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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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voulez pas vous joindre à moi, Constant ?
    Victor Constant leva la main. Un gant dissimulait sa peau à vif. Il ne se sentait pas très bien ce matin. La chasse tirait à sa fin et cela lui irritait les nerfs.
    — Vous êtes certain que Vernier fera appel à vous ? insista-t-il.
    Surpris par la dureté du ton de Constant, Denarnaud se redressa.
    — Je ne crois pas m’être trompé sur son compte, répondit-il aussitôt, craignant d’avoir offusqué son interlocuteur. Vernier a peu d’amis à Rennes-les-Bains. Du moins, pas d’amis assez intimes pour leur demander un tel service, et dans une telle affaire. Je suis certain qu’il fera appel à moi. Il n’aura pas le temps de faire venir quelqu’un de l’extérieur.
    — En effet, fit sèchement Constant.
    — Je crois qu’il demandera à Gabignaud, l’un des médecins de la ville, d’être présent.
    Constant hocha la tête. Il se tourna vers le domestique le plus proche de la porte.
    — Les lettres ont bien été portées ce matin ?
    — Oui, monsieur.
    — On t’a vu ?
    L’homme secoua la tête.
    — Je les ai remises au valet pour qu’il les mette avec le courrier du matin.
    Constant réfléchit un moment.
    — Personne ne sait que tu es à l’origine des bruits qui courent ?
    Le domestique secoua à nouveau la tête.
    — J’ai simplement glissé quelques mots à l’oreille de ceux qui étaient le plus susceptibles de les répéter, en laissant entendre que la bête convoquée par Jules Lascombe avait été aperçue de nouveau. Le dépit et la superstition ont fait le reste. Selon eux, les tempêtes sont déjà de mauvais augure.
    — Excellent. (Constant fit un geste de la main.) Retourne au Domaine et observe les actions de Vernier. Tu me feras un rapport à la tombée du jour.
    — Très bien, monsieur.
    Il recula vers la porte en attrapant sa cape bleue de grognard au dos d’une chaise avant de s’éclipser.
    Dès que la porte se fut refermée, Constant se leva.
    — Je tiens à ce que cette affaire soit vite résolue, Denarnaud, et qu’elle attire le moins d’attention possible. C’est clair ?
    Surpris par la façon abrupte dont se concluait l’entretien, Denarnaud se hissa péniblement de son fauteuil.
    — Bien sûr, monsieur. Je me charge de tout.
    Constant claqua des doigts. Son valet de chambre s’avança, une petite bourse à la main. Dégoûté par la peau malsaine de l’homme, Denarnaud ne put s’empêcher de reculer d’un pas.
    — Voici la moitié de ce que je vous ai promis, dit Constant en lui remettant l’argent. Le reste suivra quand l’affaire se sera conclue à ma satisfaction. Vous comprenez ?
    Les mains avides de Denarnaud se refermèrent sur la bourse.
    — Vous confirmerez que je ne suis en possession d’aucune autre arme, dit Constant d’une voix froide et dure. Vous avez bien compris ?
    — Il y aura une paire de pistolets à duel, monsieur, chacun avec une seule balle. Si vous portez une autre arme, je ne la trouverai pas. (Il eut un sourire sournois.) Bien que j’aie du mal à croire, monsieur, qu’un homme comme vous n’arrive pas à atteindre sa cible du premier coup.
    Cette vile flagornerie arracha à Constant une moue méprisante.
    — Je ne rate jamais ma cible.

77.
    — Que le diable l’emporte, s’écria Anatole en donnant un coup de pied au sol du talon de sa botte.
    Pascal s’avança vers le stand de tir improvisé qu’il avait installé dans une clairière bordée de genévriers sauvages. Il aligna à nouveau les bouteilles, puis rejoignit Anatole et rechargea le pistolet.
    Des six coups de feu, deux s’étaient perdus, l’un avait frappé le tronc d’un hêtre et deux la clôture en bois : leur vibration avait fait tomber les bouteilles. Un seul tir avait fait mouche, mais n’avait qu’ébréché le culot épais de la bouteille de bière.
    — Essayez encore, Sénher, dit Pascal d’une voix calme. Visez bien.
    — C’est ce que je fais, maugréa Anatole.
    — Levez l’œil vers la cible, puis baissez-le. Imaginez la trajectoire de la balle dans le canon. (Pascal recula d’un pas.) Doucement, Sénher. Visez bien. Ne vous précipitez pas.
    Anatole leva le bras. Cette fois, au lieu d’une bouteille de bière, c’était le visage de Victor Constant qu’il voyait.
    — Maintenant, dit doucement Pascal. Feu.
    Anatole mit en plein dans le mille. La bouteille se fracassa, explosant en pluie de verre comme un feu d’artifice. Le son ricocha sur les

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