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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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une étrange expression figée.
    — Il t’a vu ?
    — Non. Je suis sûr que non.
    — Craike…, fis-je, l’air songeur. C’est la dernière personne que j’aurais soupçonnée de fréquenter la nuit des tripots louches. Que pouvait-il bien faire là ?
    — Peut-être faudrait-il lui poser la question ? »
    J’opinai du chef. Juste à ce moment-là nous débouchâmes sur la place où se dressait la Corporation des marchands aventuriers. C’était un large et impressionnant bâtiment ancien de trois étages, précédé d’un parvis pavé où se massaient déjà une multitude de gens. Devant l’édifice on avait érigé une scène, fermée par des rideaux et flanquée de torches allumées. Vêtus de leurs robes, des membres de la corporation se tenaient par petits groupes parmi la foule. J’aperçus un certain nombre d’hommes riches au milieu de leur suite : l’avant-garde du cortège. Le parvis était bordé de sergents du guet vêtus de l’uniforme de la ville. De petits détachements de soldats étaient postés sur le seuil des maisons, leur plastron étincelant dans la lumière des flambeaux. Je me rappelai ce que Maleverer avait annoncé à propos de l’accroissement de la sécurité.
    Un jeune homme au visage grave vêtu d’une robe d’avocat s’approcha de nous et inclina le buste. « Confrère Shardlake…
    — Confrère Tankerd. » Je reconnus le sénéchal qui s’était trouvé au Guildhall, l’avant-veille. « Comment les choses vont-elles ?
    — Je pense que tout est enfin prêt. L’attente a été si longue que j’ai du mal à croire que le roi sera vraiment parmi nous demain. » Il rit nerveusement. « Et que je ferai un discours devant lui. J’imagine que sir James Fealty est satisfait des requêtes…
    — Oui.
    — J’avoue que j’ai quelque appréhension.
    — Comme tout le monde, je suppose.
    — Ce sera merveilleux de voir le roi. Il paraît que lorsqu’il était jeune c’était le prince le plus magnifique de toute la chrétienté : beau, grand et fort.
    — Ça, c’était il y a plus de trente ans. »
    Il scruta mon visage. « Vous avez une vilaine plaie, là, monsieur.
    — En effet, répondis-je en ajustant mon bonnet. Il faudra que j’essaye de la cacher demain.
    — Et votre enquête sur maître Oldroyd, où en est-elle ? demanda-t-il, l’air très intéressé.
    — Sir William Maleverer l’a prise en main lui-même. »
    Il fut appelé par quelqu’un et s’excusa. Je me tournai alors vers Barak, qui se démanchait le cou pour voir par-dessus la foule.
    « Où est-elle donc ? marmonna-t-il.
    — La jeune Reedbourne ? Là-bas », dis-je en désignant un groupe de courtisans un peu plus loin. Je reconnus lady Rochford, qui, le visage animé, était en train de raconter quelque histoire à un petit groupe de dames. Comme toujours, son expression avait un je-ne-sais-quoi de fiévreux, de surexcité. Flanquée de Tamasin, Jennet Marlin se tenait à quelques pas de là, fixant d’un air désapprobateur la scène où devait se dérouler le spectacle, tandis que Tamasin jetait des regards curieux alentour.
    J’eus un haut-le-corps en reconnaissant près de lady Rochford un petit homme soigné aux traits fins et délicats, vêtu d’une riche robe de fourrure, qui parlait à Dereham, le jeune secrétaire de la reine. Il s’agissait de sir Richard Rich, chancelier de la Cour des augmentations, dont je m’étais fait un ennemi, l’année d’avant, et qui avait soutenu Bealknap, mon adversaire dans mon procès à la cour de la chancellerie. Même si je savais que je pourrais rencontrer Rich en ce lieu, sa présence me causa un choc.
    Barak l’avait aperçu, lui aussi. « Ce crétin, marmonna-t-il.
    — Je ne tiens pas à lui parler, sauf si je ne peux faire autrement.
    — Alors, avec votre permission, je vais vous quitter pour aller rejoindre Tamasin. Rich ne se rappellera pas un type ordinaire comme moi.
    — D’accord.
    — Prenez garde aux coupeurs de bourses », fit-il avant de se frayer un chemin à travers la foule en direction de Tamasin. Seul, je me sentais soudain vulnérable. Gare aux coupeurs de bourses, soit. Ainsi qu’aux coupe-jarrets…
    Des musiciens étaient apparus sous le porche du palais, portant des sacquebutes et des luths. Un homme en robe de choriste fit monter sur la scène un groupe de gamins bavards. Ils disparurent derrière le rideau.
    « Voilà mon fiston Oswald ! » cria derrière moi une

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