a tous les pouvoirs. À notre grand soulagement, il se contente de baragouiner une phrase où je crois saisir “ Baukommando” Oui, c’est bien ça, l’un des plus durs détachements de travail de Heinkel ! »
    Ce n’est qu’après une nouvelle intervention du Vorarbeiter adjoint de la cuisine, Willy Remmel, un ancien d’Espagne, que José Carabasa rejoint plus tard l’équipe française recrutée par Külckens.
    Frédo Rey, secondé par Maurice Desbieys, en est le responsable à la cuisine du camp. Avec eux sont Raymond Lesieur, Henri Niot, Albert Nauleau, André Forvielle (dit Kamel), André Gaston, José Carabasa. Le jeune Alsacien Aimé Hechinger, qui parle allemand, est mis d’emblée, lui, à la cuisine particulière des S. S., où les épreuves ne lui manqueront pas en raison d’un patriotisme aussi intransigeant que celui de Carabasa. Par exemple, quand prend effet la déclaration d’annexion de l’Alsace-Lorraine contresignée par les pétainistes, le chef de la cuisine S. S. enjoint à Aimé d’ôter le F de son triangle rouge : “Tu es désormais devenu Allemand, enlève ton F !” – “Il n’y a pas de loi française qui m’ait retiré ma nationalité, réplique-t-il. Je suis toujours et resterai Français !” »
    Aimé Héchinger est terriblement battu par les S. S. Ses reins sont touchés et lui feront désormais toujours mal. Mais il est maintenu à son poste et dès lors il participe avec encore plus de cœur et d’audace à l’œuvre de solidarité dont la cuisine Heinkel devient l’un des supports essentiels.
    Cela ne se fait pas en un seul jour. Il faut que les cuistots français

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