Satan à St Mary le bow
l’enceinte de la cité. Il a été prouvé que Fitz-Osbert et ses complices célébraient des messes noires et d’autres rites secrets au cours desquels ils désacralisaient la sainte hostie et profanaient les objets du culte, les statues et les crucifix qu’ils avaient volés dans les églises de Londres. Fitz-Osbert prêchait et proclamait que son Maître, l’Antéchrist, allait venir chasser les maudits, comme il appelait le roi, notre sainte mère l’Église et tous les piliers du gouvernement et de la loi. Ils tinrent à plusieurs reprises des cérémonies secrètes dans des maisons particulières ou dans des ruines désertes près de la Tour où ils complotaient l’abolition du gouvernement du roi. Des armes étaient introduites secrètement dans la ville à destination des partisans de Fitz-Osbert qui, par ses prédications à St Paul’s Cross, excitait le peuple, poussant la témérité jusqu’à s’emparer du cimetière et des jardins de la cathédrale St Paul, comme si c’était son fief ou son domaine.
L’évêque de Londres éleva d’amères protestations contre ces pratiques et jeta l’interdit sur Fitz-Osbert et ses partisans, mais ce suppôt de Satan se contenta de brûler la lettre d’interdit et promit le même sort à son expéditeur. Sur ce, l’évêque demanda au maire et aux shérifs de Londres de chasser Fitz-Osbert du cimetière de St Paul et de mettre Fitz-Osbert et les membres de la secte en état d’arrestation. Juste après la Saint-Michel de cette même année, les shérifs, gens d’armes et milices de Walbrook ainsi que les hommes de la Guilde des maroquiniers tentèrent de libérer le cimetière de St Paul, mais furent repoussés avec des pertes considérables par Fitz-Osbert et sa troupe. En conséquence, le maire supplia le chancelier d’user de son autorité pour faire appel aux garnisons de Douvres et de Rochester et pour lever des troupes dans les comtés voisins du Middlesex, de l’Essex et du Surrey afin de régler le problème.
La veille de la Toussaint, après s’être assuré que Fitz-Osbert et ses acolytes seraient en train de se livrer à leurs abominables pratiques secrètes, les forces du roi donnèrent l’assaut. Mais en compagnie de ses
lieutenants, conseillers et compagnons, dont beaucoup étaient notoirement sans foi ni loi, cet être malfaisant put s’échapper St Paul, fuir dans Cheapside et se réfugier dans l’église St Mary-le-Bow. Le recteur, Benedict Fulshim, leur procura en secret réconfort et conseils, et leur permit également de s’installer dans l’église. Il fut prouvé par la suite que ce Benedict Fulshim avait donné la permission à Fitz-Osbert et à ses complices de célébrer leurs rites secrets dans l’église, leur fournissant des hosties consacrées ainsi que des objets du culte pour leurs pratiques blasphématoires. Une fois à l’intérieur de St Mary-le-Bow, les hommes de Fitz-Osbert y entassèrent arcs, flèches, haches et épées et réussirent à repousser toutes les attaques menées contre eux. En conséquence de quoi, il fut décidé de faire pénétrer par les fenêtres des fagots enflammés afin d’obliger Fitz-Osbert et ses partisans à quitter leur refuge. Ce qui fut fait, non sans perte de vies humaines ; Fitz-Osbert et tous ceux qui se trouvaient dans l’église essayèrent de fuir, mais tous furent arrêtés et envoyés à la Tour.
Deux jours après, sur ordre du chancelier, ils comparurent devant la Cour royale de justice à Westminster. Fitz-Osbert refusa de reconnaître son autorité, maudissant le nom du roi, de l’Église et du
Christ et jurant que Satan viendrait le délivrer. Les juges condamnèrent Fitz-Osbert et neuf de ses compagnons à être traînés par les talons jusqu’à Smithfield et là à être suspendus, enchaînés, au-dessus d’un brasier. Fitz-Osbert et ses partisans ne cessèrent de proférer malédictions et appels à leur Seigneur (ainsi nommaient-ils Satan) pour qu’il vînt les délivrer. Mais la justice de Dieu et celle du roi furent accomplies. Fitz-Osbert et ses complices furent brûlés vifs à Smithfield et leurs cendres éparpillées dans les fossés de la cité.
Ce Fitz-Osbert était issu d’une bonne famille et avait de l’éducation. De taille moyenne, il avait le teint assez mat ; il fut établi par la Cour qu’il avait passé une partie de sa vie en Orient et que c’était là-bas qu’il s’était initié à la magie noire parmi les Infidèles de
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