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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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troncs d’arbres et les oiseaux s’éparpillèrent à tire-d’aile.
    Une minuscule bouffée de fumée s’échappa du canon. Anatole souffla dessus, puis se tourna vers Pascal, les yeux brillants de satisfaction.
    — Bien visé, dit le domestique, dont le large visage, d’ordinaire impassible, reflétait pour une fois ses sentiments. Et quand aura lieu ce… rendez-vous ?
    Le sourire d’Anatole s’évanouit.
    — Demain à la tombée du jour.
    Pascal traversa la clairière, faisant craquer les brindilles sous ses pieds, et réaligna une fois de plus les bouteilles restantes.
    — Voyons si vous pouvez faire mouche une deuxième fois, Sénher, vous voulez ?
    — Si Dieu le veut, je n’aurai à le faire qu’une seule fois, se dit Anatole à voix basse.
    Mais il laissa Pascal recharger le pistolet et s’exerça jusqu’à ce que chacune des bouteilles ait été fracassée et que l’odeur de poudre et de bière surie saturât l’air de la clairière.

78.
    Cinq minutes avant midi, Léonie quitta sa chambre, longea le couloir et descendit l’escalier. Elle semblait tranquille et maîtresse de ses émotions, mais son cœur battait comme le tambour d’un soldat de plomb.
    Lorsqu’elle traversa le vestibule carrelé, il lui sembla que le claquement sonore de ses talons dans la maison silencieuse était de mauvais augure. Elle jeta un coup d’œil à ses mains et remarqua des petites taches de peinture vertes et noires sur ses ongles. Elle avait, au cours de cette angoissante matinée, terminé l’image de La Tour, mais elle n’en était pas satisfaite. Bien qu’elle se fut efforcée de peindre à touches légères les feuilles des arbres et les couleurs du ciel, une présence troublante, menaçante, s’exprimait à travers ses coups de pinceau.
    Elle passa devant les vitrines qui menaient à la porte de la bibliothèque, remarquant à peine les médailles, curiosités et autres souvenirs tant elle était préoccupée par l’entretien à venir.
    Sur le seuil, elle hésita. Puis elle redressa le menton, leva la main et frappa fermement à la porte, avec plus de courage qu’elle n’en ressentait.
    — Entre.
    Au son de la voix d’Anatole, Léonie ouvrit la porte et entra.
    — Tu voulais me voir ?
    Elle avait l’impression d’être convoquée par un tribunal plus que par son frère adoré.
    — En effet, dit-il en lui souriant. Entre, Léonie. Assieds-toi.
    Son expression et son regard la rassurèrent, bien qu’elle sentît qu’il était lui aussi angoissé.
    — Tu me fais peur, Anatole, souffla-t-elle. Tu as l’air tellement grave.
    Il lui posa la main sur l’épaule et la guida vers un fauteuil à dossier en tapisserie.
    — Je dois te parler d’une affaire sérieuse.
    Il lui avança le fauteuil, puis s’éloigna de quelques pas avant de se retourner pour lui faire face, les mains derrière le dos. Léonie remarqua alors qu’il tenait quelque chose entre ses doigts. Une enveloppe.
    — Qu’est-ce que c’est ? fit-elle, le cœur serré à l’idée que ses pires craintes puissent être sur le point de se confirmer.
    Et si M. Constant avait, à force d’habileté, trouvé son adresse pour lui écrire directement ?
    — C’est une lettre de maman ? De Paris ? fit-elle. Une expression étrange se peignit sur les traits d’Anatole, comme s’il venait de se rappeler quelque chose qu’il avait oublié, mais il se reprit aussitôt.
    — Non. Enfin, oui, c’est une lettre, mais c’est moi qui l’ai écrite. Elle t’est adressée.
    Une étincelle d’espoir se ralluma dans le cœur de Léonie : tout n’était peut-être pas perdu.
    — À moi ?
    Anatole se lissa les cheveux de la main et soupira.
    — Je me trouve dans une situation délicate, dit-il d’une voix blanche. Il y a… des choses dont nous devons discuter, mais maintenant que le moment est venu, je suis trop timide pour t’en parler.
    Léonie éclata de rire.
    — Je ne vois pas comment ce serait possible, dit-elle. Je ne t’intimide pas, tout de même ?
    Elle voulait le taquiner, mais son sourire se figea lorsqu’elle vit l’expression très sombre du visage d’Anatole. Elle bondit et courut vers lui.
    — Qu’est-ce que c’est ? exigea-t-elle de savoir. C’est maman ? Isolde ?
    Anatole contempla la lettre qu’il tenait.
    — J’ai pris la liberté de coucher ma confession sur papier.
    — Ta confession ?
    — Cette lettre recèle des informations que j’aurais dû – que nous

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