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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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passeraient bien ainsi.
    Les trois jours suivants, le temps demeura calme et lumineux, et même s’il n’était guère agréable de rester assis sur le pont ou enfermés dans les minuscules cabines, la traversée aurait pu être bien pire. Nous ne vîmes ni Rich ni Maleverer ; sans doute étaient-ils logés dans des cabines luxueuses sous le pont. Giles passait lui aussi la majeure partie du temps dans sa cabine, allongé sur sa minuscule couchette, perdu dans ses pensées, semblait-il. J’étais inquiet ; il devait tellement souffrir.
    Si le beau temps facilitait la vie des passagers, nous sûmes que le capitaine était mécontent de la brise trop légère qui l’obligeait à louvoyer constamment. Le quatrième jour, la nouvelle se répandit qu’on allait devoir faire escale à Great Yarmouth, sur la côte du Norfolk, car nous n’avions pas assez de vivres pour tenir jusqu’à la fin du voyage. J’aperçus Maleverer discuter âprement avec le capitaine, arguant qu’on avait déjà assez perdu de temps, mais le capitaine ne changea pas d’avis.
    Nous passâmes deux jours à Great Yarmouth afin de charger des provisions. Nous y apprîmes que le cortège s’était disloqué à Lincoln, le roi filant vers le sud en toute hâte après avoir reçu la nouvelle de la maladie du prince Édouard.
    « La dynastie des Tudors dépend de la survie de cet enfant, commenta Giles alors que, assis sur le pont, nous regardions le bateau quitter le port de Great Yarmouth. Le vieil homme était monté prendre l’air, affirmant se sentir mieux, mais sa mauvaise mine et ses petites grimaces de douleur m’assuraient du contraire et me fendaient le cœur. Barak, débarrassé de son mal de mer, était accoudé au bastingage en compagnie de Tamasin. Ces derniers jours, nous n’avions pas beaucoup bavardé, lui et moi.
    « À moins que la reine Catherine ne tombe enceinte, marmonna Giles. Mais voilà plus d’un an qu’ils sont mariés, et toujours rien. Peut-être le roi ne peut-il plus engendrer.
    — C’est possible », répondis-je d’une voix hésitante. Vu ce que je savais sur la reine, je n’avais aucune envie de m’engager dans ce genre de discussion.
    « Si le prince meurt, continua Giles, qui sera alors héritier du trône ? La famille de la comtesse de Salisbury, liquidée, les deux filles du roi, déshéritées… Le roi nous laisserait dans une situation fort délicate ! » Il émit un petit gloussement amer.
    Je me levai. « Il faut que je me dégourdisse les jambes, Giles. » Il enveloppa plus soigneusement son grand corps dans la couverture qu’il avait apportée. « Il va faire froid, maintenant que nous sommes en pleine mer. Peut-être devriez-vous redescendre, ajoutai-je d’un ton hésitant, sachant qu’il détestait être traité comme un malade.
    — Vous avez raison, acquiesça-t-il cependant. Je vais descendre. Aidez-moi, voulez-vous ? »
    Je le raccompagnai à sa cabine, puis remontai sur le pont. Appuyés au bastingage, Tamasin et Barak bavardaient toujours en riant. Je me sentais exclu. Barak désigna du menton un marin qui avançait sur le pont. À mon grand étonnement, l’homme tenait par la queue dans une de ses mains, une demi-douzaine de rats morts qui se balançaient à chaque pas. Du sang dégoulinait de leurs longs corps noirs et éclaboussait le pont.
    « Le chasseur de rats du bateau », expliqua Barak à Tamasin en lui faisant un large sourire. Le joli visage de la donzelle se renfrogna et elle détourna la tête. Barak lui donna un petit coup de coude. « Connais-tu le principal avantage de la fonction ?
    — Non. Et je ne tiens pas à l’apprendre.
    — Il a le droit de manger les rats qu’il attrape.
    — Parfois tu es répugnant, tu sais.
    — C’est meilleur que les vieux biscuits charançonnés qu’on leur distribue ! » s’esclaffa-t-il.
    Juste à ce moment-là, les deux soldats sortirent d’une écoutille par laquelle on descendait sous le pont. Ils attendirent que Broderick les rejoigne, pieds et poings enchaînés, silhouette maigre et pitoyable à côté des deux costauds. Derrière lui montait le sergent Leacon, suivi de Radwinter.
    Les soldats conduisirent Broderick jusqu’au bastingage. Il demeura là, à contempler la mer, un soldat de chaque côté de lui, prêt à le rattraper s’il tentait de sauter par-dessus bord. Le sergent Leacon parcourut le pont du regard, humant l’air pur à pleins poumons. M’apercevant, Radwinter

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