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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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repensa au problème, mais ce n’est qu’en début d’après-midi qu’une idée germa dans son esprit. Il retourna à Westminster et demanda audience urgente auprès de Burnell. Le chancelier se préparait à rejoindre le roi au palais de Woodstock près d’Oxford. On amenait et rangeait son carrosse et des chariots dans la cour du palais et, bien que sur le point de partir, il écouta la requête de Corbett et y accéda immédiatement malgré son étonnement. Un scribe écrivit la lettre demandée et Burnell se fit apporter son sceau qu’il apposa sur la cire chaude et qui, validant le document, ferait taire toute contestation. Corbett s’inclina en murmurant des remerciements, et après avoir réquisitionné un cheval dans les écuries du palais, s’en fut à la prison de Newgate par Fleet Street.
    La prison était un ensemble de bâtiments, de petite taille, longeant les anciens remparts bordés par le grand fossé pestilentiel de la cité. Le commandement en incombait à un chef assisté de geôliers qui ne valaient souvent guère mieux que leurs prisonniers et étaient parfois pires. Théoriquement, la cité accordait de l’argent et des aumônes pour l’entretien des détenus, mais ces derniers en voyaient rarement la couleur. D’ailleurs, peu d’entre eux restaient assez longtemps pour profiter de la générosité publique. La justice était expéditive et l’expression «jugé mercredi, pendu jeudi » reflétait la réalité. Les prisonniers étaient divisés en « débiteurs », « malades mentaux » et « droit commun ». Ces derniers vivaient dans les pires conditions, entassés à deux ou trois par cellule ou dans de nombreuses fosses souterraines. Toutes les semaines, on vidait ces fosses d’où on hissait les prisonniers qu’on conduisait ensuite, enchaînés sur des charrettes, aux Elms ou à Smithfïeld pour y être pendus.
    Les responsables de la prison étaient justement occupés à cette tâche à l’arrivée de Corbett. Les charrettes étaient déjà à demi pleines, les geôliers graisseux et vêtus de noir étaient impatients de partir. Les prisonniers, jeunes et vieux, sales et terrifiés, assommés et apathiques comme du bétail, étaient pourtant pressés d’y aller, pressés d’en finir avec ce cauchemar. Corbett produisit immédiatement la lettre de Burnell pour arrêter la procédure et, tel un vivant parmi les morts, les passa en revue. Il scruta leur visage : les méchants, les sots, les bons, les innocents et surtout les jeunes. Il ressentit une profonde compassion envers eux et usa de son influence pour faire ramener les jeunes dans leurs cellules, informant sans douceur les geôliers que le chancelier lui-même réviserait leur cas. Puis il continua son examen jusqu’à ce qu’il trouve celui qu’il cherchait : un adolescent de seize ou dix-sept ans, aux cheveux noirs hirsutes, au visage et aux habits crasseux, qui le regardait avec un air de défiance et d’amusement sardonique dans ses yeux bleu clair.
    — Comment t’appelles-tu ? demanda Corbett.
    — Ranulf. Et vous ?
    La réplique avait fusé. La voix dure avait l’accent du coeur de la cité.
    — Je suis Hugh Corbett, clerc à la Cour royale de justice, et je détiens peut-être ta grâce.
    Le regard des yeux bleus se déroba, et l’adolescent tourna le dos et cracha. Corbett haussa les épaules.
    — Eh bien, qu’il en soit ainsi ! Va te faire pendre, puisque tu le veux !
    — Attendez ! Corbett se retourna.
    — Je suis désolé.
    La terreur se lut soudain sur le jeune visage.
    — Mais que voulez-vous ?
    — J’ai besoin de ton aide, répliqua Corbett. J’ai besoin de toi pour me guider dans les égouts de cette ville et je ne parle pas de ceux qui coulent sous nos pieds — Corbett regarda autour de lui —, mais de ceux parmi lesquels nous nous trouvons.
    Ranulf grimaça un sourire.
    — Alors je suis votre homme.
    — Bien !
    Corbett se tourna vers le geôlier qui se tenait nerveusement derrière lui :
    — Voilà, dit-il en lui tendant le document qu’avait rédigé Burnell. Remplissez-le. C’est une grâce pour tous les délits passés et présents de Ranulf... Corbett interrogea le jeune homme du regard.
    — Juste Ranulf, répliqua celui-ci.
    — Ranulf-atte-Newgate, décida Corbett.
    Le geôlier-chef acquiesça d’un signe de tête et aboya ses ordres. On enleva ses chaînes à l’adolescent ainsi que la corde autour de son cou. Corbett saisit

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