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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’emplir d’une faune hétéroclite qui prenait place autour des lourdes tables de bois. Il y avait un arracheur de dents, muni de pinces, d’un seau et d’un paquet d’aiguilles, qui cherchait encore des clients, un vendeur de peaux d’écureuil, sa marchandise autour du cou, un apothicaire coiffé d’une calotte et portant sa besace à herbes, et un faussaire dont la joue gauche arborait une belle cicatrice en forme de F, marquée au fer.
    On voyait aussi des étudiants et des clercs venus de l’autre rive, qui se moquaient ouvertement d’un colporteur à l’oeil rusé et au nez pointu, qui proclamait que dans la corbeille accrochée à son cou on trouvait toutes les merveilles du monde : une dent de Charlemagne, une plume de l’aile de l’ange Gabriel, une fiole du lait de la Vierge Marie, une paille de l’étable de Bethléem, des piquants de porc-épic et la molaire d’un géant. Corbett s’amusa du boniment du bonhomme, puis se fraya difficilement un passage dans la foule jusqu’au fond de la pièce, où un rouquin blafard, vêtu d’un justaucorps et d’un tablier de cuir, veillait sur d’énormes barriques d’âpre bière brune de Londres que des serveurs, en un manège incessant, remportaient dans des chopes douteuses et bien remplies.
    Corbett se présenta et l’homme le fixa de ses yeux d’un bleu délavé.
    — Eh bien, Messire, que puis-je pour vous ?
    — Robert Savel ? dit Corbett. Il travaillait ici, n’est-ce pas ?
    Le rouquin détourna le regard avant de répondre :
    — Oui, en effet. Pourquoi ? En quoi cela vous concerne-t-il ?
    — Je suis, ou plutôt j’étais, de sa famille, mentit Corbett. Je veux savoir comment et pourquoi il est mort.
    L’homme désigna une petite table dans un coin.
    — Vous voulez que je vous serve ? Alors asseyez-vous, buvez et payez !
    Haussant les épaules, Corbett alla s’attabler et le tavernier le rejoignit en apportant, d’une main, un plat de boeuf parfumé de poivre, d’ail, de poireaux et d’oignons, et de l’autre main une grande chope de bière.
    — Allez, mangez, ordonna-t-il, et je parlerai. Corbett s’exécuta ; la bière était forte et amère, mais la nourriture relevée et bien épicée. Assis en face de lui, le rouquin le regardait.
    — Qui était vraiment Robert Savel, commença-t-il, je ne le sais pas vraiment. Il semblait être de bonne naissance. Je m’y connais en hommes. Je les observe et je vois à travers leurs masques. Mais c’était un bon palefrenier, il s’y entendait en chevaux, alors je l’ai embauché.
    — Que faisait-il ? Je veux dire, à part son travail ? demanda Corbett.
    L’homme grimaça.
    — La même chose que vous, Messire, il posait un tas de questions et allait à des endroits où je ne voudrais pas mettre les pieds.
    Il se pencha, soufflant des relents d’ail et d’oignon au visage de Corbett.
    — Je suis un homme honnête, confia-t-il. J’aimais bien Savel, mais nous savons tous ce qui se passe dans la ville : les troubles, les complots. Moi, je tiens une taverne, les gens causent quand ils ont bu un coup de trop ; moi, j’écoute et je me tais. Je ne veux pas d’ennuis.
    — Qui Savel rencontrait-il ? s’enquit Corbett.
    — Je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il sortait beaucoup le soir. Quelquefois, il parlait des « Populares », du défunt Montfort et des désordres en ville. Savel essayait de questionner les clients, mais j’ai vite mis le holà.
    L’homme haussa les épaules d’un air las.
    — C’était sûr que quelque chose lui arriverait avant longtemps.
    — Donc vous ne savez vraiment rien sur lui ? insista Corbett.
    Le tavernier regarda la salle bruyante et bondée.
    — Si, une seule chose, murmura-t-il. Il allait souvent bavarder avec une vieille bonne femme qui vivait dans un taudis près d’une ancienne église à l’abandon. Cette vieille chouette se vantait de pouvoir s’adresser aux démons et de prédire l’avenir avec des os magiques.
    — Y habite-t-elle encore ? interrompit Corbett.
    Le tavernier fit signe que non.
    — Ça m’étonnerait. On l’a retrouvée cousue dans un sac, il y a quelques jours, ses os magiques enfoncés dans la bouche, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre, ficelée et troussée comme un porcelet à la Saint-Michel.
    — Savel n’a rien laissé ?
    — Des vêtements de rechange, c’est tout. Corbett se pencha par-dessus la table.
    — Et il ne vous a

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