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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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fit allusion à la querelle qui les avait opposés plus tôt et avait poussé Léonie à s’aventurer seule dans les terres.
    — Où étais-tu ? Comment peux-tu agir aussi inconsidérément, sans te soucier des autres ? lui demanda-t-il d’un ton furieux.
    — Je me suis promenée dans les jardins.
    — Tu parles d’une promenade ! Il fait presque nuit !
    — Je n’ai pas vu le temps passer.
    Anatole continua à la mitrailler de questions. Avait-elle croisé quelqu’un ? S’était-elle égarée au-delà des limites du Domaine ? Sous ce feu nourri, la peur qui s’était emparée d’elle dans le sépulcre relâcha son emprise et, rassemblant ses esprits, Léonie se mit à se défendre. Anatole faisait un tel foin de l’incident que son attitude l’incitait à prendre le contre-pied.
    — Je ne suis plus une enfant, riposta-t-elle, exaspérée par la façon dont il la traitait. Je suis parfaitement capable de me débrouiller toute seule.
    — Non ! hurla-t-il. Tu n’as que dix-sept ans !
    — Mais enfin, à t’entendre, on croirait que j’ai failli être victime d’un enlèvement.
    — Ne sois pas idiote, lança-t-il d’un ton mordant, pourtant Léonie le vit échanger un regard avec Isolde, et cela lui mit la puce à l’oreille.
    — Qu’est-ce qui t’arrive ? dit-elle lentement. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que tu réagisses comme ça ? Tu me caches quelque chose…
    Anatole faillit lui répondre, puis se ravisa et laissa Isolde intervenir.
    — Notre inquiétude doit vous sembler excessive, excusez-moi. Bien sûr vous êtes parfaitement libre de vous promener où bon vous semble, mais on nous a signalé que des bêtes sauvages, des lynx, peut-être des loups, descendaient dans la vallée à la tombée de la nuit, à proximité de Rennes-les-Bains.
    Léonie s’apprêtait à mettre en doute cette explication quand le souvenir des griffes raclant les dalles de pierre du sépulcre lui revint soudain. Elle frissonna. Qu’est-ce qui avait brutalement transformé son aventure en cauchemar ? Quelle sorte de danger l’avait poussée à s’enfuir à toutes jambes ? Elle l’ignorait. Elle savait seulement qu’elle avait craint pour sa vie.
    — Regarde dans quel état tu t’es mise, lui reprocha Anatole, rageur.
    — Cela suffit, Anatole, dit posément Isolde en lui effleurant le bras.
    À la stupeur de Léonie, il ne protesta pas et, avec une moue de dégoût, il se détourna en soupirant, les mains sur les hanches.
    — On nous a aussi prévenus que le temps allait se gâter, ajouta Isolde. Une tempête se prépare, une perturbation venant des montagnes. Nous avons eu peur qu’elle vous surprenne.
    Sa remarque fut interrompue par un puissant roulement de tonnerre. Ils regardèrent tous les trois par les fenêtres. Des nuages bas et menaçants couraient sur les cimes des montagnes, et entre les collines au loin, une brume blanche s’étirait, une sorte de fumée comme celles qui montent d’un feu de jardin. Il y eut un autre coup de tonnerre, plus proche, qui fit vibrer les carreaux.
    — Venez, dit Isolde en prenant Léonie par le bras. Je vais demander à la femme de chambre de vous faire couler un bon bain chaud, puis nous souperons et nous irons nous réchauffer au coin du feu dans le salon. Si nous faisions une partie de cartes ? Bésigue ou vingt-et-un, comme il vous plaira.
    À la mention des cartes, un autre souvenir lui revint et Léonie contempla les paumes de ses mains. Il n’y avait rien, aucune marque rouge zébrant sa peau.
    Docile, elle se laissa conduire jusqu’à sa chambre.
     
    Quelque temps après, quand la cloche sonna pour annoncer le souper, Léonie s’assit sur le tabouret devant sa coiffeuse. En s’observant dans le miroir, elle découvrit dans ses yeux fiévreux, et dans l’expression gravée sur son visage, l’empreinte bien visible de la peur qui l’avait saisie dans le sépulcre. Apparaîtrait-elle aussi nettement à Isolde ou à Anatole ?
    Déjà ébranlée nerveusement, Léonie hésita, mais elle finit par se lever et alla retirer Les Tarots de sa boîte à ouvrage. Puis elle tourna les pages jusqu’à en arriver au passage désiré :
    Il y eut un violent courant d’air et j’eus soudain la sensation que je n’étais plus seul. J’étais certain à présent que le sépulcre était rempli d’êtres, ou plutôt d’esprits, dont je ne saurais dire s’ils étaient humains. Toutes les lois naturelles se trouvaient

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