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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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en toute chose, était elle aussi
plus que circonspecte sur ce sujet. Elle répondit :
    — Je ne sais pas. Parfois, je pense
que j’ai seulement été malade. Mais les prêtres affirment que ce sont les dieux
qui décident de nos maladies et de nos guérisons. Et c’était… C’était une
maladie peu ordinaire. Qui peut savoir ce que veulent les dieux ?
    — Oui. Qui peut savoir ?
    Abram eut une moue sceptique. Il mangea et
but à nouveau, pensif et silencieux. Le regardant faire, Saraï songea qu’elle
aimait chacun de ses gestes. Elle aimait ses doigts lorsqu’ils enveloppaient le
gobelet de cuivre, sa poitrine lorsqu’il respirait, le jeu des muscles de ses
épaules sous la tunique. Le désir qu’il la touche, qu’il la caresse et
l’effleure ainsi qu’il le faisait des objets et de la nourriture, le désir du
baiser demeuré enfoui pendant des années dans ses rêves lui revint brutalement.
    Soudain, Abram dit :
    — Qui peut savoir si ces dieux
existent ? Ceux des Puissants d’Ur comme ceux de toutes les villes que
j’ai visitées. Cela fait tant et tant de dieux ! Presque autant qu’il y a
d’hommes sur la terre. Où sont-ils ? Quelle preuve a-t-on de leur présence ?
Comment savoir s’ils aident les humains ou s’ils les menacent, puisqu’en chaque
chose on dit qu’ils agissent. On attribue une raison à chacun de leurs actes
comme à leur silence. Une pierre tombe sur un âne et le tue : les dieux le
veulent. Pourquoi ? Si nul ne le sait, eux le savent, ou leurs prêtres.
Une femme meurt en couches, son enfant meurt en naissant ? Les dieux le
veulent. Pourtant cette femme est pure comme l’eau de source, son enfant à
peine né. Où est la justice ? La bonté des dieux ? Pourquoi cette souffrance ?
Les prêtres soutiendront que l’époux ou le père de l’époux, l’oncle ou je ne
sais qui, a un jour manqué de saluer un Puissant. Ou a eu une mauvaise pensée.
Ou a mangé du mouton alors que la lune était cachée… Et voilà, la raison de la
colère du dieu est établie !
    Sa voix avait enflé et résonnait dans la
petite pièce. Prenant tout à coup conscience de sa brutalité, il s’interrompit
avec un grand rire :
    — Pardonne ces paroles en ce lieu,
Sainte Servante ! Peut-être la foudre d’Ishtar m’abattra-t-elle quand je
sortirai d’ici…
    Il laissa filer un silence, comme s’il
voulait qu’Ishtar elle-même entende son rire et réponde. Peut-être aussi pour
donner à Saraï le temps de s’offusquer, de protester, qui sait de le chasser.
Elle demeura impassible. Abram se pencha alors en avant, sérieux à nouveau.
    — La ville d’Urum est construite au
bord d’un fleuve aussi large que l’Euphrate et que l’on appelle le Tigre tant
il sait être violent. Là-bas, j’ai rencontré un vieil homme qui en a remonté
les rives jusqu’à sa source, loin dans les montagnes du nord. Il cherchait des
pierres précieuses. Il n’a rapporté que du cuivre et des diorites. Mais il a
rencontré de l’autre côté des montagnes des peuples qui n’étaient pas des
barbares et qui croyaient en un seul dieu. Un dieu qui n’aurait eu qu’une tâche
et qu’une volonté : enfanter le monde pour l’offrir aux hommes.
    Saraï maintint son regard dans le sien,
doutant de comprendre ce qu’il voulait lui dire avec ce conte. Un doux sourire
assouplit les lèvres d’Abram :
    — Un dieu qui aime assez les humains
pour ne pas obliger ses prêtresses à danser entre les cornes des taureaux. Et
qui leur permet de prendre un époux.
    Une onde de feu traversa le ventre de
Saraï. Elle s’inclina, la nuque et les épaules raides :
    — Jamais je n’ai pu oublier ton visage
ni notre nuit passée au bord du fleuve, Abram. Tu as été dans mes pensées et
dans mes rêves, pourtant je croyais ne plus jamais te revoir. Je ne connaissais
de toi que ton nom, Abram. Mais dès notre nuit au bord du fleuve j’ai voulu que
tes lèvres se posent sur les miennes et me protègent pour le restant de ma vie.
Rien de cela n’a changé. J’ignore la volonté des dieux. Je n’ai pas réfléchi
comme toi à leurs injustices et à leurs pouvoirs. Parfois, il me semble sentir
leur présence, parfois non. Mais je sais que j’ai failli mourir parce que je
n’ai jamais reçu ton baiser.
    Abram, d’une voix changée, douloureuse,
répondit :
    — Un mar.Tu n’embrasse pas la
fille d’un Puissant d’Ur… Harân, mon frère cadet, a trouvé une épouse à Adad.
Un fils

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