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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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départ.
    — Comment va le vieux Maure ?
    — Plutôt bien. Un jour que je lui parlais du voyage du roi, il m’a raconté l’histoire du dernier roi de son pays, Grenade. Quand il était enfant c’était encore un royaume arabe, indépendant de l’Espagne. Le dernier souverain, le roi Boabdil le Petit…
    — En voilà un nom !
    — Écoute, veux-tu ! Guy l’avait vu traverser Grenade en litière, tandis que la foule se prosternait et lui lançait des fleurs, exactement comme les Yorkais, selon le confrère Wrenne, avaient reçu le roi Richard. Mais Boabdil a perdu son royaume au profit de l’Espagne et il a dû fuir et s’exiler dans la terre des Maures.
    — Qu’est-il advenu de lui ?
    — D’après Guy, il serait mort au cours d’une bataille en Afrique. En fait personne n’en sait rien. Il avait perdu la puissance et la gloire. »
    Alors que nous montions la rue Petergate, des cris et des hurlements nous tirèrent de notre conversation. Quatre mendiants en loques se précipitaient vers nous, poursuivis par trois hommes en tunique d’aspect officiel qui leur assenaient des coups de gourdin sur les épaules. Les malheureux passèrent devant nous et furent repoussés vers la rivière qui divise la ville en deux. « On débarrasse la ville de ses gueux », constatai-je.
    Barak regarda les hommes en haillons qu’on forçait à franchir un grand pont de pierre. « Et comment sont-ils censés vivre hors des murs ? demanda-t-il. En demandant l’aumône aux arbres et aux buissons ? »
    Nous restâmes silencieux lorsque nous passâmes sous l’arcade de Bootham Bar. Si les têtes plantées sur les piques étaient toujours là, le répugnant morceau de chair avait été enlevé.
    « Ni mendiant, ni charogne de rebelle, commenta Barak. La ville doit se montrer sous son meilleur jour en l’honneur du roi. »
    Allait-on descendre les restes d’Aske du donjon du château ? Il était probable que le roi ne visiterait pas cet endroit lugubre et délabré.
    À Sainte-Marie, malgré la pluie et l’obscurité, les ouvriers continuaient à travailler d’arrache-pied. Des coups de marteau et un bruit de scie provenaient des pavillons, à côté desquels d’autres ouvriers dressaient les énormes tentes, déployant la toile et resserrant les cordes. Cela me rappelait celle que j’avais vues dans les tableaux représentant le camp du Drap d’or. La cour était un lac de boue. Je n’avais jamais vu d’ouvriers travailler dans de telles conditions. À l’évidence l’écoulement des eaux se faisait mal car, après avoir creusé une tranchée autour du deuxième pavillon, jurant et vociférant, un groupe d’hommes couverts de boue avait dû la prolonger par un long canal. Sous le porche du manoir, plan en main, des agents officiels discutaient ferme. Nous nous frayâmes un chemin parmi eux, et annonçâmes au garde que nous souhaitions voir sir William Maleverer.
    « Il est absent, monsieur, répondit le garde. Il est parti à cheval à la rencontre du cortège. À Leconfield, il me semble.
    — C’est loin ?
    — À trente milles d’ici. Il a reçu une convocation urgente. Mais il sera de retour dès demain matin. »
    Je réfléchis quelques instants. « Et le coroner du roi, est-il là ? Messire Archbold ?
    — Il est parti avec lui. »
    Je me mordis la lèvre. « Un petit apprenti a été arrêté en ville ce matin par sir William afin de subir un interrogatoire. Ainsi peut-être qu’une servante. Savez-vous ce qu’il est advenu d’eux ? »
    Il me toisa d’un air suspicieux. « Pourquoi cette question ?
    — Nous étions présents quand l’apprenti a été emmené. Je dois en parler avec sir William.
    — Le gamin a été enfermé et nous avons l’ordre de le garder à l’œil jusqu’au retour de sir William. La servante a été renvoyée chez elle. Sir William venait de terminer l’interrogatoire de la femme et s’apprêtait à entamer celui du gamin quand il a reçu la convocation.
    — Puis-je faire parvenir un message à sir William ?
    — Par ce temps, même une estafette particulièrement rapide mettrait des heures à rejoindre le cortège et à trouver sir William. Vous auriez intérêt, monsieur, à revenir demain matin. Je crois qu’il doit prendre la route de très bonne heure. »
    Je réfléchis quelques instants. « D’accord. Nous attendrons son retour. Puis-je toutefois lui laisser un message, indiquant que messire Shardlake a besoin de le

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