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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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qui ne
relevait pas des lois naturelles. En réalité cela ne dura que le temps d’un
éclair.
    Deux hommes pénétrèrent dans la cour,
quelques pas derrière les ancêtres. Quand les statues furent déposées, ils
s’immobilisèrent. L’un était âgé, l’autre dans la puissance de la jeunesse. Ils
portaient la robe grège, en lin épais, des mar.Tu. C’est cela qui attira
l’attention de Saraï. Le plus âgé avait un visage parsemé de rides. La peau de
ses mains était blanchie par le pétrissage de la terre. Leurs postures étaient
révérencieuses, un peu inquiètes, même. Le buste raide, les sourcils froncés,
le plus jeune jetait autour de lui des coups d’œil plus étonnés qu’admiratifs.
Ses yeux se posèrent sur les bas-reliefs ruisselants de soleil. Puis se
tournèrent vers l’estrade. Des yeux bruns, transparents. Ils s’arrêtèrent sur
Kiddin, sur Ichbi Sum-Usur. C’était lui.
    Il paraissait ne pas oser croiser son
regard, admirant seulement sa toge, sa silhouette. Elle ne se rendit pas compte
qu’elle avançait doucement sur l’estrade. Une voix au-dedans d’elle
répéta : « C’est lui, je le reconnais. »
    Il était plus grand, ses épaules étaient
plus larges, son cou plus épais. Sa barbe, finement bouclée, un peu brillante
sous le soleil, découvrait sa bouche. La voix dit : « Je reconnais
ses lèvres, c’est bien lui. »
    Il leva les yeux jusqu’aux siens, intrigué,
ne la reconnaissant pas, cependant incapable de détourner le regard.
    La voix au-dedans d’elle répéta :
« Ce sont ses lèvres. Elles n’ont pas changé et moi, je ne les oublierai
jamais. Mais lui, comment pourrait-il me reconnaître ? »
    Les chants et la musique se muèrent en un
vacarme douloureux. Elle songea qu’elle l’appelait, à travers tout ce
bruit : « Abram ! Abram ! Abram, je suis Saraï…»
    Il tressaillit. Le vieil homme l’observa
avec crainte. Alors une main se referma sur le bras de Saraï.
    — Que fais-tu ?
    Kiddin la tira en arrière sans ménagement.
Elle se rendit compte qu’elle était tout au bord de l’estrade. Ses pieds
touchaient presque l’une des statues. Dans la cour, les visages se tournaient
vers elle, alarmés.
    Elle continua de dévisager Abram. Elle
devina un sourire sur ses lèvres. Il la reconnaissait. Elle en était certaine.
    — Qu’est-ce qu’il te prend ?
grondait Kiddin.
    — Comment oses-tu porter la main sur
la Sainte Servante, mon fils ? s’inquiéta Ichbi Sum-Usur.
    — Qui sont ces deux mar.Tu, là,
dans la cour ? Que font-ils ici ? demanda Kiddin sans répondre.
    — Ce sont le potier et son fils. Ils
ont moulé les statues. Du si bon travail que je les ai autorisés à accompagner
nos ancêtres jusqu’au temple.
    Saraï n’écoutait qu’à peine. Peut-être
n’avait-elle pas prononcé le nom d’Abram à haute voix. Pourtant, il l’avait
entendu.
    — Qu’ils quittent la cour !
ordonna Kiddin en désignant les étrangers.
    — Mon fils !
    — Fais ce que je te demande, mon père.
Que ces mar.Tu quittent notre maison sur-le-champ !
    Abram comprit le geste de Kiddin. Il saisit
le bras de son père pour l’entraîner vers la porte. Alors qu’ils allaient
disparaître, à haute et intelligible voix Saraï prononça son nom :
« Abram ».
    Cette fois Kiddin et Ichbi Sum-Usur
l’entendirent. Mais son père, emporté par la puissance de la cérémonie, les
chants et la musique, tendait déjà à sa fille les premières écuelles des
offrandes.
    Avant de les saisir, Saraï considéra Kiddin
encore vibrant de fureur. D’une voix calme, elle déclara :
    — Ne t’avise jamais de porter la main
à nouveau sur moi, fils d’Ichbi Sum-Usur, ou le sang du taureau pourrait bien
devenir le tien.
    *
    * *
    Sililli, aussi plaintive que si le toit du
temple lui était tombé sur les épaules, débitait ses sornettes : « Tu
es folle, Kiddin ne te pardonnera jamais cet affront… Le mar.Tu est de
retour et les malheurs arrivent déjà… Je croyais que tu avais changé, que tu
avais oublié ! Pourquoi les dieux ne t’ont-ils pas ôté les
souvenirs ? »
    Rien de ce qui s’était passé dans la cour
d’Ichbi Sum-Usur ne lui avait échappé. Néanmoins, jusqu’à leur retour au
temple, elle avait su garder la bouche close. Ce n’est que lorsque Saraï lui
avait demandé son aide que le torrent de plaintes et de terreurs s’était
déversé.
    Patiemment, Saraï lui prit les mains et,
sans élever la voix,

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