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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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t’expliquerai.
    — As-tu enfreint ma consigne ? Es-tu sortie de la Bastide ? demanda-t-il en la secouant encore. Alors ?
    — Non, répondit-elle, trop effrayée pour dire la vérité. Je me suis promenée square Gambetta, puis j’ai admiré l’architecture de la Bastide. Oui, j’ai envoyé Marieta chercher un parapluie. Je n’aurais pas dû, je l’admets, mais quand la pluie s’est mise à tomber, j’ai cru plus sage de m’abriter plutôt que de rester à découvert, en me disant que c’est ce que tu m’aurais conseillé toi aussi. Marieta vous a-t-elle dit que nous étions allées rue Mage à votre recherche ?
    — Non, elle ne nous l’a pas dit, dit-il d’un air sombre. Et tu nous as vus ?
    — Non, je…
    Anatole l’interrompit et repartit à l’assaut.
    — Qu’importe. La pluie s’est arrêtée il y a plus d’une heure. Nous étions convenus de nous retrouver à 17 h 30. Dans cette ville, il est impossible d’oublier l’heure, avec toutes ces cloches qui sonnent à la ronde. Ne me mens pas, Léonie. Ne fais pas comme si tu ne t’étais pas rendu compte de l’heure, je ne te croirais pas.
    — Ce n’était pas mon intention, argua-t-elle d’une petite voix.
    — Où t’es-tu réfugiée ?
    — Dans une église.
    — Laquelle ?
    — Je ne sais pas. Près de la rivière.
    Anatole lui serra le bras.
    — Dis-moi la vérité, Léonie. As-tu traversé la rivière pour entrer dans la cité ?
    — L’église n’était pas dans la cité, protesta-t-elle de bonne foi, troublée de sentir des larmes lui piquer les yeux. De grâce, Anatole, tu me fais mal.
    — Et personne ne t’a abordée ? Personne n’a essayé de te faire du mal ?
    — Tu vois bien que non, répondit-elle en essayant de se dégager.
    Son frère la scruta d’un œil furieux, puis, sans prévenir, il la relâcha en la repoussant.
    Léonie songea à la carte de M. Constant qui se trouvait dans l’une de ses poches.
    Si jamais il trouve ça maintenant… se dit-elle.
    — Tu me déçois, dit-il en s’éloignant d’un pas, avec une telle froideur qu’elle en fut mortifiée. Je te fais confiance et voilà comment tu te conduis.
    Une colère sourde l’envahit. Elle faillit rétorquer que son seul crime était de s’être promenée sans être accompagnée, mais elle préféra tenir sa langue plutôt que de réchauffer encore davantage.
    — Pardon, murmura-t-elle en baissant la tête.
    — Va dans ta chambre et fais tes bagages, répliqua-t-il en se détournant.
    — Faire mes bagages ? Pourquoi ? lança-t-elle en relevant la tête, toute sa hargne lui revenant.
    — Ne pose pas de questions, Léonie, fais ce que je te dis.
    S’ils partaient ce soir, elle ne pourrait pas retrouver Victor Constant demain, au square Gambetta. Léonie n’avait pas encore décidé si elle irait ou non, mais elle voulait au moins avoir le choix.
    Que pensera-t-il de moi si je ne viens pas au concert ? se demanda-t-elle.
    — S’il te plaît, je t’en conjure, supplia-t-elle en se précipitant vers son frère et en lui prenant le bras. J’ai dit que je regrettais. Punis-moi si tu veux, mais pas de cette manière. Je n’ai aucune envie de partir.
    — Il y a eu des alertes de tempêtes et d’inondations, dit-il d’un air farouche en s’écartant. Cela n’a rien à voir avec toi. À cause de ton inconséquence, j’ai dû envoyer Isolde et Marieta en avant pour qu’elles prennent nos billets à la gare.
    — Mais, et le concert ? s’écria Léonie. Je veux rester ! S’il te plaît ! Tu me l’as promis.
    — Va faire tes bagages ! hurla-t-il en scandant chaque mot avec fureur.
    Mais Léonie ne pouvait s’y résoudre.
    — Que s’est-il passé pour que vous vouliez partir si brusquement ? demanda-t-elle en haussant le ton elle aussi. C’est à cause du rendez-vous d’Isolde chez le notaire ?
    — Il ne s’est rien passé du tout, répondit Anatole en reculant, comme si elle l’avait frappé.
    Sans prévenir, il cessa soudain de crier et son visage s’adoucit.
    — Des concerts, il y en aura d’autres, dit-il, et il s’approcha pour la prendre par les épaules, mais elle le repoussa.
    — Je te déteste ! s’écria-t-elle avant de filer vers l’escalier.
    À présent, elle se fichait bien qu’on la vît pleurer. Elle grimpa les marches en courant, prit le couloir et, une fois dans sa chambre, se jeta à plat ventre sur le lit. Là, elle versa toutes les larmes de son corps.
    Je

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