Sang Royal
manteaux.
« Je me réjouis à l’avance de cette visite ! s’écria joyeusement Tamasin.
— Cela nous fera sortir quelque temps de Sainte-Marie », renchérit Barak.
Nous descendîmes Petergate en direction de la cathédrale. Je fixai le vitrail est, l’un des plus grands vitraux de la chrétienté, qui dominait toute la scène. Je m’étais tellement habitué à le voir que pour moi il faisait désormais simplement partie du décor. Les offices étaient terminés, les rues calmes, mais on voyait des soldats partout, en plus de ceux qui montaient la garde devant les portes d’enceinte de la cathédrale. À notre approche, deux d’entre eux croisèrent leurs piques pour nous barrer le passage.
« Le roi est en train de visiter la cathédrale. Qu’avez-vous à faire ici ? » demanda l’un d’eux.
Nous nous regardâmes, Barak, Tamasin et moi. J’aurais préféré faire demi-tour sur-le-champ, mais ce n’eût pas été courtois envers Giles. Je montrai mon ordre de mission et expliquai que nous avions rendez-vous chez un avocat qui vivait à l’intérieur de l’enceinte. Le garde nous autorisa à entrer, tout en nous avertissant que si la suite du roi approchait nous devions demeurer très à l’écart et garder la tête baissée jusqu’à ce qu’elle soit passée. Mon imagination me jouait-elle des tours ou, instruit de l’incident de Fulford, le garde avait-il réellement jeté un regard sur ma bosse au moment où il nous faisait entrer ?
L’enceinte était calme, malgré la présence d’un grand nombre de soldats, postés un peu partout. Tous étaient armés de piques, équipés d’une demi-armure par-dessus leur tunique rouge et coiffés d’un casque à plumet. Je poussai Barak et Tamasin vers la maison de Wrenne. Madge, qui me réservait désormais un accueil chaleureux, me fit entrer dans la salle. Giles se tenait debout devant le feu, un regard triste fixé sur le perchoir du faucon.
« Ah, Matthew ! Ainsi que maître Barak et mam’selle Tamasin… » Il fit un sourire à cette dernière. « Voilà bien longtemps que je n’ai pas eu une jolie fille pour invitée.
— Où est votre faucon, Giles ? demandai-je.
— La pauvre Octavie est morte. Lorsque Madge est entrée ce matin elle l’a trouvée gisant par terre. Elle était très vieille. Je m’étais promis qu’on irait chasser ensemble, un de ces jours, pour la voir voler et jouir des rayons du soleil une dernière fois. On a toujours tendance à se donner du temps pour mener un projet à bien, jusqu’à ce qu’il soit trop tard ! » Il me regarda soudain, l’air terriblement bouleversé. Il doit penser à son neveu, songeai-je.
Il fit un sourire contraint. « Venez prendre un verre de vin. Nous devrons patienter un moment avant de pouvoir visiter la cathédrale. Le roi s’y trouve, donc le commun des mortels doit attendre. » Il se dirigea vers la table de son pas lent mais ferme, versa du vin et nous pria de nous asseoir. Il interrogea Tamasin sur ses activités durant ce voyage et elle lui raconta des anecdotes sur les serviteurs et les suivantes de la reine, évoqua leur difficulté à maintenir la propreté lorsqu’ils campaient sous la pluie dans des champs boueux. Elle évita de citer lady Rochford. Prenant un évident plaisir à sa présence, Wrenne l’incitait à parler. Nous finîmes par entendre un bruit de voix dehors, et un garde lancer : « En avant, marche ! » Giles se dirigea vers la fenêtre.
« Les soldats semblent repartir. La visite royale doit être terminée. Je pense que nous pouvons maintenant nous rendre à la cathédrale.
— J’aurais aimé voir le roi, dit Tamasin. Je ne l’ai aperçu qu’un petit instant au moment de son arrivée à York.
— Vous ne le voyez pas durant votre service ? demanda Giles.
— Non. Seulement la reine, de temps en temps. Et même elle, je ne lui ai jamais parlé.
— Cela peut suffire, de voir Sa Majesté une seule fois, n’est-ce pas. Matthew ?
— En effet ! » acquiesçai-je.
Nous empruntâmes la petite rue menant à l’avant-cour de la cathédrale. Mais, par malheur, le roi était encore là. Des files de soldats se tenaient toujours contre les murs, et le roi, qui venait de descendre les marches de l’édifice, se dirigeait vers nous d’un pas lourd, appuyé sur sa canne et suivi par un groupe de courtisans. Un vieillard à cheveux blancs, portant un habit semblable à celui de Cranmer – sans doute Lee,
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