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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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informés pour combattre l’effet nocif des nouvelles sensationnelles qui, une fois démenties, plongent dans le marasme les moins solides moralement ou physiquement.
    Avant que Désirat ait assimilé les rudiments d’allemand que lui inculque le professeur polonais Josef Dziarnowski, de Torun, les seules ressources sont d’abord les contacts épisodiques avec les prisonniers de guerre français qui, au début, travaillent de nuit au hall 2. Puis c’est la découverte, parmi les ouvriers civils travaillant à l’usine, de quelques communistes. L’un d’eux, originaire de Dresde, rescapé d’une cellule clandestine démantelée par la Gestapo, prend pendant plusieurs mois le risque d’acheter à Berlin le Trait d’union, journal pétainiste à l’intention des prisonniers de guerre et de la soi-disant « relève ». Il l’apporte chaque matin au camarade en rapport avec lui. On y trouve le communiqué de l’État-major allemand (O. K. W.) et, par comparaison, il est facile de voir, surtout avec une carte de l’U. R. S. S., que les offensives nazies se font à reculons. Et les vitupérations des services du ministre vichyste Scapini fournissent d’intéressantes nouvelles sur l’activité de la Résistance qui s’amplifie en France. Les anciens détenus de la prison de Nancy jubilent d’apprendre par ce canal que Courrier, patron des forces de répression en Lorraine, a été abattu par un groupe de patriotes.
    Il y a enfin le journal du parti nazi, le Völkischer Beobachter d’où est tirée la substance d’une information objective en analysant les différents articles et en les comparant avec les précédents. C’est le même travailleur allemand qui le remet à un responsable français le matin à sept heures à son hall. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas sans danger, car c’est seulement à midi que les chefs de block en reçoivent un unique exemplaire. Cette matinée gagnée est mise à profit au B. M. K., où est élaboré le bulletin quotidien des Français de Heinkel, qui paraît durant vingt-deux mois, d’avril 1943 à janvier 1945 !
    Le B. M. K. est le bureau d’étude d’outillage de l’usine Heinkel. La plupart des dirigeants des mouvements de résistance s’y sont regroupés dès avril 1943, les uns vrais techniciens, les autres supposés tels. Il y a des communistes (Charles Désirat, René Cogrel), des gaullistes de divers réseaux (André Louis, René Bourdon, Clément Jacquiot, Alphonse Lavieville, Léo Agogué, Eugène Convers, Pierre Arnoux), le colonel belge Lentz, etc. Tous agissent dans un esprit d’union et d’amitié qui ne se démentira jamais.
    Le matin à huit heures, traductions faites, le bulletin est rédigé en trois exemplaires au carbone, le rédacteur étant protégé par René Cogrel et Léo Agogué. Le Vorarbeiter du B. M. K., l’ingénieur communiste Horst Lehmann (condamné pour « haute trahison » après avoir protesté contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par Hitler), bien qu’en complet désaccord avec ces méthodes de travail clandestin qu’il juge imprudentes, couvre néanmoins l’activité des « journalistes ».
    Les exemplaires sont remis à des camarades de différents halls, qui les reproduisent durant la pause de midi et Fernand Châtel transmet le soir, lors de sa tournée des blocks, ceux qui n’ont pas été distribués.
    Malgré les risques inhérents à toute tâche clandestine au camp, l’édition et la diffusion du bulletin (le « communiqué », l’appelle-t-on souvent) ne subissent que peu d’anicroches. Toutefois, au printemps 1944, Désirat est surpris vers 7 h 30, à travers la cloison vitrée du B. M. K., par le directeur commercial de Heinkel, Neumarker, en train de traduire le journal. Il a heureusement le réflexe de faire disparaître ce journal du jour et de se présenter à la porte du bureau avec un exemplaire périmé destiné aux usages hygiéniques. Il est convoqué devant le Lagerführer. Mais, heureusement conseillé par Horst Lehmann et assisté par un interprète membre de la résistance allemande, il feint de ne pas comprendre la langue. Quand il dévoile l’usage du journal saisi, il a la satisfaction d’entendre Heydrich traiter Neumarker d’imbécile et trouver naturelle la vocation de ce journal pour les W.-C.
    En juillet 1944, Jean Poilane connaît une alerte plus sérieuse : « J’étais chargé, avec mon camarade Roger Biéron, de

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