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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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voix de femme, stridente. Je changeai de position, regrettant de ne pouvoir m’asseoir car ma nuque me faisait à nouveau mal. Je repensai soudain au nom de Blaybourne et à un certain endroit du Kent. Devrais-je en parler à Maleverer ? S’il existait un rapport entre le Kent et ce Blaybourne, peut-être devrait-il être mis au courant, car York était déjà plein de soldats originaires du Kent et des centaines d’autres allaient arriver le lendemain. Je pressentais toutefois que Maleverer ne serait guère ravi de découvrir que je n’avais pas chassé ce nom de mon esprit.
    « Confrère Shardlake. » Je sursautai en entendant une voix grave à mes côtés, puis souris en me retournant.
    « Confrère Wrenne. Comment allez-vous, monsieur ? »
    Le vieil avocat portait son bonnet et son épais manteau, et je remarquai une canne sur laquelle il semblait lourdement s’appuyer.
    « Je suis un peu raide, ce soir. Et vous ? Maleverer m’a dit que vous aviez été attaqué après que je vous ai quitté hier. Le contenu du vieux coffret que vous aviez trouvé chez Oldroyd vous aurait été dérobé…
    — Je vais bien. On m’a seulement assommé.
    — Est-ce une plaie que vous avez là ? Ç’a l’air douloureux.
    — Ce n’est rien. J’ai été désolé d’apprendre que sir William vous avait interrogé. »
    Il eut un sourire narquois. « Oh, Maleverer ne me fait pas peur. J’ai répondu à ses questions, puis je suis reparti.
    — Il a traité cruellement le jeune apprenti d’Oldroyd.
    — Madge me l’a raconté. Tout York en parle. Mais la corporation des verriers cherche une autre place pour le jeune Green.
    — J’en suis fort aise.
    — Je me rappelle l’époque où sir William n’était que le petit cadet d’une vieille famille parmi d’autres, qui, après la rébellion, cherchait à obtenir du pouvoir en jouant des coudes et en roulant les épaules. C’est un homme d’une ambition dévorante. Comme beaucoup d’hommes soupçonnés de bâtardise.
    — C’est un fils illégitime ?
    — À ce qu’on dit. Ce n’est pas un vrai rejeton de la famille Maleverer. Ses parents faisaient partie du cortège qui a accompagné Margaret Tudor en Écosse, quand elle a épousé le père du roi d’Écosse actuel, il y a quarante ans. Sa mère aurait eu une liaison là-bas.
    — Vraiment ?
    — Maleverer est poussé par un besoin irrésistible de réussite sociale. Mais un de ces jours il en fera trop, car il manque de subtilité. » Il fit un geste de la main, pour écarter l’ombre de Maleverer, la grosse émeraude de sa bague étincelant dans la lumière des torches. « J’ai décidé de venir voir la représentation. J’ai prié Madge de m’accompagner mais elle a refusé, sous prétexte que ce serait un spectacle païen.
    — Il ne s’agit que d’un divertissement musical.
    — Soit. Mais elle désapprouve l’utilisation des musiciens et de certains accessoires des mystères. En matière de religion elle fait partie des traditionalistes yorkais. » Il eut un bon sourire. Les lumières de la scène soulignaient les rides profondes de son visage.
    Le rideau commença à bouger. Les discussions animées de la foule se calmèrent et seuls quelques chuchotements persistèrent au moment où fut révélé un décor merveilleux. La toile de fond peinte représentait une clairière dans un bois, un ciel bleu et, se profilant derrière une chaîne de montagnes et un arc-en-ciel aux couleurs éclatantes. Suspendus au plafond du dais par des fils invisibles, des nuages de papier glissaient d’un côté à l’autre. Les musiciens formaient un demi-cercle autour des petits choristes.
    « Ce sont les petits chanteurs de noëls, m’expliqua Wrenne en souriant tristement. J’aime les mystères d’York depuis mon enfance. Il y a cependant des réformateurs qui voudraient les faire interdire, sous prétexte que ce sont, eux aussi, des manifestations superstitieuses.
    — Oui. C’est dommage.
    — Quelle meilleure manière de raconter aux illettrés les histoires bibliques, la vie du Sauveur ? » Je me rendis alors compte que Wrenne était un homme de foi, ce que moi je n’étais plus guère.
    Les musiciens accordaient leurs instruments. Les chuchotements cessèrent et, au milieu du silence, j’entendis lady Rochford s’écrier d’un ton aigu, surexcité : « Mais c’est vrai ! Anne de Clèves était si innocente qu’elle croyait qu’un simple baiser… » Je me

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