Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
des dossiers de ce matin contiennent des plaintes contre cette institution. Achat obligatoire d’un terrain ici, obligation de fournir des aliments à bas prix là. Messire Waters a reçu l’ordre de se montrer accommodant.
    Le délégué sourit. « En effet. Afin que la justice du roi soit considérée comme miséricordieuse. Pas de duperies, remarquez ! ajouta-t-il en levant le doigt. Je n’accepterai aucune tentative de tromperie.
    — Nous non plus ! renchérit Giles avec force. N’est-ce pas, confrère Shardlake ? Nous renverrons les tricheurs, qui partiront sans demander leur reste. » La perspective de cette journée de travail semblait le réjouir. « Bien. Préparons-nous ! Jetons un coup d’œil aux dossiers avant de faire entrer les plaignants. »
    Nous passâmes toute la matinée à écouter l’exposé des querelles et à rendre des sentences arbitrales. Après les atroces événements de la nuit, je trouvais curieux d’être assis là, au milieu des emblèmes du pouvoir, mais je réussis à oublier ce qui s’était passé, durant quelques heures en tout cas, en accomplissant mon devoir avec grand plaisir.
    La plupart des différends étaient insignifiants, étant donné la fureur disproportionnée de plusieurs plaideurs au regard du sujet de la querelle. Nous expédiâmes ces dossiers. Lorsque le Conseil était en cause, messire Waters s’avérait un modèle de modération, mais je constatai que le Conseil avait fait preuve d’une certaine arrogance dans sa façon de traiter avec les Yorkais.
    Nous fîmes une pause à midi. Un serviteur nous apporta des viandes froides et du pain. J’avalai mon repas, puis fis un signe à Barak.
    « Pourrions-nous vous abandonner un bref moment, messieurs ? demandai-je. Nous serons de retour dans une petite demi-heure. » Messire Waters opina du chef. Giles posa sur nous un regard interrogateur.
    Nous sortîmes dans la cour. La pluie avait cessé, mais le vent soufflait plus fort que jamais, soulevant les pans de ma robe.
    « J’ai mal au poignet, déclara Barak. Que de notes à prendre ! Bon. Quel est ce mystère de la tour ? »
    Je traversai la cour en direction du poste de garde, où l’homme aux traits durs que j’avais déjà rencontré accepta de nous conduire jusqu’à l’ancienne cellule de Broderick.
    Celle-ci n’avait pas été nettoyée depuis le départ du cuisinier. Des joncs souillés traînaient sur le sol, le drap sale du lit de camp n’avait pas été enlevé, les chaînes qui avaient attaché Broderick étaient toujours retenues par l’anneau accroché au mur et posées en tas sur le lit.
    « Eh bien ? » s’écria Barak.
    Je me dirigeai vers le lit et saisis les menottes qui avaient enserré les poignets de Broderick. Je m’éloignai du lit, déroulant sur toute leur longueur les chaînes auxquelles elles étaient fixées. Debout, Broderick aurait pu couvrir une distance de huit pieds environ. Regardant vers l’intérieur, je décrivis un demi-cercle autour de la cellule, tandis que Barak et le garde me contemplaient d’un air perplexe.
    « Que faites-vous donc ? demanda Barak.
    — Je trace les limites de la surface qu’aurait pu parcourir Broderick en marchant. Pour voir s’il y a quelque chose de singulier sur le sol ou les murs.
    — Je ne vois rien.
    — Non… Ah ! fis-je en m’arrêtant devant la fenêtre. Oui, il pouvait marcher jusque-là. C’est bien ce que je pensais. Il m’a dit qu’il avait l’habitude de contempler le squelette d’Aske. »
    Par la fenêtre, je voyais la tour d’en face et le squelette enchaîné qui se balançait dans le vent glacial. Je percevais quelque chose d’autre : l’odeur que j’avais sentie dans le mouchoir de Broderick à Sainte-Marie et aussi à Fulford, au moment où je m’étais incliné, l’œil sur la jambe du roi : une odeur de pourriture et de décomposition. J’examinai un long tuyau de plomb qui descendait le long du mur et s’arrêtait d’un côté de la fenêtre, à l’endroit où zigzaguait une fissure dans le mur. Un dépôt blanchâtre à l’aspect gluant pendait à l’extrémité du tuyau ; de l’eau en suintait et dégoulinait dans la fissure. Il y avait autre chose encore : deux tiges marron coupées sortant du champignon qui avait poussé dans cette pourriture.
    « On dirait que l’endroit a été frappé par la foudre, dis-je au garde.
    — Peut-être bien, répondit-il, étonné qu’une telle chose

Weitere Kostenlose Bücher