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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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moi. Ses traits émaciés étaient marqués par la souffrance, tandis que sa barbe blonde mal taillée et ses cheveux trop longs étincelaient d’embruns. Il avait davantage l’air d’un petit vieillard que d’un jeune homme. Il grimaça lorsqu’il bougea son bras gauche en se tournant vers moi.
    « Qu’avez-vous au bras ?
    — C’est à cause du chevalet », expliqua-t-il en plongeant son regard dans le mien. L’éclat farouche avait disparu de ses yeux et il semblait étonnamment serein. Son état d’esprit avait changé depuis notre entrevue précédente.
    « Il paraît que vous avez failli être tué à Holme, dit-il calmement. Par la fiancée de Bernard Locke.
    — C’est exact.
    — J’ai un peu connu Locke. C’est le genre d’homme qui a de l’ascendant sur les femmes. Je voulais vous dire que je n’ai rien à voir avec cela. Maleverer m’a interrogé à ce sujet. En utilisant des moyens énergiques.
    — J’en suis désolé. Je sais que Jennet Marlin a agi seule… On n’a jamais retrouvé les papiers qu’elle avait dérobés. Si c’est elle qui les a pris. »
    Il ne répondit pas.
    « Ont-ils été pris par quelqu’un d’autre ? Et sont-ils désormais entre les mains des conspirateurs ? Maleverer considère que j’ai agi comme un idiot. »
    Il me regarda sans inimitié, droit dans les yeux, mais ne desserra pas les lèvres.
    « J’ai raison, n’est-ce pas ? »
    Toujours pas de réponse. Je poussai un soupir et changeai de sujet.
    « Vous êtes sincèrement désolé que Jennet Marlin ait voulu me tuer ?
    — Oui. Je ne souhaite pas votre mort. À votre façon, vous avez été bon envers moi.
    — Toutefois, fis-je sans le quitter des yeux, si cela servait vos intérêts, vous n’hésiteriez pas à me tuer, n’est-ce pas ?
    — Pas de gaieté de cœur, répondit-il sur un ton étonnamment naturel. Je n’envisage avec plaisir la mort de personne. Même lorsqu’elle est nécessaire. Vous non plus, à mon avis.
    — Mlle Marlin elle aussi a parlé de « morts nécessaires ». L’idée que la mort de quelqu’un soit nécessaire ne me plaît pas.
    — La mienne l’est, répliqua-t-il en me décochant son sourire ironique. Vous êtes d’accord, sinon vous n’auriez pas accepté la mission que vous a confiée Cranmer, celle de veiller à ma santé. »
    Je soupirai.
    « Pourquoi l’avez-vous acceptée ? Vous n’appartenez pas à cette bande de brutes telles que Maleverer ou Radwinter.
    — Sans y prendre garde, je suis devenu l’obligé de l’archevêque. »
    Il hocha la tête. « On ne me fera pas parler à Londres.
    — Si, Broderick, répondis-je simplement.
    — Non », insista-t-il avec un léger sourire, celui d’un être qui possède un savoir secret, avant de chuchoter : « Ça n’arrivera pas. Et rappelez-vous, messire Shardlake, ce que je vous ai annoncé naguère… Le règne de la Taupe tire à sa fin… Vous savez, ajouta-t-il d’une voix triste, je pense que vous auriez pu être l’un des nôtres. Et il n’est pas trop tard. »
    Je me détournai de lui. Le sergent Leacon se tenait tout près.
    « Je ne l’ai jamais vu aussi calme, lui dis-je.
    — Il se trouve dans un étrange état d’esprit. A-t-il dit quelque chose d’important ?
    — Il a affirmé qu’on n’arriverait pas à le briser.
    — Il se trompe.
    — Je le sais. »
    Je me dirigeai vers l’écoutille. Radwinter était toujours appuyé au bastingage, le regard fixé sur les flots.
    Ce soir-là, après le dîner qui nous fut servi sur le pont, je restai assis sur le banc, regardant le soleil s’enfoncer derrière la ligne d’horizon. La mer était calme, remuée seulement par une petite houle. Le soleil rougeoyait dans un ciel qui avait commencé à se couvrir de nuages. J’espérais que cela n’annonçait pas une nouvelle période de mauvais temps. Tamasin était redescendue dans sa cabine et, un peu plus loin, Barak parlait à un groupe de valets.
    Le vent soufflait un peu plus fort, désormais, assez pour nous permettre d’avancer quelque peu. Tant mieux, car je me faisais de plus en plus de souci à propos de Giles, qui passait la majeure partie du temps à dormir dans sa cabine. Tout autour, des silhouettes floues, recroquevillées sur elles-mêmes afin de se protéger du froid, somnolaient ou parlaient à voix basse, jouaient aux cartes ou aux échecs. La lune apparut, lueur argentée sur la mer. Un homme emmitouflé dans une fourrure monta

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