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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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garçon calme et paisible comme Wierne puisse se sortir ça du cigare. Donc, de sa part. Allez-y tout de suite et bonne chance. Tenez-moi au courant et venez déjeuner un de ces midis. Lehmann ne vous laissera pas sur la paille, je le connais. À bientôt. Pas de remerciements, à charge de revanche.
    Ce type vous fait du bien. Ouragan sous compression. On sent qu’il vous donnerait sa chemise. Je sors de là remonté. Moral d’acier. À peine neuf heures. Si j’ai du travail ce soir, je brûle un cierge. À Boulègue le bienheureux.
    Fille-dynamite sur le quai du métro. Découpée au chalumeau dans sa robe d’été. Vous remue les rognons. Rien qu’une fois, rien qu’une nuit dans son lit. Ses fesses. Les fesses qu’elle a. Deux boules sous l’étoffe. Des reins de jument. Concaves. Si c’était autorisé, je le lui foutrais, sec, d’un coup, tout debout, au bord du quai, paf ! Les nichons droits, sertis dans le corsage de la robe. Pinces de poitrine ! Elle fait semblant de ne rien voir. Ne sait peut-être pas que tous les hommes qui sont là bandent pour elle. De sacrées petites salopes toutes, les unes et les autres, quand la nature les a nanties. Il me semble que si j’étais femme et roulée comme celle-là, je n’oserais pas me balader dans cette tenue, le corps moulé à ce point. Ça doit les chauffer quand les regards se braquent sur elles. Combien de regards dans une journée ? Incalculable. Mille regards sur votre cul aphrodisiaque, mademoiselle, mille regards qui vous dépoilent de la tête aux orteils. Mille pensées en une seule, comme une pointe de feu, votre sexe, mademoiselle, et tirer un coup entre vos fesses miraparaboliques. Aujourd’hui mille et mille demain et toujours une seule idée fixe dans ces milliers d’yeux électrocutés de rage envieuse, vous enfiler jusqu’au ras des burnes et juter à mort dans ces profondeurs d’amadou. Elle se tient nonchalante, une jambe légèrement fléchie, fait rebondir davantage et marque davantage la cambrure. Jouer avec ce corps. Que ce corps vous fasse jouir. Et son air de s’en foutre complètement. Son air de parfaite sérénité comme si c’était tout naturel de promener cette paire de fesses sous le nez des passants. À devenir timbré. Je donnerais de bon cœur la paie de trois semaines que je vais toucher chez le sieur Lehmann pour avoir le droit de la prendre par la taille. Le reste venant plus tard. Agglutinés, les hommes. Une sorte de cour silencieuse qui s’en met plein les châsses. Rappliquent des deux portillons dès qu’ils l’aperçoivent. Derrière elle. La retrouver tous les soirs à la maison en rentrant. Faire son petit boulot journalier en pensant qu’on a ça qui vous attend dans la cuisine en train de vous préparer un miroton ou une julienne. Bouffer et sans transition de la table au plumard. À propos, depuis combien de temps ? Les trois semaines de naufrage m’avaient coupé la sifflette. Je n’y pensais qu’incidemment. Jeûne et abstinence. Est-il permis ? Ce ne serait pas une mauvaise formule de me dérouiller avec une oiselle comme celle-là. Je bandelote doucement en la regardant. Arriver à me placer derrière elle dans le wagon. Si c’est bourré, j’ai ma chance. Ses fesses sur mon flageolet. Ses fesses marmoréennes, dirait le poète. M’amener chez Lehmann le triquart en l’air. M’insérer derrière elle dans la foule. Juste appliquer mon chose raide. Apéritif sexuel.
    Et, bien entendu, je la perds dans la cohue qui s’enfourne en se bousculant par la portière. Elle se faufile plus loin, trouve même une place assise, flambé. Te voilà la braguette grosse comme un oignon. Rentrez au nid, ma tourterelle, ce sera pour une autre fois.
    Je tire de ma poche le papier que m’a donné Boulègue. L’écriture à grandes enjambées. Curieux type. Je me sentirais de force à lui consacrer une étude entière. Ne devrait-on pas pratiquer de la sorte ? Prendre quelqu’un au hasard dans la rue, le faire parler et écrire sa vie. Tout est vrai de A à Z. Servi chaud. La petite vieille debout devant moi. Proprette. Pauvrement vêtue. Ses boucles d’oreilles à l’ancienne, les rides, innombrables ; depuis quand a-t-elle ce tic qui fait trembler sa lèvre inférieure ? A-t-elle été aimée, par quel genre d’homme, a-t-elle été heureuse, de quoi a-t-elle eu envie, que pense-t-elle de sa vie, qui est-elle, où va-t-elle ce matin dans ce métro ? Elle a soixante, soixante-cinq ans,

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