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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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parler de ce qui se produirait si Anatole ratait sa cible. Pressée par son frère, Léonie donna sa parole : s’il manquait à sa tâche et n’était plus en mesure de les protéger, elle trouverait un moyen de quitter immédiatement, et en secret, le Domaine de la Cade avec Isolde.
    — Ce n’est donc pas un homme d’honneur ? dit-elle. Tu crains qu’il ne respecte pas les règles du combat ?
    — Je le crains, répliqua-t-il gravement. Si les choses se passent mal demain, je ne veux pas qu’Isolde soit ici quand il viendra la chercher.
    — À t’entendre, on croirait que tu parles d’un démon.
    — Et moi, j’ai été imbécile de croire que cela pouvait se terminer autrement, lâcha Anatole d’une voix blanche.
     
    Plus tard ce soir-là, quand Isolde se fut retirée pour la nuit, Anatole et Léonie se rejoignirent au salon afin de se mettre d’accord sur le plan de campagne du lendemain.
    Elle n’aimait pas se rendre complice d’une tromperie – surtout après avoir elle-même été victime du même genre de mensonge – mais elle admettait que, dans son état, Isolde ne devait pas apprendre ce qui allait se passer. Anatole la chargea d’occuper sa femme afin qu’à l’heure dite, Pascal et lui puissent s’éclipser. Il avait envoyé un mot à Charles Denarnaud pour l’inviter à être son second, demande que ce dernier avait acceptée sans hésitation. Le D r Gabignaud, malgré ses réticences, apporterait une assistance médicale si elle se révélait nécessaire.
    Bien qu’elle fît mine d’acquiescer, Léonie n’avait pas la moindre intention d’obéir à Anatole. Elle ne pouvait rester les bras croisés dans le salon, à regarder les aiguilles de l’horloge avancer lentement, en sachant que son frère allait au combat. Elle devait confier Isolde à quelqu’un d’autre à la tombée de la nuit, bien qu’elle ne sût pas encore au juste comment elle s’y prendrait.
    Mais elle ne laissa rien deviner de ses intentions, ni par ses paroles, ni par ses actions. Absorbé par ses projets enfiévrés, Anatole ne songea pas à douter de son obéissance.
    Quand il se retira à son tour pour la nuit, quittant le salon avec une bougie pour s’éclairer jusqu’à son lit, Léonie resta seule un bon moment à réfléchir à la façon de procéder.
    Elle devait être forte. Elle ne se laisserait pas dominer par la peur. Tout irait pour le mieux. Anatole blesserait ou tuerait son adversaire. Elle refusait d’envisager l’alternative.
    Mais tandis que les heures de la nuit s’écoulaient, elle comprit que l’espoir ne suffirait pas à lui seul à infléchir le cours des événements.

80.
    Samedi 31 octobre
     
    La veille de la Toussaint s’annonça par une aube rose et froide.
    Léonie avait à peine dormi tant le cours pesant du temps l’écrasait. Après le petit déjeuner, que ni elle, ni Anatole ne réussirent à avaler, il passa la matinée enfermé avec Isolde.
    Assise dans la bibliothèque, elle les entendait rire, chuchoter, faire des projets. La joie que prenait Isolde à la compagnie de son frère était d’autant plus douloureuse à Léonie qu’elle savait que ce bonheur risquait de lui être ravi.
    Quand elle les rejoignit pour le café dans le petit salon, Anatole leva la tête. Son regard exprimait tant d’angoisse, de terreur et de douleur qu’elle détourna les yeux de crainte de trahir son secret.
    Après le déjeuner, ils passèrent l’après-midi à jouer aux cartes et à lire à voix haute, de façon à retarder l’heure de la sieste d’Isolde, comme l’avaient projeté la veille Léonie et Anatole. Il était déjà 16 heures lorsque Isolde déclara qu’elle se retirait dans sa chambre jusqu’au dîner. Quand Anatole revint un quart d’heure plus tard, un chagrin profond creusait ses traits.
    — Elle dort, déclara-t-il.
    Ils contemplèrent ensemble le ciel abricot et les derniers vestiges du soleil reflété par les nuages. La force de Léonie l’abandonna enfin.
    — Il n’est pas trop tard, s’écria-t-elle. Il est encore temps de tout annuler. (Elle saisit sa main.) Je t’en supplie, Anatole, n’y va pas.
    — Tu sais que je ne peux pas refuser de l’affronter maintenant, sœurette, dit-il doucement. Autrement, ça ne finira jamais. De plus, je ne veux pas que mon fils grandisse en croyant que son père est un lâche. (Il lui serra la main.) Ni, d’ailleurs, ma courageuse et loyale petite sœur.
    — Ou ta fille,

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