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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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profondément dans les terres et se retrouva dans une clairière encerclée de buissons de genièvre encore couverts de baies mûres à point, épargnées par les oiseaux. Serait-ce que les oiseaux eux-mêmes n’osaient pas s’aventurer aussi profondément dans les bois ?
    Des ombres mouvantes et fugaces s’infiltraient dans son champ de vision. Sous le couvert de la forêt, la lumière prenait une qualité particulière, qui transformait le monde rassurant et familier en quelque chose d’inconnaissable, quelque chose de plus ancien. Sinuant entre les arbres, les ronces, les taillis, une brume s’était installée subrepticement. Il régnait une immobilité et un calme absolus, impénétrables, car l’air chargé d’humidité étouffait tous les sons. Léonie sentait la brume enserrer son cou de ses doigts glacés et s’infiltrer sous ses jupes pour se frotter contre ses jambes comme un chat.
    Alors, elle aperçut soudain devant elle à travers les arbres le contour de quelque chose qui n’était pas fait de terre, de bois ni d’écorce. Une petite chapelle, ne pouvant contenir tout au plus que cinq ou six fidèles, avec un toit en pente et une petite croix de pierre plantée sur l’arche de l’entrée.
    Léonie retint son souffle.
    Je l’ai trouvé !
    Le sépulcre était entouré par une armée d’ifs noueux aux racines tordues et déformées comme les mains d’un vieillard, dont les ombres s’étiraient en travers du chemin. Le chemin lui-même était envahi par les ronciers et les taillis et, sur sa boue durcie, il n’y avait aucune empreinte.
    Avec une fierté mêlée d’impatience, Léonie s’avança. Des feuilles mortes et des brindilles bruissèrent et craquèrent sous ses pieds. Encore un pas, et elle se retrouva devant la porte. Au-dessus d’elle, sur les poutres de l’arc en bois à l’ogive parfaite, étaient peints deux versets, en lettres gothiques noires.
    Aïci lo tems s’en
    Va res l’ Eternitat.
    Léonie lut et relut les mots à haute voix, en s’amusant de leurs sons étranges. Elle sortit de sa poche le crayon qu’elle avait toujours sur elle et gribouilla les versets sur un morceau de papier.
    Soudain elle entendit un bruit derrière elle, une sorte de bruissement furtif. Peut-être un animal, un chat sauvage ? Puis il y eut un son différent, rappelant celui d’une corde qu’on fait glisser sur le pont d’un navire. Un serpent ? Perdant toute confiance, elle eut l’impression que la forêt la tenait sous le faisceau de ses yeux sombres. Des passages du livre lui revinrent avec une redoutable netteté. Prémonitions, apparitions, lieu où se lève le voile entre les mondes.
    Prise d’appréhension, Léonie hésita à entrer dans le sépulcre. Mais rester seule dans la clairière sans protection lui semblait encore moins enviable. Le sang martelait ses tempes, pourtant elle avança, saisit le lourd anneau de métal rivé à la porte, le tourna et poussa. Sans résultat. S’obstinant, elle recommença plus énergiquement. Cette fois, il y eut un bruit sourd puis une sorte de déclic, quand le loquet céda. Appuyant contre le bois son épaule frêle, elle donna une poussée en pesant de tout son poids.
    La lourde porte s’ébranla et s’ouvrit lentement.

40.
    Quand Léonie entra dans le sépulcre, l’air glacial la saisit, avec cette odeur de poussière et d’humidité caractéristique des lieux antiques, clos dans leurs enceintes de pierre. Il s’y mêlait un vague parfum d’encens qui avait dû imprégner les murs, des siècles plus tôt. Et autre chose aussi, songea-t-elle en humant l’air, intriguée. Un effluve salé, comme celui qui émanerait de la coque d’une vieille épave rongée par les embruns.
    Elle serra les poings pour empêcher ses mains de trembler et les colla contre ses flancs.
    M’y voilà.
    Tout de suite en entrant sur la droite se trouvait un confessionnal qui faisait environ deux mètres de haut, deux mètres cinquante de large, et guère plus de soixante centimètres de profondeur. Il était en bois foncé, très simple, sans aucun des ornements qui enjolivaient ceux des cathédrales et églises de Paris. La grille était fermée. Un seul rideau violet en grosse toile pendait devant l’un des sièges. De l’autre côté, le rideau manquait.
    En découvrant le bénitier situé à gauche de l’entrée, Léonie eut un mouvement de recul. La vasque en marbre rouge et blanc reposait sur le dos d’un démon grimaçant, à la peau

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