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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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entre la colère et le chagrin, mais surtout, elle regrettait de n’avoir pas su tenir sa langue.
    Pourtant, à mesure qu’ils s’éloignaient de Rennes-les-Bains, la colère prit le dessus. Ce n’était pas sa faute. Enfin, peut-être au début, mais elle n’avait pas eu de mauvaises intentions. Alors qu’Anatole s’était évertué à mal prendre tout ce qu’elle disait. Mais derrière toutes les bonnes excuses qu’elle se cherchait, il y avait un autre constat, plus insidieux.
    Il prend la défense d’Isolde contre moi.
    C’est très injuste, alors qu’il la connaît depuis si peu de temps.
    Loin d’arranger les choses, cette idée rendit Léonie malade de jalousie.

39.
    Le retour au Domaine de la Cade fut loin d’être agréable. Léonie bouda. Quant à Anatole, il ne lui accorda pas la moindre attention. À peine furent-ils arrivés qu’il sauta de la voiture et disparut dans la maison sans un regard en arrière, la laissant affronter la morne perspective d’une longue après-midi solitaire.
    Ne désirant voir personne, elle rejoignit vite sa chambre et se jeta à plat ventre sur le lit. Elle envoya valser ses bottines et laissa ses pieds pendre par-dessus le bord du lit, comme si elle flottait au fil de l’eau, allongée sur un radeau.
    — J’en ai assez ! ragea-t-elle en serrant les poings.
    L’horloge sur le manteau de la cheminée sonna 14 heures.
    Léonie se mit à tirer sur les fils d’or effrangés du couvre-lit brodé jusqu’à ce qu’un petit tas digne de Rumpelstiltskin {3} s’amasse sur le lit à côté d’elle. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge.
    14 h 02. Le cours du temps semblait s’être arrêté.
    Elle se leva, gagna la fenêtre et souleva un coin du rideau. Les pelouses étaient baignées d’une belle lumière dorée.
    On voyait partout les dégâts causés par le vent. Pourtant les jardins donnaient une impression de sérénité. Et si elle allait se promener ? Explorer un peu les terrains alentour ?
    C’était l’occasion rêvée de revenir à son projet initial et se mettre en quête du sépulcre. Peut-être trouverait-elle même les cartes de tarot.
    Elle alla prendre sa boîte à ouvrage, farfouilla dedans pour en extirper le livre et, une fois qu’elle l’eut en main, le lut de bout en bout.
    Une heure plus tard, équipée pour la marche d’un chapeau, de sa nouvelle veste en laine peignée et de bottes en cuir épais, Léonie se glissa sur la terrasse.
    Il n’y avait personne dans les jardins, mais elle avança vite pour ne pas risquer de faire de rencontres, car elle n’avait pas du tout envie de rendre compte de ses allées et venues. Elle dépassa presque au pas de course les massifs de rhododendrons et les buissons de genièvre et garda l’allure jusqu’au moment où elle se retrouva hors de vue. Ce n’est qu’une fois sortie par l’arche de verdure taillée dans la haie de buis qu’elle ralentit et reprit son souffle. Comme elle était déjà en sueur, elle s’arrêta pour ôter son chapeau et ses gants qu’elle enfouit dans ses poches, et savoura la caresse de l’air sur sa peau nue, exaltée de se retrouver seule, maîtresse d’elle-même, sans personne qui la surveille.
    À la lisière des bois pourtant, Léonie fit halte, prise d’une légère appréhension, intimidée par le calme qui régnait en ces sombres lieux. Elle jeta un coup d’œil en arrière, puis revint aux bois, à leur dense profondeur imprégnée des senteurs de fougères et de feuilles mortes. La maison était pratiquement hors de vue.
    Et si jamais je ne retrouvais pas mon chemin pour rentrer ? songea-t-elle.
    Léonie contempla le ciel. À condition qu’elle ne parte pas trop longtemps et que le temps se maintienne, il lui suffirait de revenir vers l’ouest, dans la direction du soleil couchant. Et puis ces bois étaient entretenus, ils se trouvaient à l’intérieur de la propriété. Ce n’était pas vraiment s’aventurer en terre inconnue.
    Il n’y a pas de quoi s’inquiéter .
    S’armant de courage telle une digne héroïne de feuilleton, Léonie suivit un sentier envahi par les mauvaises herbes. Bientôt, elle se retrouva à une croisée de chemins. À gauche, l’un s’enfonçait dans des sous-bois sauvages et silencieux. Les buis et les lauriers semblaient chargés d’humidité. Les chênes aux feuilles duveteuses et les pins maritimes semblaient crouler sous le poids des années. En comparaison, le chemin qui partait à droite

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