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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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de Carcassonne, la splendeur des Pyrénées, et ils atteignirent ainsi l’autre côté du Pont-Vieux.
    — C’est ici que j’ai le regret de devoir vous quitter, dit-il.
    Brusquement dégrisée, Léonie réussit à cacher sa déception en faisant bonne figure.
    — Vous avez été fort obligeant, monsieur Constant… Moi aussi, je dois m’en retourner. Mon frère va se demander ce que je suis devenue.
    Un instant, ils restèrent plantés l’un devant l’autre en proie à un certain embarras. C’était une chose de faire connaissance de façon inopinée à cause des intempéries. C’en était une autre de pousser plus loin une relation naissante, qui autrement resterait sans lendemain.
    Léonie avait beau se croire affranchie des conventions, elle attendit néanmoins qu’il parle le premier. Il aurait été tout à fait inconvenant que ce fût elle qui suggère un autre rendez-vous. Mais elle lui sourit d’un air encourageant, pour bien lui montrer qu’il n’essuierait de sa part aucune rebuffade s’il se décidait à lancer une invitation.
    — Mademoiselle Vernier, dit-il avec un trémolo dans la voix qui attendrit Léonie.
    — Oui, monsieur Constant ?
    — J’espère que vous me pardonnerez mon audace, mais je me demandais si vous aviez déjà eu le plaisir de visiter le square Gambetta, dit-il en faisant un signe vers la droite. C’est à deux pas d’ici.
    — Oui, je m’y suis promenée ce matin.
    — J’ai cru comprendre que vous appréciez la musique. Or il y a un excellent concert chaque vendredi matin à 11 heures. Et je compte bien y assister.
    Léonie dissimula un sourire, admirant la finesse avec laquelle il lui donnait rendez-vous sans franchir les bornes de la bienséance.
    — Nous étions justement convenues avec ma tante de profiter de notre séjour pour assister à quelque événement musical, dit-elle en inclinant la tête.
    — Dans ce cas, peut-être aurai-je le bonheur de croiser à nouveau votre chemin d’ici peu, mademoiselle, dit-il en soulevant son chapeau. Et le plaisir de rencontrer votre tante ainsi que votre frère.
    Il la fixa de son œil bleu et, l’espace d’un instant, Léonie eut l’impression qu’un fil invisible les unissait, qu’elle était irrésistiblement attirée vers lui tel un poisson ramené par un pêcheur du bout de sa ligne. Elle retint son souffle. Son seul désir à cet instant, c’était que Victor Constant la prenne par la taille et l’embrasse.
    — À bientôt, dit-il, rompant le charme.
    Léonie rougit, comme s’il pouvait lire ses pensées les plus secrètes.
    — Entendu, balbutia-t-elle. À bientôt.
    Alors elle tourna le dos et remonta d’un pas vif la rue du Pont-Vieux, craignant de se couvrir de honte en laissant transparaître les espoirs fous qui lui agitaient l’esprit.
    Constant la regarda s’éloigner, et il vit à sa démarche, sa posture, son port de tête qu’elle se savait observée.
    Telle mère telle fille.
    À dire vrai, c’était presque trop facile. Ces rougeurs d’écolière, ces yeux écarquillés, ces lèvres entrouvertes sur un bout de langue rose… Il aurait pu l’entraîner, s’il l’avait voulu. Mais cela n’aurait pas servi ses desseins. Il serait infiniment plus plaisant de jouer avec ses sentiments. De la pervertir, en faisant en sorte qu’elle tombe amoureuse de lui. Cette idée tourmenterait Vernier bien plus que s’il l’avait prise de force.
    Et elle tomberait amoureuse de lui. Elle était jeune, impressionnable, bref, mûre à point pour être cueillie.
    Il claqua des doigts. L’homme en cape bleue qui le suivait à distance s’approcha aussitôt.
    — Monsieur.
    Constant rédigea une brève missive qu’il lui ordonna de porter à l’hôtel Saint-Vincent. Imaginer l’expression de Vernier quand il lirait la lettre le faisait jubiler. Il avait envie de les faire souffrir, lui et sa putain. Qu’ils passent les jours à venir dans une angoisse indicible, hantés par sa présence, à regarder sans cesse par-dessus leurs épaules en se demandant quand il frapperait.
    Il jeta une bourse à l’homme qui l’attrapa dans ses mains crasseuses.
    — Suis-les, ordonna-t-il. Ne les lâche pas d’une semelle. Et tiens-moi au courant de leurs allées et venues par la voie habituelle. C’est clair ? Crois-tu parvenir à remettre ce mot avant que la fille ne rentre à l’hôtel ?
    — C’est ma ville, marmonna l’homme d’un air vexé, puis il tourna des talons et disparut

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