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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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l’extrémité était taillée en ligne droite. Deux yeux noirs et glacés nous étudiaient.
    « Eh bien, messire Craike, qui vous m’amenez aujourd’hui, avec votre petite écritoire de clerc ? » Sa voix était profonde et empreinte d’un accent du Nord. Je me souvins alors que les sièges du Conseil du Nord étaient occupés par des loyalistes de la région.
    « Le confrère Matthew Shardlake, sir William, qui vient de Londres, et son assistant.
    — Vous vous occupez des requêtes adressées au roi, n’est-ce pas ? »
    Maleverer me toisa d’un air méprisant, comme si sa haute stature et son dos bien droit étaient le fruit de quelque grande vertu. « Vous êtes en retard.
    — Je vous prie de nous excuser. La chevauchée a été rude.
    — Vous devez préparer les dossiers pour vendredi. En compagnie du confrère Wrenne.
    — Nous l’avons déjà rencontré. »
    Maleverer émit un grognement. « C’est une vieille femme… Mais je vais devoir vous laisser vous arranger ensemble. J’ai d’autres affaires plus importantes à traiter. Assurez-vous simplement qu’un résumé de ces placets soit rédigé dès jeudi matin et porté aux bureaux du grand chambellan.
    — Je suis certain que tout sera fin prêt. »
    Il planta derechef sur moi un regard dédaigneux. « Vendredi, vous serez en présence du roi. J’espère que vous possédez des vêtements de meilleur aloi que ce manteau crotté.
    — Dans nos bagages, monsieur. » J’indiquai les sacoches que Barak équilibrait sur ses épaules.
    Maleverer hocha sèchement la tête et se retourna vers ses compagnons. Barak m’adressa une grimace au moment où nous entrions dans le bâtiment. L’intérieur était sombre et lugubre, les murs percés d’étroites fenêtres en arceau ; un feu de petit bois flambait au milieu du sol dallé. Les scènes religieuses jadis peintes sur les murs avaient été grattées, ce qui donnait au lieu un aspect négligé, et l’on avait érigé des cloisons en bois pour diviser la salle en cabines. L’endroit semblait vide ; tout le monde devait être au travail.
    « Sir William est un homme sévère, déclarai-je simplement.
    — C’est un homme dur, comme tous les membres du Conseil du Nord, répondit Craike. Je suis content de n’avoir guère affaire à lui… Bon, j’ai pris la liberté de vous attribuer, à toi et à ton assistant, des cabines contiguës – normalement, maître Barak devrait être logé dans une tente de serviteurs. Il y a tant de monde et une telle diversité de rangs qu’il est difficile d’assigner à chacun la place qui lui est due.
    — Ça m’est égal », répondis-je en souriant. Craike eut l’air soulagé et se mit à fouiller parmi les documents empilés sur sa petite écritoire. Il en retira un certain bout de papier, puis nous conduisit le long de la rangée de cabines, dont les portes étaient numérotées.
    « Dix-huit, dix-neuf… Oui, ce sont bien les vôtres. » Il fit une marque sur son papier et me sourit. « Eh bien, cher ami, j’ai eu grand plaisir à te revoir, mais il faut que je me sauve…
    — Bien sûr. J’espère qu’on aura quand même l’occasion de boire une chope d’ale ensemble pendant notre séjour ici.
    — J’en serai enchanté, si on trouve le temps… Mais tout cela, ajouta-t-il en désignant la cour d’un geste de la main, quel cauchemar ! » Il nous fit un bref salut, jeta un nouveau coup d’œil à sa liste et s’esquiva prestement.
    « Eh bien, voyons ce que ce brave Craike nous a attribué ! » dis-je à Barak. Je tournai la clef qui se trouvait dans la serrure de la cabine. Le mobilier se composait seulement d’un lit de camp et d’un petit coffre à linge. J’enlevai avec précaution mes bottes de cheval et, poussant un soupir de soulagement, m’allongeai sur la couche. Quelques instants plus tard on frappa à la porte et Barak fit son entrée, pieds nus et chargé de mon bagage. Je me dressai sur mon séant.
    « Sangdieu ! m’écriai-je. Tes pieds ! Quelle odeur ! Mais les miens aussi, j’imagine.
    — En effet. »
    Je percevais la fatigue dans sa voix.
    « Décidons de nous reposer cet après-midi, dis-je. On n’a qu’à dormir jusqu’à l’heure du dîner.
    — Entendu. Quel tohu-bohu ! Je n’ai jamais vu tant de victuailles et de bêtes au même endroit, ajouta-t-il en secouant la tête. Quelle que soit la parade secrète qu’on prépare là-bas, tout est fait pour elle. »
    Je

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