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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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basculent. Leurs regards à la dérive. Les petits essoufflements crescendo, quand le type touchait loin et juste. Qu’est-ce qui les retient de s’enfiler carrément ? c’est ce que je me demande encore aujourd’hui. Tel quel, c’est mille fois plus suggestif. Mille fois plus morbide. Ça flotte sur la vase érotique. Je me rappelle entre autres une gamine, seize, dix-sept ans. Fraîche et jolie. Miniature de porcelaine. L’innocence auréolant son pur visage. Elle me rendait malade d’envie trouble avec sa clarté enfantine dont elle ne se départait jamais, une main pourtant glissée dans la braguette du type à côté d’elle. Le visage ingénu, quoi qu’il advînt. La même naïveté toujours, quand elle vous regardait longuement dans la glace derrière elle pendant un patin, tête inclinée. Lucide. Langue et sexe devaient se dissocier entièrement de sa nature angélique, je présume. Ou était-ce de la perversion à l’état pur ? Ce petit manège de la glace se renouvelait sans exception chaque fois. Ça me foutait en l’air. Au bout d’un moment, n’y tenant plus, je réglais le garçon et prenais la porte. Suivi pas à pas jusqu’à la sortie par le regard limpide, le regard candide de cette fille dont on tripotait le dedans du ventre. J’étais comme fou, ivre, sonné par cette sorte d’insolence, cette joute presque animale. Que ça puisse exister ! Qu’il y ait des filles de cette trempe et que ça finisse malgré tout par vous passer sous le nez !
    Marchant seul ensuite dans les rues désertes, la rogne au cœur, je me tenais un langage qui pouvait se résumer à ceci : « Que veux-tu donc de moi, petite pute ? Que cherche-t-elle ? Quoi ? Ah ! salope, si je t’avais seulement une heure ou deux sous mon zob, ton petit cul bien calé entre mes mains, je te ferais chanter un autre air ! De ma composition celui-là ! Et pas mezzo voce ! Au sommet de la gamme ! À gorge déployée ! Je t’en foutrais de l’innocence et de l’ingénuité ! Que la Providence fasse que ça se présente un jour, tu verras dans quel ton j’attaque ! » Épiloguant. Me défoulant tout seul. Jamais la petite pute de porcelaine ne s’allongea sur ma couche. Le Ciel en a décidé ainsi. Pas moyen de baiser le quart de ce qu’on voudrait. Il faut s’y faire.
    Pine et con sont souverains de la nuit. Majestés lubriques régnant sous la même couronne d’anthracite étincelant. La nuit est constellée non pas d’étoiles cristallines, mais de gouttes de foutre acérées. Paillettes coagulées au firmament noir d’un cosmos testiculaire. La nuit flambe en silence. Dans la rue quelques passants, femmes et hommes, qui cherchent, qui hument le sexe. S’avancent à pas lents dans la rigole gluante de l’abattoir, leurs semelles grasses de sang. Le sexe est le plus étrange apanage de la création. Hallucinant parce qu’il découle directement de la pensée. C’est une belle invention !
    Avant de rentrer à mon hôtel, je m’accordais toujours un dernier coup de pinard. Ce que la maison avait de plus fameux dans ses caves. Jet de velours grenat qui vous imprègne chaque papille en coulant sur la langue. Réchauffant le verre entre mes doigts, le corps content, bien au chaud, bien nourri, de l’argent en poche, le cerveau gonflé d’un vide d’une qualité divine, je décollais de terre. Me survolant moi-même. Me voyant agir dans le passé. Retour et méditation. (Ne suis-je pas la bête cancérienne ?)
    Des passages entiers de livres que j’aimais me revenaient en mémoire. J’étais peut-être aussi un peu ivre. Avec une légère tendance à bander. Sous-jacente. C’était comme si j’avais été couché de tout mon long sur le sofa de l’estrade séraphique en compagnie de grand-père Gono, dieu incontesté des cons à vérole et de l’obscénité bien comprise. Exquise sensation. Je flotte à l’horizontale dans le duvet de la loge ovarienne, suivant le courant du flux menstruel, en pirogue sur le fleuve de la nativité à travers une brume gazeuse ultraviolette. Voyageant dans l’orbite du moi qui n’est rien de moins que l’exacte définition du sexe roi de gloire.
    Pas de meilleur promontoire pour étudier le comportement de mes petits frères primates qui s’agitent à cent pieds au-dessous. Point de solstice de tous les temps. Je me trouve malgré moi incorporé à la faune rampante. Faisant l’amour, interminablement, sans décrocher une seule fois depuis des mois

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