Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
souhaite ta présence dans notre maison. Il a
embelli de neuf notre temple afin qu’il soit digne de la Sainte Servante du
Sang. Il souhaite que tu accomplisses les premières offrandes aux nouvelles
statues de nos ancêtres.
    Kiddin perçut l’hésitation de Saraï. Sans
effort, il retrouva un ton ancien qui n’avait plus rien de tendre ni
d’humble :
    — Nul ne comprendrait que tu refuses.
Depuis que tu vis dans ce temple je ne me souviens pas que tes pieds aient
foulé notre cour plus de trois fois. Si tu ne venais pas saluer nos ancêtres,
ce serait un affront pour nous, les morts et les vivants.
    *
    * *
    Quelques jours plus tard, Saraï pénétrait
dans la maison d’Ichbi Sum-Usur, suivie de Sililli et des servantes qui
l’avaient escortée. Toute la maisonnée était réunie dans la cour de réception.
Son père et son frère se tenaient devant les tantes, oncles et cousins, les
servantes, les jardiniers, les esclaves. Les membres de la famille avaient
revêtu des toges d’apparat, ourlées de glands et de broderies, des perruques et
des bijoux.
    S’avançant sur les nattes et les tapis
recouverts de pétales, Saraï mesura à quel point Kiddin avait raison. Cela
faisait si longtemps qu’elle n’avait franchi les portes de ce palais qu’elle en
reconnaissait à peine les murs. Ichbi Sum-Usur avait fait décorer les salles
communes encadrant la cour de massives colonnes sur lesquelles le soleil
formait des ombres géométriques.
    Chacune d’elles supportait de splendides
bas-reliefs de briques vernissées où la vie des dieux était inscrite en une
dizaine de scènes. Les couleurs, les formes et la subtilité des modelés étaient
remarquables : on aurait cru que les Puissants du ciel allaient sauter
dans la cour, aussi vivants que des humains.
    Ichbi Sum-Usur, lui aussi, avait pris du
relief. Des bourrelets repoussaient sa toge à la taille et un double menton
gorgé de satisfaction achevait la courbe de ses bajoues. Une lourde perruque
huilée remplaçait sa chevelure naturelle. La joie de revoir sa fille bien-aimée
était sincère. Avec douceur et une déférence qu’elle ne lui connaissait pas, il
plia le buste devant Saraï, offrant ses paumes au ciel, en une marque de
respect qu’elle ne lui avait vu accorder qu’aux plus puissants. Ses yeux se
voilèrent d’émotion.
    — Sainte Servante du Sang, sois la
bienvenue dans ma maison. Qu’Enlil, Ea et la Dame de la Lune en soient
remerciés.
    Tandis que leur père prononçait ces mots,
Kiddin inclina le buste profondément ainsi que le reste de la maisonnée. En
l’honneur de son nouveau rang, la hache symbolique des officiers du roi était
glissée dans sa ceinture. Lorsqu’il se redressa, un sourire aussi blanc que le
sel sous le soleil illuminait sa sombre barbe.
    Saraï s’approcha de son père. Elle saisit
ses mains entre les siennes, les porta à son front et s’inclina à son tour.
    — Mon père ! Ici je ne suis que
Saraï, ta fille. Autrefois c’est ainsi que tu m’appelais : « Ma fille
bien-aimée ».
    Elle ne put continuer. Arrachant dans un
sursaut ses mains aux siennes, Ichbi Sum-Usur s’écarta.
    — Non, non, Sainte Servante !
Cela ne se peut !
    Aujourd’hui Ea seul est ton père et Inanna
ta douce mère. Moi, Ichbi Sum-Usur, je ne suis que le modeste vivant qui t’a
conduite dans cette vie pour qu’ils puissent te désigner.
    Saraï ouvrit la bouche pour protester, mais
Kiddin la devança :
    — Mon père a raison !
    Il ajouta, d’une voix assez forte pour que
tous puissent entendre :
    — La fille et la sœur que nous
connaissions sont mortes il y a plus de sept années, au cours de ces journées
où Ishtar lui a fait connaître le ciel des Puissants, ces journées où elle a
dormi d’un sommeil qui n’était pas humain. Celle qui a rouvert les yeux est
pour toujours notre bien-aimée Sainte Servante du Sang. Ce serait offusquer les
Puissants du ciel que de la nommer autrement.
    La poitrine de Saraï s’emplit d’un froid
aussi glacial que le vent d’hiver. Elle fut sur le point de rappeler à Kiddin
les termes qu’il avait lui-même employés quand il était venu lui demander
audience au giparù. N’avait-il pas prononcé ces mots qu’il interdisait
maintenant à tous : « Saraï », « ma sœur », « ma
très chère sœur » ?
    Cependant, elle retint sa protestation. Si
Kiddin manquait de sincérité, il n’en allait pas de même de son père et de tous
ceux présents dans

Weitere Kostenlose Bücher