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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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muscat, hareng au four, brochet, lamproie, marsouin {18} cuit à la braise, esturgeon frais, dattes, gelées, ou de plats légers tels que pommes et poires cuites avec du sucre, gaufrettes trempées dans du vin épicé, avec, bien sûr, toujours les meilleurs crus sur la table.
    Les jours devinrent des semaines. Corbett se lassa de la taverne et ils se promenèrent donc, Alice et lui, dans le quartier de Cheapside. Un jour, il l’emmena au champ de foire de Smoothfield ou Smithfield comme on l’appelait couramment. Là, tous les vendredis, avait lieu une merveilleuse foire aux chevaux : haquenées pour les dames, grands destriers pour les chevaliers, juments à la belle encolure, aux oreilles fines et aux hanches larges et droites. Alice les admirait tous, mais surtout les jeunes poulains qui bondissaient et ruaient sur leurs jambes trop longues. Le bruit et l’odeur étaient presque insupportables. Soldats, marchands et officiers de grands seigneurs allaient et venaient d’un groupe de chevaux à l’autre, discutant avec les vendeurs et hurlant leurs prix. Un autre jour, bras dessus, bras dessous, ils assistèrent à une pantomime dans Cheapside et rirent beaucoup en voyant le chevalier maladroit perché sur sa rosse et les singeries d’un rustre au grand phallus. Puis ils allèrent voir des combats de coqs ou des combats de chiens et d’ours. Corbett n’aimait pas ce genre de spectacles où l’ours fixait de ses yeux rouges et féroces les chiens qui se ruaient sur lui pour être déchiquetés dans un nuage de poils et de sang quand l’ours jouait de la griffe en grondant et les faisait culbuter d’un coup de tête. Alice, elle, adorait cela ; le regard intense, elle encourageait de la voix l’ours et les chiens. Cela ne dérangeait pas Corbett ; il aimait ces sorties, fier d’avoir à ses côtés une si belle femme et très conscient des coups d’oeil envieux des autres hommes.
    De temps en temps, pourtant, Alice revenait à la profession de Corbett, à son travail à la Cour de justice et à sa mission bien particulière qu’il s’efforçait d’oublier à présent. Après tout, quelle affaire si deux vauriens s’étaient rencontrés, si l’un avait poignardé l’autre et s’il s’était pendu ensuite... De tels crimes se commettaient tous les jours à Londres. Corbett dissimulait donc ses doutes et voulait croire à l’image qu’il s’était faite des événements à St Mary-le-Bow. Heureux et satisfait, il ne pensait plus à Burnell ni à la Chancellerie. Au contraire, il se rappelait souvent que sa fortune pouvait lui permettre de renoncer à sa tâche, peu de choses en regard du bonheur qu’il venait de trouver. Alice ne cessait pourtant de lui poser des questions ; aussi songea-t-il un moment à l’emmener à Westminster voir les cours de justice, mais il se ravisa en pensant à Burnell. À la place, ils allèrent au Guildhall assister à une séance du tribunal municipal. Il usa de son passe-droit pour y avoir accès et entendre le procès de deux imposteurs, Robert Ward et Richard Lynham. Ces deux joyeux drilles, bien que pourvus de langue et parfaitement capables de travailler, se faisaient passer pour des muets à qui on avait ôté l’usage de la parole ; ils se promenaient donc par la ville en exhibant un crochet de fer, des tenailles et un bout de cuir en forme de morceau de langue, avec une bordure argentée et l’inscription : « Voici la langue de Robert Ward. » Armés de ces instruments et d’autres artifices, ils avaient persuadé certaines âmes crédules qu’ils étaient des marchands que des brigands avaient attrapés et dépouillés, leur enlevant leur langue en même temps que leurs biens, en utilisant le crochet et les tenailles qu’à présent ils montraient au tout-venant. Ils prétendaient que le seul son dont ils étaient capables était un horrible rugissement. La cour prouva rapidement que tout cela n’était qu’un tissu de mensonges, les deux hommes pouvant parler sans problème avec la langue qu’ils avaient reçue à leur naissance. En conséquence, ils furent condamnés à être cloués trois jours au pilori, les objets du délit — crochet, tenailles et fausse langue — suspendus à leur cou. Alice rit tellement que Corbett dut presque la porter hors du tribunal. Elle lui confia ensuite qu’elle trouvait le spectacle de la justice plus amusant que toutes les pantomimes. Elle se moquait de l’autorité du roi et de l’Église à un

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