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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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sais que
tu es savante en calcul comme en beaucoup d’autres choses ! Mais cela
n’empêche pas. Tu t’approches de plus en plus près du taureau. Il n’aime pas
cela. Et moi non plus.
    — Moi, cela me plaît ! s’amusa
Saraï en achevant de se dénuder.
    La sueur luisait sur sa peau pâle. Du bout
des doigts, elle en essuya quelques gouttes entre ses seins et ajouta :
    — Sinon, ce serait ennuyeux. Et tous
ces beaux guerriers n’éprouveraient pas tant de ferveur !
    Elle rit, entra dans le bain parfumé en
accentuant par moquerie le mouvement lascif de ses hanches. Sililli promit
encore quelques malheurs et alla reposer le diadème d’or, le collier, la
ceinture et la toge sur la statue d’Inanna qui trônait au centre de la vaste
pièce.
    Elles étaient dans l’une des innombrables
chambres du giparù, l’immense résidence des prêtresses d’Inanna,
jouxtant la ziggurat à l’intérieur de l’enceinte sacrée du temple. Les murs en
étaient tendus de tapis, la lumière du jour y pénétrait par de grandes fenêtres
arquées, des foyers y dispensaient les plus doux parfums. De l’eau, toujours
pure, s’écoulait en chantant dans une suite de bassins recouverts de briques
vernissées. Parfois les Saintes Servantes s’y retrouvaient ensemble pour se
purifier. D’autres fois la Grande Prêtresse d’Inanna, la sœur du roi Shu-Sin,
invitait l’une ou l’autre à l’y rejoindre pour bavarder en paix et se reposer
des longues prières. Mais lorsque Saraï affrontait le taureau et offrait le
sang aux guerriers, elle avait le privilège de s’y purifier seule.
    Elle ferma les yeux, s’abandonna à la
volupté dans l’eau à peine plus chaude que son corps. La dispute avec Sililli
n’était pas neuve. Avec les années, Sililli ne devenait pas seulement plus
ronde et plus lente. Son humeur aussi s’alourdissait, la rendait craintive là
même où Saraï se sentait forte et puissante. Après tout, qu’avait à redouter la
Sainte Servante du Sang la plus respectée de tout le temple ?
    — Tu n’as pas de raison de t’inquiéter
pour moi, Sililli, dit Saraï d’une voix calme.
    Elle entendit le glissement des sandales
sur les briques du sol. Les doigts de Sililli, assouplis par l’onguent parfumé,
se refermèrent sur ses épaules et commencèrent leur délicieux massage.
    — Tu sais bien qu’il y a toujours des
raisons de s’inquiéter, bougonna Sililli. Et puis il y a d’autres choses qui ne
me plaisent pas dans ta manière de danser.
    — S’il te plaît, ne me gâche pas le
meilleur moment de la journée.
    — Est-il bien utile que tu montres ton
sein à ces jeunes hommes fougueux ? Crois-tu que cela les laisse
indifférents ? Tu es bien assez belle pour les enflammer toute
vêtue ! Point n’est besoin de faire bander leur arc plus que le taureau
avant même qu’ils partent à la guerre.
    Saraï n’eut pas le temps de répondre. La
cloche de bronze tinta à l’entrée de la pièce et deux jeunes servantes
surgirent. Dans un parfait ensemble, elles inclinèrent le buste pour annoncer
d’une même voix :
    — Sainte Servante, un Puissant
officier souhaite que tu poses ton regard sur lui. Il a reçu ta bénédiction ce
matin et veut t’en remercier.
    — Tu vois, marmonna aigrement Sililli.
    — Qui est-il ?
    — Le fils aîné du Puissant Ichbi
Sum-Usur.
    Les doigts de Sililli se durcirent sur les
épaules de Saraï qui rouvrit les yeux, étonnée :
    — Kiddin ? Il était là ce
matin ? Ma foi, qu’il attende dans la petite cour, s’il en a la patience.
Je l’y rejoindrai quand je serai prête.
    Il se tenait droit au milieu de la cour,
sans lance ni bouclier, mais avec sa cape et son casque à feston d’or. Il lui
tournait le dos, observant les servantes qui, devant les cuisines, disposaient
sur des palanquins de jonc les plats innombrables du repas des idoles. Cela
faisait très longtemps que le frère et la sœur ne s’étaient retrouvés face à
face. Ses épaules s’étaient élargies. Saraï ne doutait pas qu’il soit devenu
l’un des plus redoutables lutteurs ainsi qu’un guerrier prometteur. Quand il se
tourna pour l’accueillir, sous la chevelure et la barbe abondantes, le visage
et le sourire étaient ceux qu’elle avait toujours connus. Kiddin s’inclina avec
tout le respect dont il était capable :
    — Qu’Ea te soit gracieux, Puissante
Sainte Servante !
    D’une seule traite, et sans attendre son
salut en retour, avec quantité

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