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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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grêlée de taches rougeâtres, aux mains et aux pieds griffus. Il avait des yeux malveillants, d’un bleu perçant.
    Toi, je te connais, songea Léonie.
    C’était le frère jumeau de la gravure qui figurait sur le frontispice du livre Les Tarots.
    Malgré l’objet sacré qu’il portait sur le dos, il n’inspirait guère confiance. Prudemment, comme si elle craignait de le voir s’animer, Léonie s’en approcha. Dessous, un texte imprimé sur une petite carte blanche jaunie par le temps lui confirma qu’elle ne s’était pas trompée : ASMODÉE, MAÇON DU TEMPLE DE SALOMON, DÉMON DU COURROUX, lut-elle à voix haute. Se hissant sur la pointe des pieds, elle regarda dans la vasque. Le bénitier était sec. Mais il y avait des lettres gravées dans le marbre, dont elle suivit le contour de ses doigts.
    — Par ce signe tu le vaincras, murmura-t-elle tout haut.
    Qui donc était l’ennemi à vaincre ? Le démon Asmodée lui-même ? Et qu’est-ce qui était apparu en premier, l’illustration du livre, ou le diable du bénitier ? Lequel était la copie, lequel l’original ?
    Léonie savait seulement que le livre datait de 1870.
    Quand elle se pencha afin d’examiner le pied de la statue en quête d’une inscription quelconque, date ou autre, le mouvement de ses jupes dessina des spirales sur les dalles couvertes de poussière. Mais non, rien n’indiquait son âge ni sa provenance.
    En tout cas, cette statue ne date pas de l’époque wisigothique.
    Léonie se promit de faire plus tard une recherche à ce sujet en consultant Isolde, puis elle se releva et se tourna face à la nef. Il y avait trois rangées de simples bancs de bois du côté sud du sépulcre, disposés comme ceux d’une salle de classe, mais juste assez larges pour permettre à deux fidèles de s’asseoir. Des bancs nus, sans ornements ni coussins sur lesquels s’agenouiller, équipés d’un simple repose-pieds.
    Les murs du sépulcre blanchis à la chaux s’écaillaient. Les fenêtres cintrées qui étaient sans vitraux laissaient entrer la lumière, mais elles privaient l’endroit de la chaleur bienfaisante du soleil. Les stations du chemin de croix étaient représentées par de petites illustrations incrustées dans le cadre des croix en bois ; c’étaient plutôt des médaillons que des tableaux, et ils ne présentaient rien d’exceptionnel, du moins aux yeux non avertis de Léonie.
    Elle remonta lentement la nef, un peu malgré elle, comme une fiancée qu’on force à se marier, de plus en plus nerveuse à mesure qu’elle s’éloignait de la porte. Une fois, elle fit même volte-face, persuadée que quelqu’un la suivait. Mais non, il n’y avait personne.
    Sur sa gauche, au long de la nef étroite s’alignaient des statues de saints en plâtre, qui avaient à peu près la taille d’un enfant de cinq ans, et dont elle eut l’impression qu’elles la suivaient des yeux. Elle s’arrêta au passage pour lire sous chacune des statues le nom peint en noir sur un panneau de bois : saint Antoine d’Égypte, dit l’Ermite ; sainte Germaine, avec son tablier ouvert sur un bouquet de roses ; saint Roch le boiteux, muni de son bourdon, ou bâton. Sans doute des saints patrons de la région.
    La dernière statue, la plus proche de l’autel, était une petite femme menue portant une robe rouge qui lui arrivait aux genoux, avec des cheveux noirs et raides lui tombant sur les épaules. Des deux mains, elle tenait une épée, sans pour autant menacer ni se défendre d’une attaque, aurait-on dit, mais plutôt comme si elle-même protégeait quelqu’un.
    Dessous, une carte imprimée portait ce nom : La Fille d’Épées.
    Peut-être était-ce une représentation de Jeanne d’Arc ? se dit Léonie, perplexe.
    Il y eut encore du bruit, et elle leva les yeux vers les hautes fenêtres. Ce n’étaient que les branches des châtaigniers qui tapaient contre la vitre.
    Arrivée au fond de la nef, Léonie s’accroupit pour examiner le sol, à la recherche du carré noir et des quatre lettres, C, A, D, E, que son oncle avait décrits. Elle n’en vit pas la moindre trace, mais elle découvrit une inscription creusée, ou plutôt grattée sur la surface des dalles.
    « Fujhi, poudes ; Escapa, non », lut-elle, avant de la recopier également sur son petit bout de papier.
    Puis elle se redressa et avança vers l’autel. D’après le souvenir qu’elle en avait, il correspondait avec précision à la description faite par son

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