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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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lui, elle vit qu’il contemplait Isolde avec tant de tendresse et de sollicitude qu’elle eut presque honte d’en être le témoin.
    Aussi ne dit-elle rien.
    Le vent ne se calmait pas. Son imagination débordante non plus ne lui laissait aucun répit.

42.
    Quand Léonie se réveilla le lendemain matin, elle fut surprise de se retrouver couchée sur la méridienne du salon au lieu d’être dans sa chambre.
    Des rais de lumière dorée se glissaient par les fentes des rideaux. Dans l’âtre, le feu s’était éteint. Des cartes à jouer et des verres vides étaient posés sur la table, là où on les avait laissés la veille au soir.
    Léonie resta un moment assise, à écouter le silence. Après le tumulte de la pluie et du vent, tout était calme à présent. La vieille demeure avait fini de craquer et de gémir. La tempête était terminée.
    Elle sourit. Les terreurs de la nuit, toutes ces idées de fantômes et de démons, semblaient absurdes à la lumière bienveillante du matin. Bientôt, la faim la tira de sa langueur. Trottinant jusqu’à la porte, elle sortit dans le vestibule. Il y avait dans l’air une humidité pénétrante, mais aussi une fraîcheur qui avait manqué la veille. Elle passa la porte qui séparait le devant de la maison des quartiers des domestiques, sentant le froid du carrelage sous les minces semelles de ses mules, et s’engagea dans un long corridor dallé de pierres. Au bout, derrière une deuxième porte, lui parvinrent des échos de voix et de bruits de vaisselle. Quelqu’un sifflotait.
    La cuisine était une pièce carrée, plus petite qu’elle ne se l’était imaginée, mais agréable, avec des murs patinés. Au plafond, à des poutres noires, pendait toute une collection de casseroles et d’ustensiles de cuisine. Sur le fourneau noirci, installé dans une cheminée assez vaste pour loger un banc en pierre de chaque côté, un faitout bouillonnait.
    La cuisinière, tenant à la main une longue palette en bois, se tourna pour accueillir la visiteuse imprévue. Quand les autres domestiques qui prenaient leur petit déjeuner se levèrent de la table placée au centre de la pièce, les pieds des chaises raclèrent bruyamment les dalles de pierre.
    — Je vous en prie, restez assis, s’empressa de dire Léonie, gênée. Je me demandais si je pourrais avoir un peu de café. Et une tartine de pain, si possible.
    La cuisinière hocha la tête.
    — Je vais vous préparer un plateau, madomaisèla. Dans le petit salon ?
    — Oui, merci. Est-ce que quelqu’un d’autre est descendu ? s’enquit-elle.
    — Non, madomaisèla. Vous êtes la première, répondit-elle d’un ton courtois, mais qui lui signifiait clairement de quitter les lieux. Pourtant Léonie s’attarda.
    — La tempête a-t-elle fait des dégâts ?
    — Rien qu’on ne puisse réparer, répliqua la cuisinière.
    — Pas d’inondation ? questionna-t-elle, inquiète que la soirée du samedi doive être différée si la route qui menait au village se révélait impraticable.
    — Rien de grave à Rennes-les-Bains, paraît-il. L’une des filles a entendu dire qu’il y avait eu un glissement de terrain à Alet-les-Bains. La malle-poste est retenue à Limoux. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, madomaisèla, conclut la cuisinière en s’essuyant les mains sur son tablier, il y a beaucoup à faire pour le souper de ce soir.
    Léonie n’eut d’autre choix que de se retirer.
    — Bien sûr.
    Comme elle quittait la cuisine, la pendule du couloir sonna 7 heures. Par les fenêtres le ciel lui apparut en rose derrière des nuages blancs. Dehors, on avait déjà commencé à ratisser les feuilles et à ramasser les branches cassées par l’orage.
     
    Les jours suivants s’écoulèrent tranquillement.
    Léonie avait la jouissance de la maison et des terrains alentour. Elle prenait son petit déjeuner dans ses appartements et était libre de passer la matinée comme bon lui semblait. Souvent, elle ne voyait ni son frère ni Isolde avant l’heure du déjeuner. Les après-midi, Isolde et elle se promenaient dans les terres, si le temps le permettait, ou bien elles exploraient la maison. Sa tante était pleine de prévenances à son égard, et sa gentillesse allait de pair avec un esprit vif et un grand sens de l’humour. Elles pianotaient des œuvres d’Anton Rubinstein pour piano à quatre mains avec plus d’enthousiasme que de talent, et s’amusaient en soirée à des jeux de société. Par

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