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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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malade, ce serait extrêmement réconfortant. » Il me regarda d’un air suppliant. « C’est beaucoup demander, monsieur, mais j’ai pensé que vous accepteriez de m’aider.
    — Confrère Wrenne, répondis-je avec chaleur, je vous aiderai du mieux que je pourrai.
    — Et peut-être, à Londres, pourrez-vous me guider jusqu’à Gray’s Inn, me montrer le chemin. Voilà cinquante ans que je ne suis pas allé dans notre capitale et il paraît que la ville s’est beaucoup étendue. Veuillez m’excuser de vous dire cela, monsieur, mais… » Il me fit un triste sourire. «… je crains que l’heure ne soit venue où je suis contraint de demander de l’aide.
    — Je m’occuperai de vous. Je suis extrêmement désolé…
    — Non ! s’écria-t-il d’un ton farouche. Pas de pitié, je ne le supporte pas. J’ai vécu bien plus longtemps que la plupart des hommes. Quoiqu’il vaille toujours mieux ne pas voir la mort venir à sa rencontre. J’aimerais revoir Martin, faire la paix avec lui. C’est la seule affaire importante que je n’ai pas terminée.
    — Bien sûr.
    — Mon père était fermier, là-bas, vers Holderness. Il fondait sur moi de grands espoirs et a travaillé dur pour pouvoir m’envoyer étudier le droit.
    — Le mien aussi était fermier. À Lichfield. Je l’ai enterré juste avant de venir à York. Je… ne me suis pas bien occupé de lui durant ses vieux jours.
    — J’ai du mal à croire que vous n’ayez pas été un bon fils.
    — Je l’ai laissé mourir tout seul. »
    Wrenne eut un regard vague quelques instants, comme s’il plongeait profondément en lui-même, puis son visage prit une expression résolue. « Quand mon fils est mort, déclara-t-il, et qu’aucun autre enfant n’est venu pour le remplacer, durant quelque temps je n’ai pas été facile à vivre. C’est peut-être pourquoi je me suis disputé avec les proches de ma pauvre femme. Je veux me réconcilier avec Martin. Il est ma seule famille. »
    Je lui saisis le bras. « Nous le trouverons, monsieur. Barak peut retrouver n’importe qui à Londres. »
    Il sourit. « Je ne savais pas que vous étiez fils de fermier. C’est peut-être pourquoi nous nous entendons si bien, ajouta-t-il d’un ton gêné.
    — Peut-être, en effet.
    — Je suis désolé de vous accabler de mes soucis.
    — Je vous suis reconnaissant de vous être confié à moi.
    — Merci. Dorénavant, appelez-moi Giles. En ami.
    — Matthew. » Je lui tendis la main. Il la serra si fortement que je me dis qu’il n’allait peut-être pas mourir, qu’il pouvait se tromper. Il me tapota le bras, puis se retourna pour regarder les rideaux s’ouvrir à nouveau. Un jeune choriste, maquillé et travesti en noble dame, commença alors à chanter une complainte d’amour.
    Je rentrai seul à Sainte-Marie. Les révélations de Giles m’avaient enclin à la solitude, et fait oublier le danger que je courais. Je pensai à la querelle de famille du pauvre Wrenne. J’avais l’impression qu’il s’agissait d’une grave dissension. Et qu’en avait pensé sa défunte femme ?
    « C’étaient de beaux chants, hein ? » Je fis une brusque volte-face et découvris Barak à mes côtés. Flanqué de la jeune Tamasin, il était de joyeuse humeur. Elle levait vers lui son charmant visage empourpré. Oui, pensai-je, tu es parvenue à tes fins, comme souvent les jolies filles. Jennet Marlin marchait de l’autre côté. On avait l’impression qu’elle mâchonnait du fromage aigre, les boucles brunes qui tressautaient sur son front lui donnant en même temps un air étrangement enfantin. Cette femme me rappelait vraiment Suzanne, mon amie d’enfance.
    « Assez beaux, répondis-je.
    — Je suis certaine que le divertissement plaira au roi, affirma Tamasin en souriant. Peut-être sera-t-il également donné à Sainte-Marie pour le roi d’Écosse, bien que ce soit dommage que les préparatifs aient été, en fait, réalisés pour lui. Nous avions pensé que la reine était enceinte, qu’on ferait une annonce et qu’elle serait peut-être couronnée. Elle est très jolie, monsieur.
    — Réellement ?
    — Extrêmement jolie. Je l’ai vue plusieurs fois, même si je ne lui ai jamais parlé, bien sûr. » Elle essayait de m’amadouer. Barak me regarda, cherchant sans doute à jauger mon humeur, puis il lui donna un petit coup de coude. « Allons, fit-il, nous bloquons le passage, à marcher à quatre de front. » Il la fit

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