Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
aux élèves du collège de filles ( 98 ).
En un mot, c’est la plus louable émulation pour le bien, pour le soulagement de l’humanité souffrante. C’est là un noble chapitre de la charité sedanaise, que l’on voudra sans doute écrire avec détails : à elle on peut appliquer ce mot qui a été si bien dit de la charité catholique : « elle est comme le rocher d’Horeb; que la verge de Moïse le frappe, et l’eau vive en jaillit et abreuve Israël ( 99 ). »
Hospice.
D’autres rediront avec plus d’autorité et de compétence ce que fit, en ces jours calamiteux, la bienfaisance officielle ou publique.
L’ Hospice fut, au sens strict, le rendez-vous de toutes les misères physiques et morales: blessés, malades, moribonds, orphelins, aliénés, malheureuses naufragées pour qui la Commandanture fut obligée d’agrandir le dispensaire ; tous y affluèrent, envoyés — sans compter — par les Allemands. Un instant l’on put craindre que fussent expulsés les pauvres vieillards, hospitalisés et pensionnaires !
Au milieu de ces infortunes, de ces douleurs de toute espèce, se dépensèrent, toujours modestes et courageuses, les Sœurs de charité ; le saint aumônier, M. l’abbé Cousinard de douce mémoire ( 100 ) ; les médecins, les infirmiers, le personnel et les employés de l’administration dont les labeurs allaient croissants ( 101 ).
Bureau de Bienfaisance.
Parallèlement à l’hospice, le Bureau de Bienfaisance eut l’honneur de suffire aux exigences de la situation, en satisfaisant à de lourdes charges : depuis le 1 er novembre 1914 jusqu’au 31 octobre 1918, ses secours se répartirent et se chiffrèrent ainsi :
1° En allocations aux familles des militaires sous les drapeaux
fr.
1.126.907 80
2° En secours au compte du Bureau de Bienfaisance
fr.
444.417 41
3° En secours payés au titre remboursable
fr.
13.261 57
4° En allocations aux vieillards infirmes et incurables
fr.
96.136 55
Crèche.
Enfin, l’œuvre si importante de Marbeau, la Crêche, loin de cesser de fonctionner, vit le nombre moyen des enfants se maintenir journellement à 45 ou 46 enfants, en 1914 et 1915. Bien que dépouillé de la salle des bureaux, le comité administratif, secondé par les dames patronnesses, put obtenir que, dans un temps de quasi famine, les bébés n’eussent point à souffrir ; et — fait digne d’éloge — la plupart des mères acquittèrent régulièrement la petite redevance mensuelle.
CHAPITRE III
HÔPITAUX, AMBULANCES, LAZARETS
S’il est un beau, mais poignant chapitre à tracer de cette époque douloureuse, c’est sans contredit celui qui s’intitulerait:
Les Hôpitaux , Ambulances ou Lazarets à Sedan; mais il faudrait pouvoir le rédiger complet, et les renseignements suffisants font toujours défaut.
Avec quelle fierté, l’on enregistrerait tant de dévouements prodigués, tant de souffrances héroïquement supportées, tant de blessures embaumées et de morts consolées par la charité chrétienne ! Ce serait LE LIVRE D’OR des médecins, des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, des infirmiers et des infirmières, des ministres du Dieu de paix, rivalisant de zèle, d’oubli d’eux-mêmes et de pieuses attentions pour guérir ou du moins soulager les maux que la violence a faits !
Devons-nous essayer, pourtant, de soulever encore, ainsi que nous l’avons tenté pour l’année 1870, le voile qui nous dérobe des faits admirables et des exemples d’extraordinaire résignation chez nos soldats martyrs ?..,
I
Les ambulances françaises s’ouvrirent vers le 10 août, avec cinq centres : 1° Collège Nassau, 2° Hospice civil, 3° Collège Turenne , 4° Maison Crussy, 5° Maison Pingard.
L’ hôpital militaire continuait à fonctionner régulièrement avec le personnel militaire, sous la direction du docteur Aubertin.
Au Collège Nassau, M. Vilfroy était le médecin-chef, et M. Molard, le chirurgien-chef; MM. Lapierre et Pérignon étaient chirurgiens.
Au Collège Turenne, M. Goguel était chirurgien-chef.
A la Maison Crussy, c’était le docteur Léonard, ainsi qu’à la Maison Pingard (rue de Nassau).
Une ambulance se trouvait place de la Gare chez M me Pajot, pour les soldats qui passaient par chemin de fer, et le docteur Goguel leur dispensait ses soins.
II
L’ambulance du collège Nassau évacua ses blessés le 24 août, au soir, par le chemin de fer. Les non-transportables par voie ferrée furent transférés, pendant la nuit du 24 au
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