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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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peignit sur son visage.
    « Je te le jure. Je t’aiderais si je le pouvais. À mon avis, le voyou de l’affaire, c’est Rich. »
    Soulagé, il s’affala sur son siège. « Merci, merci. Et…
    — Oui ?
    — Tu ne te moques même pas de moi ! s’extasia-t-il. Comme le feraient la plupart des gens… »
    Je scrutai son visage hâve. Quels obscurs secrets se dissimulaient derrière ce masque ?
    « Les moqueries ne me sont que trop familières », répondis-je.
    Il me fallait rendre visite à Broderick avant de passer à la tâche suivante, à savoir, réfléchir à l’arbre généalogique et à ce qu’avait dit le Titulus à propos de la naissance de Richard III en Angleterre. Ma découverte au château et ma conversation avec Craike m’avaient ragaillardi.
    Le sergent Leacon et l’un de ses soldats montaient la garde devant la cellule de Broderick. Leacon nous fit un salut guindé.
    « Tout va bien ? demandai-je.
    — Oui. Il est resté allongé sur sa paillasse toute la journée et refuse de parler à l’homme que j’ai posté dans sa cellule.
    — J’ai résolu l’énigme du poison. » Je lui fis le récit de ma découverte au château. « Je pense que Radwinter sera bientôt de retour.
    — J’espérais qu’on ne le reverrait plus, dit-il en haussant les épaules.
    — Hélas ! si… » Je pris une profonde inspiration. « Sergent, je dois vous remercier, vous et vos hommes… d’avoir tué l’ours, la nuit dernière. Un instant de plus et je crains que c’en eût été fait de moi.
    — Nous n’avons fait que notre devoir, répliqua-t-il d’un ton sec. Bien que je me sois demandé s’il s’agissait d’une ruse pour détourner mon attention et libérer le prisonnier. J’ai hésité à enfermer Broderick à double tour avant de courir à l’église.
    — Dieu soit loué que vous n’ayez pas hésité trop longtemps. Je tremble à la pensée de ce qui serait advenu de moi si vous ne vous étiez pas trouvés à deux pas. »
    Il opina du chef, sans se dérider pour autant.
    « Sergent, repris-je, j’ai réfléchi aux ennuis de votre famille. Que je leur ai moi-même en partie causés, semble-t-il. J’ai compris que j’avais rendu cet arbitrage sans avoir connaissance d’éventuels sous-baux ou d’une tenure en vertu d’une copie du rôle. Vos parents possèdent-ils des documents ayant trait à leur location ? »
    Il secoua la tête. « Non. Les archives de la Cour seigneuriale ont été détruites dans un incendie il y a des années. Mais mes parents ont toujours cru qu’ils étaient locataires des moines.
    — Je ne disposais pas de cet élément. Ç’aurait pu faire la différence, surtout s’il y avait eu la moindre preuve écrite.
    — Mes parents savent à peine lire et écrire, expliqua-t-il d’un air gêné. Ils dépendent de mon oncle, qui n’est pas non plus un grand savant. Et ils n’ont pas l’argent pour s’offrir les services d’un avocat.
    — Quel délai leur reste-t-il avant l’expulsion ?
    — Six mois. Le jour du terme de printemps.
    — Écoutez, sergent. Je me sens grandement responsable de la situation. Quand nous rentrerons à Londres, si vous le souhaitez, je tâcherai de vous aider.
    — Comme je vous l’ai dit, mes parents n’ont pas les moyens d’engager un avocat.
    — J’assurerai leur défense gratuitement. Pro bono, comme nous disons. »
    Son visage s’éclaira un peu. « Vraiment, monsieur ? Si vous pouviez nous aider…
    — Je ne vous garantis rien pour le moment, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir.
    — Merci. » Il me regarda droit dans les yeux. « J’avoue que je vous ai maudit tant et plus quand j’ai appris que vous étiez impliqué dans cette affaire.
    — Alors, révoquez la malédiction ! Les malheurs, j’en ai eu tout mon saoul récemment. »
    Il sourit. « Avec plaisir ! Si vous acceptez de nous aider.
    — Bien, conclus-je, un peu gêné. Il faut que je m’enquière de l’état de Broderick. »
    Tout en prenant ses clefs, Leacon secoua la tête. « Pourquoi les gens se fourrent-ils dans la sorte d’atroce pétrin où il se trouve ? N’y a-t-il pas assez de misères dans le monde ? »
     
    Couché sur sa paillasse, le teint blême, les traits tirés, Broderick me fit pitié. Je restai un moment à le regarder. La lumière d’une bougie que l’on m’avait apportée pour dissiper l’ombre du crépuscule creusait les rides prématurées de son jeune visage.

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