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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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excuses.
    — Vous êtes tout pardonné, répliqua-t-elle.
    — Et votre tante, la belle et charmante Isolde autrefois de Paris, réside maintenant à Carcassonne ?
    — Non. Nous sommes descendus en ville pour quelques jours. Ma tante avait des affaires à régler concernant la succession de son défunt mari. Et ce soir, nous irons au concert.
    — Carcassonne est une ville charmante. Elle s’est beaucoup améliorée ces dix dernières années. Il y a maintenant d’excellents restaurants, des boutiques, des hôtels… Mais vous avez peut-être loué quelque chose ?
    — Oh non, précisa Léonie en riant. Nous ne sommes là que pour un jour ou deux, monsieur Constant. L’hôtel Saint-Vincent pourvoit amplement à nos besoins.
    La porte de l’église s’ouvrit sur d’autres passants qui entraient s’y réfugier et le courant d’air fit frissonner Léonie, déjà glacée sous ses jupes trempées qui se plaquaient contre ses jambes.
    — Craignez-vous l’orage ? interrogea aussitôt son compagnon.
    — Non, pas le moins du monde, répondit-elle, ravie de son empressement. La propriété de ma tante est située haut dans les montagnes. Ces deux dernières semaines, nous avons eu des orages bien plus terribles que celui-ci.
    — Alors vous êtes à bonne distance de Carcassonne ?
    — Au sud de Limoux, dans la Haute Vallée. Non loin de la station thermale de Rennes-les-Bains. Vous connaissez ? demanda-t-elle avec un brin de coquetterie.
    — Non, et je le regrette, dit-il. Cette région revêt soudain un intérêt considérable à mes yeux. Peut-être serai-je amené à la visiter dans les prochains jours, qui sait ?
    Léonie rougit du compliment.
    — C’est assez isolé, mais le paysage est magnifique, approuva-t-elle.
    — Y a-t-il une vie sociale animée à Rennes-les-Bains ? s’enquit Victor Constant, ce qui fit rire Léonie.
    — Non, mais nous nous satisfaisons de cette vie tranquille. En ville, mon frère mène une existence assez agitée. Nous sommes ici pour nous reposer.
    — Eh bien, j’espère que notre beau Midi aura le plaisir de jouir un peu plus longtemps de votre présence, dit-il doucement.
    Léonie s’efforça de garder une expression sereine.
    La famille espagnole qui se bisbillait toujours un peu plus loin se leva soudain. Léonie se retourna et vit que les portes principales de l’église étaient grandes ouvertes, à présent.
    — On dirait que la pluie a cessé, mademoiselle Vernier. Quel dommage, conclut Constant d’un ton posé, si bien que Léonie lui jeta un regard en coin, étonnée d’une déclaration aussi franche.
    Mais il gardait un air innocent, et elle se demanda si elle ne s’était pas méprise sur le sens de ses paroles. Regardant vers les portes, elle vit qu’un soleil vif éclairait les marches humides d’une lumière éblouissante.
    Le monsieur en haut-de-forme aida sa compagne à se lever. Précautionneusement, ils se glissèrent hors de leur allée dans la nef et gagnèrent la sortie. Chacun des hôtes de passage se mit à faire de même. Léonie fut surprise du nombre de gens qui s’étaient réfugiés là. Elle les avait à peine remarqués.
    M. Constant lui offrit son bras.
    — Allons-y, proposa-t-il d’une voix qui la fit frissonner de la tête aux pieds.
    Léonie n’hésita qu’un bref instant. Comme au ralenti, elle se vit tendre sa main nue pour la poser sur la manche grise de la redingote.
    — C’est très aimable à vous, dit-elle.
    Ce fut ainsi que Léonie Vernier et Victor Constant quittèrent l’église de concert pour s’avancer sur la place Saint-Gimer.

60.
    Malgré son allure échevelée et l’aspect négligé de sa tenue, Léonie nageait en pleine euphorie en évoluant sur la place Saint-Gimer. Cela lui semblait si naturel de marcher au bras d’un homme. Bien qu’ayant souvent imaginé pareil moment, elle avait vraiment l’impression de vivre quelque chose d’extraordinaire.
    Non, ce n’est pas un rêve, se dit-elle.
    Victor Constant continuait à se comporter en parfait gentleman, attentif sans être trop empressé ni familier. Il lui demanda la permission de fumer, et comme Léonie la lui accordait, lui fit l’honneur de lui offrir l’une de ses cigarettes turques épaisses et brunes, bien différentes du fin tabac blond qu’Anatole appréciait. Elle déclina son offre, mais fut flattée qu’on la traite en adulte.
    Chemin faisant, leur conversation roula, sans surprise, sur le temps, les charmes

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