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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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s’avança vers moi.
    « Messire Shardlake ! »
    Il avait l’air fatigué, ses traits étaient tirés, ses cheveux trop longs, dépeignés, et sa barbe aurait eu besoin d’être taillée. Il avait dû être cantonné sous le pont en compagnie de Broderick depuis notre départ de Hull. Cela fait longtemps, me dis-je, que je ne l’ai pas vu aussi soigné et fringant que lors de notre première rencontre au château d’York.
    « Tiens, tiens ! Radwinter ! fis-je. Espérons qu’on ne va pas tarder à arriver à Londres !
    — En effet, répondit-il en levant les yeux vers les voiles. J’ai l’impression qu’il y a un peu plus de vent. J’ai entendu le capitaine affirmer que ce voyage se déroulait sous de mauvais auspices.
    — C’est de la superstition.
    — Je suis d’accord. On débarquera à Londres dans seulement quelques jours. Alors sir Edward passera un joyeux moment à la Tour, ajouta-t-il en me gratifiant de son habituel sourire cruel.
    — Il va bien ?
    — Assez bien. Savez-vous qu’il a pleuré comme une femme quand je lui ai annoncé qu’on avait dépassé le cap Spurn ? Parce qu’il ne reverrait plus le Yorkshire, d’après lui. Je lui ai dit qu’on allait peut-être accrocher sa carcasse au-dessus d’une porte d’York, une fois qu’on en aurait fini avec lui. »
    Je secouai la tête. « Vous ne ressentez aucune pitié pour lui, n’est-ce pas ? »
    Il haussa les épaules. « Dans ma profession, il n’est pas bon de ressentir de la pitié. Vous m’avez un jour accusé d’être fou – ses yeux étincelèrent et je compris qu’il n’avait absolument pas oublié mes propos –, mais la réelle folie serait de garder des traîtres et des hérétiques en s’apitoyant sur leur sort. Et d’ailleurs, ce ne serait pas la volonté de Dieu.
    — La volonté de Dieu est-elle de torturer et de répandre le sang ?
    — Lorsque c’est nécessaire pour préserver la vraie religion. » Il fixa sur moi un regard à la fois apitoyé et dédaigneux. « Vous n’avez pas lu la Bible, qui parle de toutes ces batailles et de tout ce sang répandu ? Le monde créé par Dieu est plein de violence, et force nous est d’œuvrer dans ce monde. Le roi le sait et il ne craint pas d’agir avec dureté.
    — La Bible ne dit-elle pas « Heureux les doux, parce qu’ils hériteront de la terre » ?
    — Pas avant que les forts ne l’aient rendue sûre.
    — Quand cela arrivera-t-il ? Quand les carcasses des derniers papistes seront suspendues au-dessus des portes d’York ?
    — C’est possible. Il faut être fort pour faire régner l’ordre ici-bas, messire Shardlake. Il faut être sans pitié, aussi impitoyable que nos ennemis. »
    Je me détournai de lui. Le sergent Leacon se dirigeait vers moi. Avant de m’adresser la parole, il lança à Radwinter un regard de dégoût.
    « Messire Shardlake, bonjour.
    — Bonjour à vous, sergent ! J’ai naguère traité Radwinter de fou, continuai-je en baissant la voix. Et à chaque nouvelle rencontre sa folie semble avoir empiré. »
    Il hocha la tête. « Sir William m’a désormais placé au-dessus de lui. » Il observait Radwinter, qui s’était approché du bastingage et contemplait la mer. « Je pense que sir William ne lui fait plus confiance depuis qu’il n’a pas bien réagi aux événements d’York.
    — En effet. C’était hors de son champ de compétence, me semble-t-il.
    — Il enrage d’avoir perdu son pouvoir. Quand il me regarde, j’ai l’impression qu’il a envie de me tuer.
    — Avec un peu de chance, on ne devrait pas tarder à rentrer à la maison… Comment va Broderick ? Radwinter prétend qu’il a pleuré quand il a appris qu’on avait perdu de vue la côte du Yorkshire.
    — C’est vrai. Il est resté très calme depuis lors… Quand il vous a aperçu il a demandé à vous parler une minute », poursuivit-il après une courte hésitation.
    Je jetai un coup d’œil à Broderick qui fixait la mer, insoucieux de la présence des soldats. « D’accord. Juste une minute. »
    Il apostropha ses hommes : « Éloignez-vous ! Et tenez-vous droits, si c’est possible… » Les soldats s’écartèrent de Broderick et Leacon se retourna vers moi. « Maleverer m’a attribué deux des plus tristes crétins de la compagnie pour garder le prisonnier. J’ai déjà dû effectuer une retenue sur la solde de l’un d’eux pour ivrognerie. »
    À mon approche, Broderick se tourna vers

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