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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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ailleurs, Léonie lisait et peignait un paysage de la maison, vu du petit promontoire qui surplombait le lac.
    Le livre de son oncle et la partition de musique qu’elle avait rapportée du sépulcre lui venaient souvent à l’esprit, mais elle s’abstint de les regarder à nouveau. Et dans ses déambulations, Léonie évitait sciemment de diriger ses pas vers le sentier envahi de broussailles qui s’enfonçait dans les bois jusqu’à la chapelle wisigothe abandonnée.
     
    Le samedi 26 septembre, jour de la réception, vint poindre une aube claire et lumineuse.
    Léonie venait de prendre son petit déjeuner quand la première des voitures de livraison venues de Rennes-les-Bains remonta cahin-caha l’allée du Domaine de la Cade. Le livreur sauta à terre et déchargea deux gros blocs de glace. Peu de temps après, une autre arrivait avec la viande, des fromages, de la crème et du lait frais.
    On aurait dit que les domestiques s’affairaient dans chaque pièce de la maison. Ils ciraient les meubles, astiquaient les parquets, pliaient du linge, disposaient des cendriers et des vases sous l’œil vigilant de la vieille femme de charge.
    À 9 heures, Isolde sortit de sa chambre et emmena Léonie dans les jardins. Armées de sécateurs et chaussées d’épaisses bottes en caoutchouc, elles coupèrent des fleurs encore imprégnées de la rosée du matin, qui décoreraient la table.
    Quand elles rentrèrent dans la maison à 11 heures, elles avaient rempli de fleurs quatre grands paniers d’osier plats. Du café fumant les attendait dans le petit salon et Anatole, d’excellente humeur, leur sourit par-dessus les pages de son journal.
    À midi, Léonie mit la dernière touche aux cartes qui indiqueraient le placement des convives autour de la table, après avoir suivi à la lettre les instructions d’Isolde. Elle extorqua à sa tante la promesse qu’une fois la table mise, elle les disposerait elle-même.
    À 13 heures, il n’y avait plus rien à faire. Après un déjeuner léger, Isolde annonça son intention d’aller se reposer un peu dans sa chambre. Quant à Anatole, il se retira pour mettre à jour sa correspondance. Léonie n’eut d’autre choix que de faire de même.
    Une fois dans sa chambre, elle jeta un coup d’œil à sa boîte à ouvrage où Les Tarots dormait sous des affaires de couture. Le temps avait passé depuis son expédition au sépulcre, pourtant elle craignait encore de mettre en péril sa précieuse tranquillité d’esprit en se laissant une nouvelle fois happer par les mystères que le livre recelait. Et puis la perspective de la soirée lui causait une telle impatience qu’elle était bien trop agitée pour lire.
    Son regard erra jusqu’à son matériel de peinture, tubes de couleur, pinceaux, chevalet et carton à dessin posés par terre. Soudain elle songea à sa mère avec un élan d’affection. C’était l’occasion idéale de faire bon usage de son temps en peignant quelque chose qu’elle lui remettrait comme souvenir, quand ils retourneraient en ville à la fin du mois d’octobre.
    Peut-être mon petit présent éclipsera-t-il les souvenirs d’enfance douloureux qu’elle garde du Domaine de la Cade ? songea-t-elle.
    Léonie sonna la femme de chambre afin qu’elle lui apporte un bol d’eau pour ses pinceaux et un linge en coton épais pour protéger la table. Puis elle sortit sa palette, se mit à presser ses tubes pour disposer des gouttes de carmin, d’ocre, de bleu outremer, de jaune et de vert mousse, ainsi que du noir ébène pour rehausser les contours. Elle tira de son carton à dessin une feuille de papier crème au grain épais, puis resta assise un moment, attendant l’inspiration.
    Sans avoir d’idée précise, elle commença à esquisser une silhouette à gros traits. Tandis que son pinceau glissait presque machinalement sur le papier, son esprit était tout accaparé par la soirée à venir. La bonne société de Rennes-les-Bains serait-elle à son goût ? Aucun des invités n’avait décliné l’hospitalité d’Isolde. Léonie s’imagina les accueillant et recevant leurs compliments. Serait-elle dans sa robe bleue, dans la rouge, ou dans la verte, achetée à La Samaritaine ? Et quels gants de soirée choisirait-elle entre les différentes paires qu’elle avait ? Et sa coiffure ? Pour relever ses cheveux cuivrés et sublimer l’éclat de son teint, vaudrait-il mieux des peignes en nacre, ou des épingles en argent ? Pour finir, elle

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