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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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excuser d’avoir abîmé un gant ? J’en ai beaucoup d’autres !
    Elle se pencha pour l’embrasser gentiment sur la joue, ses lèvres douces comme de la soie ou de la gaze fine. La main de Corbett se crispa sur son gobelet et il se tourna pour croiser le regard rempli d’un rire sombre :
    — Non, murmura-t-il. Je ne vous ai pas demandé de venir pour parler de gants de soie.
    Il étira ses jambes et se détendit avec un soupir.
    — Duket, reprit Corbett, était un orfèvre et un inverti, mais aussi un Londonien loyal et fidèle à son roi. Ses mauvais penchants, cependant, et ses sombres folies l’amenèrent à Crepyn, qui, lui, était usurier, admirateur secret du défunt Montfort, et chef, ici à Londres, du parti des « Populares ». Crepyn était également un sorcier qui pratiquait la magie noire, un membre et peut-être même le chef d’une société secrète qui s’appelait le Pentacle, un groupe actif depuis longtemps dans ce pays. Je crois savoir qu’il y a des sociétés et des sectes similaires en Orient.
    Corbett sentit Alice se raidir près de lui, comme bouleversée par ces révélations.
    — Comment savez-vous tout cela ? lui demanda-t-elle, Corbett grimaça :
    — Ce n’est pas une certitude absolue, mais seulement une intuition raisonnée, une déduction logique, comme aurait dit mon vieux professeur de philosophie. Toujours est-il, continua-t-il, qu’une autre déduction logique voudrait que Crepyn ait appris les secrets ténébreux de Duket. Il se peut qu’il l’ait séduit ; il a séduit sa soeur, en tout cas. Il a attiré Duket dans ses filets, comme un poisson sans défense, en comblant tous ses désirs. Il avait besoin, voyez-vous, de l’or de Duket, comme de l’or de nombreux orfèvres de cette cité. Grâce à cet or, Crepyn et son parti avaient l’intention de fomenter une révolte. Cette secte était aussi hostile à Édouard qu’elle l’avait été aux ancêtres de notre souverain. Elle avait assassiné certains rois, dont Guillaume II le Roux, et voulait de la même façon supprimer notre auguste souverain d’une flèche mortelle, le 31 mars, lorsque le roi, venant de Woodstock, serait entré dans la cité par Newgate et Cheapside.
    — Non ! Oh non !
    Le visage livide et ravagé, le regard affolé, Alice s’exclamait :
    — Crepyn ! Un assassin ! Un régicide ! Corbett lui jeta un coup d’oeil et posa doucement un doigt sur ses lèvres avant de lui caresser doucement la joue.
    — Oh oui ! reprit-il. Crepyn était un assassin et la flèche devait être tirée de la tour de St Mary-le-Bow, cette église où fut pendu notre pauvre orfèvre. Cependant, dit-il avant d’emplir son gobelet de vin, Duket n’avait rien d’un assassin, bien qu’il jouât le rôle qui lui fut assigné. Il a dû apprendre, deviner ou déduire ce que Crepyn et sa secte avaient l’intention de faire, sans toutefois connaître tous les détails. Et c’est là que les choses ont mal tourné pour tous les deux. Le jour de l’assassinat, Duket et Crepyn se sont rencontrés dans Cheapside. Je pense que Duket était fou de terreur. Crepyn a probablement essayé de le raisonner, mais Duket a sorti son poignard et le lui a enfoncé dans le coeur. Il a été, ensuite, pris de panique. Se sachant en danger, il a cherché un sanctuaire où se réfugier.
    — St Mary-le-Bow ? interrompit Alice. Corbett acquiesça :
    — Le sort a voulu qu’il choisît St Mary-le-Bow, mais comment aurait-il pu savoir, ne faisant pas partie du cercle restreint de Crepyn, que cette église était l’un des lieux de réunion du Pentacle et son recteur, Roger Bellet, un membre important de sa hiérarchie clandestine ? Bellet, bien sûr, lui accorda le droit d’asile, mais s’empressa d’avertir les autres qui décidèrent de la mort de Duket, car ils ne pouvaient pas le laisser passer devant un tribunal auquel il aurait tout raconté pour obtenir la grâce du roi ou sa libération pour légitime défense.
    Corbett s’interrompit et se mit à arracher l’herbe printanière, courte et fraîche. Il jeta un regard en coin à Alice qui, le dos rigide toujours appuyé contre le mur en ruine, contemplait les champs.
    — Et donc, reprit-il, la secte fut alertée et nous en arrivons aux deux impondérables de notre existence : le temps et la volonté humaine. Nombre de gens accoururent à St Mary-le-Bow : le premier fut un adolescent, Simon, apprenti pendant la journée, d’après ce que

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