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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’enfant, mais Corbett sentit que quelque chose d’horrible le poursuivait dans l’obscurité. Reprenant son souffle, il rengaina son poignard et se lança dans une course folle, le vent de la nuit fouettant ses joues et sa cape flottant derrière lui. Il atteignit la rive et tomba presque dans l’une des barques. Le batelier stupéfait sauta à bord et Corbett lui bredouilla ses instructions, scrutant la rive pour y apercevoir des poursuivants éventuels. Mais il n’y avait rien d’autre que l’obscurité sinistre et silencieuse de Southwark que dissimula vite la brume, tandis que la barque traversait péniblement le fleuve noir et glacial.

CHAPITRE X
    Il faisait sombre lorsque Corbett tourna dans Thames Street où les nappes de brume montées de la Tamise cachaient tous les repères familiers. Il était tellement recru de fatigue après sa rencontre avec Burnell et son après-midi à Southwark qu’il ne vit même pas venir ses agresseurs. Ils furent devant lui, tout simplement, le visage dissimulé sous leur capuchon et leur foulard, avançant de biais comme des danseurs. Son instinct lui dit que ce n’était pas de simples coupe-jarrets, des vauriens ou des truands de faubourgs, mais des tueurs à gages. Ils étaient deux, qui se confondaient presque avec l’obscurité embrumée, silencieux et dangereux, armés de longues épées et de courts poignards redoutables. Corbett détacha sa cape, l’entoura autour de son bras, et dégaina le long poignard gallois. Il se rappela le conseil d’un vieux mercenaire qui lui avait parlé de la danse macabre et rituelle des tueurs professionnels et, avant même d’avoir chassé cette pensée de son esprit, il avait réagi en plongeant son arme dans la poitrine de l’assaillant le plus proche.
    Celui-ci vacilla, puis, avec une sorte de soupir, s’affala sur les genoux et tomba face contre terre. Son compagnon fut stupéfié et le temps qu’il reprenne sa position de combat, Corbett avait ramassé l’épée du mort et lui faisait face. Mais le second tueur n’avait pas l’audace de son compère et, lorsqu’une croisée s’ouvrit et qu’une voix rauque s’enquit de ce qui se passait, il tourna casaque et disparut dans le brouillard pendant qu’une main irascible refermait immédiatement la fenêtre.
    Corbett attendit un moment avant de retourner du pied le cadavre de son assaillant qui avait, sur la poitrine, une énorme plaie béante que la chute avait encore aggravée. Il retira son poignard de la blessure et l’essuya sur le justaucorps du mort, puis il découvrit le visage du tueur en enlevant le capuchon : yeux grands ouverts, cheveux coupés court et joues grêlées par la vérole. Corbett ne l’avait jamais vu, mais il devina que l’homme était un ancien soldat devenu assassin professionnel. En pensant à quel point il l’avait échappé belle, il sentit la nausée le gagner ; il rengaina son poignard puis rejoignit son logement d’un pas prudent, laissant le cadavre aux rôdeurs.
    Des coups violents à la porte réveillèrent le propriétaire morose qui parut surpris lorsque Corbett demanda un pichet de vin et un gobelet, mais les apporta sans broncher. Corbett s’en saisit, remercia l’aubergiste et monta à sa mansarde. Assis sur le lit, il se versa une rasade généreuse, mais attendit d’avoir fini de trembler pour la boire. Il réfléchit au danger qu’il venait de courir. Devant une attaque aussi bien organisée, il se demandait qui était l’instigateur d’un tel guet-apens. Il resta assis, le menton dans les mains, son esprit épuisé tournant en rond comme un chien stupide qui essaie de se mordre la queue. Burnell se trompait.
    Corbett perdait pied dans les profondeurs boueuses et traîtres de la politique de la cité. Ce n’était plus la Chancellerie aux murs blancs, qui sentait bon la cire, l’encre et le vélin fraîchement apprêté et où tout n’était qu’ordre et rangement méticuleux. Ce monde-là, il le connaissait et s’y sentait à l’aise. Mais maintenant, il n’était plus dans son élément, même avec Alice. Corbett était encore profondément attiré vers elle, mais de ce côté-là aussi il avait l’impression que quelque chose n’allait pas, qu’il y avait une menace, sans pouvoir dire laquelle. Il avait besoin de quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui protégerait ses arrières et saurait le guider sans faillir dans le dédale des bas-fonds londoniens.
    Le lendemain, reposé, Corbett

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