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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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dans une allée étroite qui longeait l’arrière de l’hôpital.
    Constant se sortit la jeune fille de l’esprit et réfléchit à la marche à suivre. Au cours de leur ennuyeux tête-à-tête dans l’église, elle lui avait non seulement donné le nom de l’hôtel où ils séjournaient, mais surtout, elle lui avait dit où Vernier et sa putain s’étaient établis.
    Il connaissait bien Rennes-les-Bains et ses traitements thérapeutiques. L’endroit conviendrait parfaitement à ses plans. Il ne pouvait pas s’en prendre à eux dans une cité peuplée comme Carcassonne, où une confrontation attirerait trop l’attention. Mais une propriété isolée dans la campagne ? Il avait quelques relations en ville, en particulier un individu au tempérament cruel et sans scrupules à qui il avait jadis rendu service. Constant n’aurait aucun mal à le persuader que le temps était venu de lui payer sa dette.
    Il prit un fiacre pour rejoindre le cœur de la Bastide, puis s’engagea dans le réseau de rues situé derrière le café des Négociants pour déboucher sur le boulevard Barbès. C’était là que se trouvaient sûrement les clubs privés. Il boirait du champagne, s’offrirait une fille, qui sait. Si loin dans le Sud, ce serait sans doute des noiraudes au lieu des blondes à la peau claire qui avaient sa préférence. Mais, aujourd’hui, il se sentait d’humeur festive et tout prêt à faire une exception.

61.
    Léonie traversa au pas de course le square Gambetta, ses allées, ses plates-bandes détrempées où des flaques d’eau miroitaient sous les pâles rayons du soleil puis, dépassant un affreux bâtiment municipal, elle arriva à la Bastide et s’y enfonça.
    Elle avait à peine conscience de l’agitation qui l’entourait. Les trottoirs étaient bondés, dans les rues coulait une eau noire qui emportait dans ses remous des débris charriés jusqu’en bas de la ville par la force de la tempête.
    Maintenant seulement elle s’interrogeait sur les suites de son escapade et, trempée, les nerfs tendus à l’extrême, hâtait le pas en se demandant de quelle manière Anatole la punirait. Car elle paierait certainement sa désobéissance. Pourtant, loin de s’en repentir, elle ne regrettait rien. Au contraire.
    Elle regarda la plaque indiquant le nom de la rue et découvrit qu’elle se trouvait non rue Mage comme elle l’avait supposé, mais rue Courtejaire. À vrai dire, elle s’était égarée. Son plan de la ville était tellement détrempé qu’il se délitait dans ses mains. L’encre avait coulé, les noms des rues étaient devenus quasiment illisibles. Léonie tourna d’abord à droite, puis à gauche à la recherche d’un indice quelconque, mais les boutiques avaient baissé leur rideau de fer pour se protéger des intempéries et les rues étroites de la Bastide se ressemblaient toutes.
    Elle se trompa plusieurs fois de chemin, si bien qu’il se passa presque une heure avant qu’elle réussisse à repérer l’église Saint-Vincent puis, de là, regagne la rue du Port et leur hôtel. Alors qu’elle gravissait les marches du perron, les cloches de la cathédrale sonnèrent 6 heures.
    Elle traversa le hall d’un pas précipité, espérant ainsi pouvoir vite se changer dans sa chambre avant de se confronter à son frère. Mais Anatole l’attendait dans le vestibule en faisant les cent pas, une cigarette à la bouche. Quand il la vit, il se rua sur elle, la prit par les épaules et la secoua comme un prunier.
    — Où diable étais-tu passée ? cria-t-il. J’ai cru devenir fou !
    Léonie resta figée sur place, comme hébétée par la violence de sa colère.
    — Alors ? exigea-t-il.
    — Je… Je suis désolée. J’ai été surprise par l’orage.
    — Ne te fiche pas de moi, Léonie ! hurla-t-il. Je t’avais expressément interdit de sortir seule. Tu as congédié Marieta sous un faux prétexte, puis tu as disparu. Où es-tu allée, bon sang ? Réponds-moi tout de suite, tu m’entends ? Petite idiote !
    Jamais il ne l’avait insultée de la sorte. Jamais.
    — Il aurait pu t’arriver n’importe quoi ! Une jeune fille seule, dans une ville inconnue ! Tu te rends compte des risques que tu as pris ?
    Léonie jeta un coup d’œil au patron, qui n’en perdait pas une miette.
    — Anatole, je t’en prie, murmura-t-elle. Je vais t’expliquer. Allons quelque part, dans un endroit tranquille, dans ta chambre par exemple et je… je

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