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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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jadis occupé un rang élevé.
    « Nous nous mettons en route demain, sir Edward, dis-je. Vous a-t-on prévenu ? »
    Ce fût Radwinter qui répondit. « Oui. Je vais devoir cahoter en sa compagnie jusqu’à Hull dans une voiture fermée.
    — Demain soir nous nous arrêtons dans un endroit appelé Holme. »
    Broderick acquiesça. « Je connais bien le lieu. Le château appartenait à sir Robert Constable, le second d’Aske au cours du Pèlerinage de la Grâce. La dépouille de Constable se balance désormais au-dessus de la porte de Hull et le roi a volé sa maison de Holme. C’était une belle demeure. »
    J’accueillis ces paroles par un petit grognement, puis désignai la porte du menton. « J’aimerais vous dire un mot, monsieur », dis-je à Radwinter. Il me suivit dehors, enjoignant au soldat de rester avec Broderick. À l’évidence, dorénavant, on ne devait plus laisser le prisonnier seul.
    Radwinter s’adossa contre le mur et planta sur moi un regard interrogateur. Appuyé sur sa pique, le sergent Leacon contemplait la scène.
    « Le teint livide de Broderick m’inquiète. Et cette cellule empeste. Il a besoin d’un peu d’air.
    — Dès demain il sera embarqué dans une voiture.
    — Je ne suis pas certain qu’il soit en état de voyager.
    — Votre opinion ne compte pas. Ce sont les instructions. »
    Je le fixai droit dans les yeux. « Cranmer m’a dit qu’un prisonnier est mort naguère, alors qu’il était sous votre garde. Si Broderick devait connaître le même sort, je n’aimerais pas être à votre place. »
    Il se préparait à partir d’un rire sardonique, mais se contenta d’opiner du chef en me gratifiant à nouveau de son sourire narquois. « Nous avons tous le droit à l’erreur, messire Shardlake. Les circonstances étaient tout à fait différentes. Voulez-vous que je vous raconte ce qui s’est passé ?
    — Allez-y ! »
    Il adopta une position plus confortable. « C’était il y a sept ans. Le roi était marié depuis peu à Anne Boleyn. Un dominicain, frère Frederick, appartenant à un monastère du Hertfordshire était monté à Londres pour prêcher que la rupture du roi avec Rome signifiait qu’il était maudit par Dieu. Conduit devant l’archevêque, il a refusé de révéler le nom de la personne qui lui offrait le gîte et le couvert. Cromwell, votre ancien maître, voulait l’expédier à la Tour afin que la torture le rende plus loquace, mais l’archevêque a jugé qu’un séjour à la tour des Lollards suffirait à calmer ses ardeurs et à lui délier la langue. On me l’a donc confié en me recommandant de le traiter avec sévérité et de le questionner.
    — Et alors ?
    — Il s’obstinait dans l’erreur. Quand je lui ai donné à lire le livre des Prières publiques, il l’a balancé à travers la cellule. J’ai donc décidé de le ramener à la raison en le suspendant au plafond par les poignets, la pointe des pieds effleurant le sol. Je me suis laissé dire que les Écossais utilisent une variante de cette pratique, laquelle consiste à suspendre l’individu par les pouces. Mais les pouces sont bien sûr assez vite arrachés, et je voulais que le supplice de frère Frederick dure un bon bout de temps. »
    Je le regardai d’un air dégoûté, réaction qu’il avait peut-être cherché à provoquer.
    Il sourit à nouveau. « Cela a fait taire ce cher vieux frère. Cette position rend la respiration pénible, sans parler de la douleur ressentie. Mais je ne m’étais pas aperçu que le frère Frederick souffrait du cœur. Oh ! je me rends bien compte aujourd’hui que j’aurais dû envisager cette possibilité, vu qu’il était rougeaud, gros et gras, et qu’il avait ahané en gravissant les marches de la tour des Lollards. Le lendemain, je l’ai trouvé mort, suspendu à ses chaînes. L’archevêque était fou furieux contre moi, je l’avoue. Alors il m’a envoyé à la Tour pour que les experts m’enseignent à évaluer le degré de résistance d’un individu.
    — Cranmer a fait cela ?
    — Oui. » Radwinter inclina la tête. « Voilà pourquoi je possède dorénavant la compétence pour juger de la condition physique d’un homme.
    — Vous êtes un infâme individu.
    — Vous plaignez ce moine, bossu ? Eh bien, dites-vous qu’il a moins souffert que s’il avait été écartelé pour trahison. Je lui ai rendu service, à ce vaurien ! »
    Je m’éloignai, mais il me rappela. « Il paraît

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