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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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l’intention d’intercepter Marieta. Elle redoutait et espérait à la fois découvrir les armoiries de la carte que Victor Constant lui avait présentée dans l’église, et qui étaient gravées dans sa mémoire.
    Elle colla l’œil contre la porte entrebâillée de la salle à manger, au moment où Marieta l’ouvrait de l’intérieur et sortait avec le plateau vide.
    Elles glapirent toutes les deux de saisissement.
    — Madomaisèla !
    Léonie referma la porte pour que le bruit n’attire pas l’attention d’Anatole.
    — Tu n’as pas remarqué s’il y avait des lettres de Carcassonne, j’imagine, Marieta ?
    La bonne lui lança un regard inquisiteur.
    — Non, pas que je sache, madomaisèla.
    — Tu en es certaine ?
    Marieta semblait maintenant perplexe.
    — Il y avait les circulaires habituelles, une lettre de Paris pour le Sénher Anatole, ainsi qu’une lettre pour votre frère et une autre pour madama, qui sont arrivées de la ville.
    Léonie poussa un soupir de soulagement teinté de déception.
    — Des invitations, je crois, ajouta Marieta. Des enveloppes de très belle qualité, avec une écriture élégante et des armoiries. Pascal dit qu’elles ont été portées par un homme étrange vêtu d’une vieille cape.
    Léonie se figea.
    — De quelle couleur était cette cape ?
    Marieta la regarda, étonnée.
    — Je n’en ai aucune idée, madomaisèla. Pascal ne me l’a pas dit. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser…
    — Bien sûr. (Léonie s’écarta.) Oui, bien sûr.
    Elle hésita un instant sur le seuil, sans comprendre pourquoi au juste elle était soudain aussi angoissée à l’idée de se retrouver seule avec son frère. C’était son sentiment de culpabilité qui lui faisait croire que ces lettres avaient un quelconque rapport avec elle, rien de plus. C’était sûrement cela, elle le savait, mais elle n’en était pas moins inquiète.
    Elle fit volte-face et gravit rapidement l’escalier.

75.
    Anatole, attablé devant son petit déjeuner, fixait la lettre sans la voir.
    Sa main tremblait lorsqu’il alluma sa troisième cigarette au mégot de la précédente. Dans la pièce fermée, l’air était saturé de fumée. Trois enveloppes étaient posées sur la table. L’une, toujours scellée, portait un cachet postal parisien. Les deux autres étaient gravées d’armoiries. Une feuille de papier à lettres ornée du même emblème aristocratique gisait devant lui dans une assiette vide.
    À vrai dire, Anatole avait toujours su qu’une telle lettre lui parviendrait un jour. Malgré ce qu’il racontait à Isolde pour la rassurer, il l’attendait depuis son agression au passage des Panoramas en septembre. Le message persifleur qu’ils avaient reçu à l’hôtel de Carcassonne la semaine précédente n’avait fait que le confirmer : Constant avait percé à jour leur imposture et, pis encore, il les avait débusqués.
    Bien qu’Anatole eût tenté de traiter à la légère les peurs d’Isolde, tout ce qu’elle lui avait raconté sur Constant le poussait à redouter les réactions de ce dernier. Les symptômes de la maladie de Constant ainsi que sa nature, ses névroses et ses paranoïas, son caractère impétueux, tout portait à croire que cet homme ferait n’importe quoi pour se venger de la femme dont il croyait qu’elle avait trompé sa confiance.
    Anatole prit de nouveau la lettre cérémonieuse, délicieusement insultante tout en restant parfaitement polie et convenable. Victor Constant le provoquait officiellement à se battre en duel le lendemain, samedi le 31 octobre, à la tombée du jour. Constant avait choisi de se battre au pistolet. Il laissait à Vernier le soin de proposer un terrain adéquat au sein du Domaine de la Cade – une propriété privée, afin que leur combat, illégal, ne puisse être observé.
    Il concluait en informant Vernier qu’il logeait à l’hôtel de la Reine à Rennes-les-Bains et qu’il attendait qu’Anatole confirme, en homme d’honneur, qu’il relevait le défi.
    Ce n’était pas la première fois qu’Anatole regrettait de ne pas avoir réagi au cimetière de Montmartre. Il avait senti la présence de Constant et il lui avait fallu toutes ses forces pour ne pas faire volte-face et l’abattre sur place, de sang-froid, sans se préoccuper des conséquences. Quand il avait décacheté la lettre ce matin, sa première impulsion avait été d’aller en ville pour affronter Constant dans son

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