Sang Royal
patience… Le roi, la reine et la maisonnée royale se mettront en marche en premier, suivis des officiers des maisons royales et de celles des nobles. Ensuite viendront les divers personnages officiels. Je crains que les avocats ne soient en bout de file. Et après vous il y aura tous les serviteurs du campement et les chariots. Tout doit se dérouler selon l’ordre prescrit.
— Bien sûr. »
Il jeta un regard vers le Manoir du roi. Insoucieux du bruit et de l’agitation à l’entour, un serviteur était en train de tailler les rosiers plantés sur le côté, rangeant soigneusement dans une charrette les branches épineuses. Le manoir allait sans doute retrouver sa fonction originelle de siège du Conseil du Nord. « Le roi est fou furieux que Jacques d’Écosse se soit dérobé, expliqua Craike. Il menace d’exercer de sévères représailles contre les Écossais. Ils vont le payer cher, à mon avis.
— Ça serait… » Je cherchai un mot neutre. « … typique de lui.
— En effet. » Il y eut un silence gêné, et Craike sourit nerveusement. « Eh bien, je vais être dorénavant constamment en déplacement. Il se peut qu’on ne se revoie pas.
— Alors dans ce cas, adieu !
— Adieu ! répéta-t-il, avant de murmurer : Merci. » Puis il dirigea son cheval vers la porte de l’enceinte.
L’air songeur, Barak le regarda s’éloigner. « Pauvre vieux crétin ! fit-il.
— Oh, du calme, Genesis ! » Le cheval venait de faire un écart en hennissant.
« Ne montons pas en selle tout de suite, conseilla Barak. Donnons aux chevaux le temps de se calmer.
— D’accord. Tiens ! voici Giles. Mais où est donc sa monture ? »
Le vieil homme venait d’entrer dans l’enceinte. Il portait un lourd panier de bât et regardait de toutes parts, l’air désemparé. Homme à la carrure imposante, il dominait d’une tête la plupart de ceux qui allaient et venaient autour de lui. Je lui fis signe d’approcher et il avança lentement vers nous.
« Ah, Matthew ! fit-il, essoufflé. Bonjour ! Vous voilà donc avec Barak. Je crains d’avoir un ennui. Hier soir, un éclat de pierre s’est glissé dans le sabot de ma jument et elle ne peut plus marcher. Je ne sais que faire.
— Nous pourrons disposer d’autres chevaux, affirma Barak.
— Sans aucun doute, renchéris-je. Mais s’ils sont dans le campement, nous n’en aurons pas un dans l’immédiat.
— Prenez Sukey, proposa Barak. Je marcherai à côté de vous. Et je suis persuadé qu’on vous trouvera une monture un peu plus tard. »
Giles le regarda avec soulagement. « Oh, merci, jeune Barak ! Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ?
— Non. Prenez Sukey.
— Genesis fera mieux l’affaire. La jument de Barak risque de renâcler si elle ne connaît pas le cavalier. Moi, je peux la monter, je lui suis familier. Prenez Genesis, c’est un cheval calme.
— À nouveau, merci. » Il eut un rire gêné. « Je ne sais pas ce que je ferais sans vous. »
Un agent officiel fit son apparition et compara sa liste à celle de Fealty. « Tous en selle ! » cria-t-il.
« Permettez-moi de vous aider », dit Barak en faisant la courte échelle au vieil homme, qui se hissa sur la selle et s’y installa avec précaution. Soudain l’animal se cabra avec une telle violence et poussa un hurlement si terrifiant que j’en devins comme fou. Giles hurla et tira tant et plus sur les rênes, mais le cheval ne cessait de décocher des ruades pour le désarçonner. Alors, sous mes yeux horrifiés, le vieil homme fut éjecté de la selle et plongea vers le sol, la tête la première. Si Barak ne s’était pas interposé, il se serait sans doute fracassé le crâne sur les pavés de la cour. Giles tomba lourdement sur Barak, qui poussa un cri, puis ils s’affalèrent ensemble sur le sol.
Les gens se retournèrent pour voir ce qui se passait. Certains s’exclamèrent, d’autres s’esclaffèrent. Wrenne gisait à terre, à demi inconscient.
« Giles ! m’écriai-je. Vous ne vous êtes pas fait mal ?
— Non. Ça va… Il me semble. Mais qu’est-ce qui…
— Jack ? » fis-je en me tournant vers Barak. Il tenta de se redresser, mais gémit et retomba en arrière. Il était livide. « Merde ! lança-t-il d’une voix rauque. Ma foutue cheville ! » Il contempla son pied gauche, qui avait pris un angle anormal.
Je levai les yeux vers la foule qui se formait rapidement autour de nous. « Un
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