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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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échelles, des ouvriers s’employaient à fixer des fanions verts et blancs, couleurs des Tudors, le drapeau de l’Angleterre à la croix rouge sur fond blanc et, à mon grand étonnement, des drapeaux bleus ornés d’une croix blanche de biais. « Regarde ! N’est-ce pas là le drapeau écossais ? Dieu du ciel, le roi Jacques est sûrement attendu ! Voilà la raison de toute cette pompe ! »
    Barak sifflota. « Une rencontre entre deux rois.
    — Donc, le roi Henri est non seulement venu se réconcilier avec les Yorkais mais aussi avec les Écossais. Il cherche à établir un traité de paix. » Je secouai la tête. « Le roi Jacques serait fou d’abandonner son alliance avec la France, c’est la seule chose qui nous ait retenus d’envahir son pays.
    — Henri lui offre peut-être le choix entre l’accord de paix ou l’invasion.
    — Si c’est là la raison de toute cette mise en scène, alors peut-être la reine Catherine n’est-elle pas enceinte en fin de compte. »
    Je contemplai la cour, moins animée maintenant que les travaux de construction étaient terminés. Des ouvriers chargeaient sur des chariots le matériel restant, tandis que d’autres plaçaient de nouvelles dalles près du manoir pour couvrir la terre, afin que le roi ou les rois ne salissent pas leur robe. Je frissonnais de fatigue. « Allez ! Rentrons par l’église. On verra ainsi comment vont les chevaux. »
    L’église du monastère abondait d’ouvriers. Des rangées de stalles avaient été construites pour les chevaux le long de la nef. Des palefreniers entassaient des balles de foin pour le fourrage et mettaient de la paille dans les stalles. Le lieu résonnait du claquement des balles de foin déchargées et du bruissement de la paille répartie sur le sol. Comme nous traversions l’église, on entendit un autre bruit, des cocoricos furieux poussés par les coqs de combat parqués par centaines dans la salle du chapitre. Comment percevaient-ils les statues pieuses ? Les prenaient-ils pour des hommes de chair et d’os, comme l’avait fait Barak ? Je jetai un coup d’œil à l’entour. En dépit des grands arcs des voûtes magnifiques, il s’agissait de la carcasse d’une église, d’un cadavre désacralisé et exposé aux moqueries, comme l’avait été, paraît-il, celui de Richard III, après la bataille de Bosworth. Soudain, pris de vertige, je me dirigeai vers un banc abandonné au milieu de la nef. « Il faut que je me repose un instant », dis-je.
    Barak se joignit à moi. Nous restâmes assis en silence durant quelques instants, puis je me tournai vers lui. Un élancement dans la nuque m’arracha une grimace.
    « Je me demande si je suis désormais en sécurité, dis-je.
    — Vous voulez dire que votre agresseur vous aurait tué si Craike n’était pas survenu à l’improviste ?
    — Je ne suis pas certain que Craike l’ait vraiment interrompu dans sa besogne.
    — Vous pensez que c’était lui l’agresseur ?
    — Non. Autrement, on aurait trouvé sur lui la matraque, ou l’arme utilisée, au moment de la fouille. Et ces fichus papiers. Non, je pense que mon assaillant avait déjà quitté la pièce lorsque Craike a débouché dans le couloir. Réfléchis un instant. Vu la longueur du couloir, mon agresseur aurait entendu les pas de Craike dès son arrivée à l’autre bout. Il n’aurait pu quitter la pièce et dévaler l’escalier sans que Craike le voie. Et Craike a précisé qu’il avait entendu quelqu’un descendre normalement l’escalier, et non pas le dévaler à toute vitesse.
    — Par conséquent, l’agresseur croyait vous avoir tué…
    — À moins qu’il n’ait pas eu l’intention de me tuer, mais simplement de m’assommer. Il a dû entrer juste au moment où je retirais du coffret la confession de Blaybourne, et il m’a frappé avant que je puisse la lire.
    — Si cette révélation était si importante, il vous aurait tué, par simple mesure de précaution.
    — En effet. Peut-être a-t-il cru l’avoir fait…, soupirai-je. Si c’est le cas, alors il s’est montré négligent. Et quand il découvrira que je suis toujours en vie, il risque de chercher à achever sa besogne.
    — Mais le mal est fait. Vous avez révélé à Maleverer tout ce que vous avez vu.
    — Mon agresseur ne le sait peut-être pas.
    — Eh bien ! nous allons nous tenir sur nos gardes.
    — Merci d’avoir dit “nous”… Que peuvent bien signifier ces documents ?

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