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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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parmi ces privilégiés. Ni l’un ni l’autre ne nous accorda le moindre coup d’œil.
    Tamasin, Barak, Giles et moi formions un petit groupe à part. Giles, appuyé sur sa canne, contemplait le bateau avec grand intérêt. Je ne lui avais pas révélé que son neveu courait peut-être un grave danger, par crainte du choc que cette nouvelle pouvait lui causer.
    « On sera bientôt en route », dit Giles à Barak et à Tamasin. Barak hocha la tête et Tamasin fit un sourire pincé. Elle se tenait tout près de Barak, prête à le soutenir s’il trébuchait, car il boitait toujours beaucoup.
    Mon attention fut attirée par une voiture qui roulait en cahotant en direction du bord du quai. Partout des têtes se tournèrent avec curiosité au moment où la porte s’ouvrit sur le sergent Leacon et deux tuniques rouges, suivis de Radwinter. Celui-ci s’immobilisa sur le quai avant de jeter des regards à l’entour. Les deux soldats aidèrent Broderick à descendre de la voiture. Par-dessus sa chemise on avait jeté une veste qu’il serra contre lui pour se protéger du vent frais qui soufflait de la mer. De son bras droit il soutenait le gauche, grimaçant de douleur à chaque pas. Les quelques minutes passées sur le chevalet de torture avaient dû suffire pour lui déboîter une articulation.
    Il contempla la petite foule rassemblée sur le quai. Les traits crispés, il planta son regard un long moment sur notre petit groupe. Puis il hocha lentement la tête comme pour dire : Voyez à quel état je suis réduit. Les soldats, Radwinter sur les talons, le poussèrent du coude pour le faire avancer sur les planches qui menaient du quai au bateau. Ils traversèrent le pont et disparurent par une écoutille vers les profondeurs du bâtiment.
    « Voilà donc Broderick ! murmura Wrenne. Il va mourir à Londres ?
    — Oui, répondis-je d’un ton lugubre. S’il survit à la torture, il subira le châtiment des traîtres : exécuté et éviscéré à Tyburn.
    — Je ne me rendais pas compte qu’il était si jeune. »
    Le commis chargé de l’attribution des cabines alla s’occuper des courtisans, qui commencèrent à monter à bord. Plusieurs d’entre eux requirent l’aide de leur valet pour traverser la passerelle, pris de vertige à la vue de l’eau sous les planches. Le commis se dirigea ensuite vers nous. Grassouillet et affairé, il me rappelait messire Craike, qui était désormais en route vers Londres avec le cortège, sans avoir pris congé de nous avant de partir.
    « Voudriez-vous embarquer, messieurs ?… » Giles fit un pas en avant. Je me tournai vers Barak et esquissai un sourire. « Nous partons enfin…
    — Oui. Au revoir, Yorkshire ! Et bon débarras ! » lança-t-il, tandis que Tamasin l’aidait à monter à bord.

39.
    BARAK, TAMASIN, GILES ET MOI DISPOSIONS chacun d’une minuscule cabine à l’arrière, de la taille d’un placard et juste assez grande pour contenir une étroite couchette clouée sur le plancher. De l’autre côté de la coursive j’aperçus un valet en train de défaire la valise de son maître dans une cabine plus spacieuse. Un peu plus loin, les deux soldats qui avaient escorté Broderick étaient postés devant une lourde porte, celle du cachot du bateau, sans aucun doute. Radwinter était-il à l’intérieur avec le prisonnier ? Nous remontâmes tous les quatre sur le pont. Il faisait froid malgré le calme de la mer et la clarté des deux. Je pensai avec effroi à ce qui se passerait par mauvais temps.
    L’équipage s’occupait des voiles sous l’œil du second, un homme trapu au visage buriné. Satisfait de la manœuvre, il s’éloigna à grands pas, ses bottes martelant les planches. Il y eut un bruit sourd, suivi d’un grincement, puis le bateau commença à se détacher du quai. Giles ôta son bonnet et salua la rive du Yorkshire.
    « Vous ne devriez pas le remettre, dis-je, le vent risque de l’emporter. Je vous conseillerais même de rester en bas, en fait.
    — Je vais me débrouiller », répliqua-t-il. Comme il s’emmitouflait dans son manteau, je remarquai ses traits tirés. Il alla s’asseoir sur un banc cloué au pont, tandis que Barak, Tamasin et moi, balancés par la légère houle qui faisait tanguer le bateau, regardions Hull s’estomper lentement. Pris de quelque nausée, je me rappelai ce qu’on m’avait conseillé jadis et fixai les laisses de vase qui s’étendaient à l’horizon.
    J’entendis un murmure

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