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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Il leva vers moi des yeux las.
    « Vous avez quelque chose à boire ? » lui demandai-je.
    D’un signe de tête il indiqua une cruche posée par terre. « Oui.
    — Je sais comment vous vous y êtes pris, sir Edward, murmurai-je. Le poison… Vous avez arraché ces horribles champignons vénéneux au tuyau d’écoulement, n’est-ce pas ? »
    Il me fixa longuement, puis abaissa les paupières. « Peu importe désormais, dit-il, l’air abattu. J’ai raté mon coup. Et maintenant que vous m’avez emmené ici, je n’aurai plus d’autre occasion de me tuer.
    — Tout votre être a dû se révolter lorsque vous les avez ingurgités.
    — En effet. Je me suis forcé à les avaler avec de l’eau, tout en me bouchant le nez pour ne pas en sentir l’odeur.
    — Oh oui ! Cette odeur…
    — Mais ça n’a servi à rien. Mon corps les a rejetés. » Un spasme de colère tordit son visage.
    « Écoutez, lui dis-je. Pourquoi ne parlez-vous pas tout de suite ? Pourquoi ne pas leur dire ce qu’ils veulent savoir ? Tôt ou tard, des aveux vous seront arrachés sous la torture. Supporter la souffrance n’est pas une vertu. Vous bénéficierez peut-être d’une grâce si vous passiez aux aveux. Il y a des précédents. »
    Il partit d’un rire âpre, guttural. « Pensez-vous que je croie aux promesses de ces gens ? Robert Aske y a cru, et voyez comment ils l’ont remercié.
    — Son squelette est tombé de la tour aujourd’hui. Le vent l’a décroché. »
    Il fit un lent sourire. « C’est un signe. Un signe que la Taupe devrait prendre en considération.
    — Pour un homme instruit, monsieur, vous dites beaucoup d’inepties. » Combien de réponses aux questions que je me posais étaient renfermées dans cette poitrine couverte de cicatrices ? Le rapport entre le secret de la reine et les conspirateurs, les documents contenus dans le coffret… Mais je n’avais pas le droit de fouiller dans les mystères de son cœur.
    « Si le roi Henri est la Taupe, lui demandai-je à brûle-pourpoint qui est donc le roi légitime ? D’aucuns affirment que c’est un membre de la famille de la comtesse de Salisbury. »
    Il fit un sourire ironique. « On affirme beaucoup de choses.
    — Le prince Edward, le fils du roi, est l’héritier légitime, n’est-ce pas ?… Et tout fils que la reine Catherine aura après lui, repris-je après une courte pause. La rumeur a couru qu’elle était enceinte.
    — Vraiment ? » Aucune étincelle ne jaillit dans ses yeux. Il n’y eut qu’une expression de mépris sur son visage, puis il émit un petit rire sans joie. « Seriez-vous devenu interrogateur, monsieur ?
    — C’était uniquement pour le plaisir de faire la conversation.
    — À mon avis, vous ne faites rien uniquement pour le plaisir. Mais savez-vous ce qui me ferait plaisir, à moi ?
    — Quoi donc ?
    — Que vous soyez présent dans la salle de la Tour où l’on s’acharnera sur moi. J’aimerais que vous contempliez le résultat de vos bons soins.
    — Vous devriez parler maintenant, tant que votre corps est encore entier.
    — Fichez le camp ! » lança-t-il avec dédain.
    Je soupirai et frappai à la porte pour que le garde m’ouvre. En sortant j’eus le désagrément de tomber sur Radwinter, les yeux fatigués et cernés. Son arrestation avait marqué cet homme jaloux de son autorité. Il fixait un regard noir sur Barak, qui, appuyé contre le mur, était un modèle de nonchalance étudiée.
    « Alors, disait Radwinter, il paraît que votre maître a découvert comment Broderick a tenté de s’empoisonner ?
    — Oui. Broderick a été très malin.
    — Il n’aura pas de seconde chance. J’ai récupéré mon poste… Maleverer me dit que c’est grâce à vous », ajouta-t-il en se tournant vers moi.
    Je haussai les épaules.
    « Vous allez pouvoir vous délecter de la pensée que je suis votre obligé, poursuivit-il d’un ton aigre.
    — Peu me chaut, répliquai-je. J’ai des affaires autrement plus importantes en tête.
    — Je vous ai déjà remis à votre place une fois. Et je recommencerai si nécessaire. » Il me bouscula pour passer, me poussant presque contre Barak, et enjoignit sèchement au soldat de lui rendre les clefs de la cellule du prisonnier.

29.
     
    BARAK ET MOI ÉTIONS ASSIS dans ma cabine à la résidence. Entre nous, sur le lit, se trouvait la feuille de papier sur laquelle j’avais derechef dessiné de mémoire l’arbre

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