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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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pas apprendre que ce duel a lieu. Si je devais ne pas en revenir, je te confie ma femme et mon enfant. La maison leur appartient.
    Ton frère affectueux et aimant,
    A.
     
    Léonie laissa retomber ses mains sur ses cuisses. Les larmes qu’elle tentait en vain de retenir roulèrent en silence sur ses joues. Elle pleura les mensonges et les malentendus qui les avaient écartés l’un de l’autre. Elle pleura pour Isolde, pour la façon dont Anatole et elle l’avaient trompée, pour les mensonges qu’elle-même leur avait racontés, jusqu’à ce que ses émotions se tarissent.
    Puis elle y vit plus clair. Le mystère de la curieuse expédition matinale d’Anatole était élucidé.
    Dans quelques jours, quelques heures, il serait peut-être mort, songea-t-elle.
    Elle courut à la fenêtre et l’ouvrit toute grande. Après un début de matinée ensoleillé, le ciel s’était couvert de nuages. Tout était figé sous les rayons du soleil faiblissant. Une brume d’automne flottait sur les pelouses et les jardins, ensevelissant le monde sous un calme trompeur.
    Demain, à la tombée du jour.
    Elle contempla son reflet dans la vitre : comme il était étrange qu’elle ait la même apparence, alors qu’elle avait changé du tout au tout. Pourtant, ses yeux, son visage, son menton, sa bouche, tout était à sa place, celle qu’ils occupaient à peine trois minutes auparavant.
    Léonie frissonna. Le lendemain, c’était la Toussaint. Une nuit d’une beauté terrible, celle où le voile entre le bien et le mal était le plus ténu. Un temps propice à des événements comme celui-ci. Un temps favorable aux démons et aux maléfices.
    Le duel ne devait pas avoir lieu. C’était à elle de l’arrêter. Cette charade épouvantable ne pouvait se poursuivre. Mais alors même que ses pensées se bousculaient furieusement dans sa tête, Léonie savait déjà que c’était peine perdue. Elle ne persuaderait pas Anatole de revenir sur sa décision.
    — Il ne doit pas rater sa cible, murmura-t-elle.
    Prête à lui faire face, elle se rendit à la porte et l’ouvrit.
    Son frère l’attendait dans un nuage de fumée de cigarette. L’angoisse de ces longues minutes d’attente avait creusé ses traits.
    — Ah, Anatole ! gémit-elle en le serrant dans ses bras.
    Les yeux du jeune homme se remplirent de larmes.
    — Pardonne-moi, murmura-t-il en se laissant étreindre. Je suis tellement navré. Tu peux me pardonner, sœurette ?

79.
    Léonie et Anatole passèrent presque tout le reste de la journée ensemble. Dans l’après-midi, Isolde se reposa, ce qui leur permit de parler en tête à tête. Anatole était tellement accablé que Léonie avait l’impression que leurs rôles s’étaient inversés : c’était elle, l’aînée.
    Elle oscillait entre la colère d’avoir été ainsi bernée, et pendant aussi longtemps, et l’attendrissement face à l’amour manifeste qu’il éprouvait pour Isolde et aux efforts déployés pour la protéger.
    — Maman est au courant de la supercherie ? lui demanda-t-elle à plusieurs reprises, hantée par le souvenir du cercueil vide auprès duquel elle s’était recueillie au cimetière de Montmartre. Étais-je la seule à ne pas savoir ?
    — Je ne l’ai pas mise dans la confidence, répondit-il. Mais je crois qu’elle avait des soupçons.
    — Et la clinique ? Il y a eu un enfant ?
    — Non. Encore un mensonge pour rendre notre mise en scène plus crédible.
    C’était seulement dans ses moments de solitude, quand Anatole la quittait un instant, que Léonie se permettait de trembler à l’idée de ce qui pouvait se produire le lendemain. Il parlait peu de son ennemi, sauf pour dire qu’il avait fait beaucoup de mal à Isolde durant le peu de temps qu’ils s’étaient fréquentés. Anatole avoua néanmoins que l’homme était parisien et qu’il avait manifestement réussi à débrouiller les fausses pistes laissées à son intention, et à les débusquer dans le Midi. Mais il n’arrivait pas à s’expliquer comment il était parvenu jusqu’à Rennes-les-Bains depuis Carcassonne. Il se refusait également à prononcer son nom.
    Tout en écoutant ce récit de l’obsession, du désir de vengeance qui animait leur ennemi – les attaques sur son frère dans les journaux, l’agression du passage des Panoramas, ses efforts pour perdre Isolde et Anatole –, Léonie percevait la peur réelle tapie derrière les paroles de son frère.
    Ils évitèrent de

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