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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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pas à dormir, alors je suis allée le rejoindre. Et j’ai trouvé ceci. (Isolde se tut brusquement et regarda Léonie droit dans les yeux.) Vous saviez, dit-elle d’une voix soudainement calme.
    L’espace d’une seconde, Léonie oublia qu’au moment même où elle parlait Anatole traversait les bois pour aller se battre en duel. Elle tenta de sourire et tendit la main pour prendre celle d’Isolde.
    — Je suis au courant, pour le mariage, fit-elle d’une voix douce. J’aurais aimé y assister.
    — Léonie, je voulais… Nous voulions vous le dire.
    Léonie l’enlaça. En un instant, leurs rôles s’étaient inversés.
    — Et vous savez qu’Anatole sera bientôt père ? souffla Isolde.
    — Je le sais aussi. Quelle merveilleuse nouvelle !
    Isolde s’arracha soudain à son étreinte.
    — Mais vous saviez aussi, pour ce duel ?
    Léonie hésita. Elle était sur le point d’esquiver la question quand elle se ravisa. Il y avait eu assez de mauvaise foi entre elles. Trop de mensonges destructeurs.
    — Je le savais, avoua-t-elle. La lettre lui a été portée hier. Denarnaud et Gabignaud l’accompagnent.
    Isolde pâlit.
    — Elle lui a été portée, dites-vous, murmura-t-elle. Alors il est ici. Ici même.
    — Anatole ne ratera pas sa cible, affirma Léonie avec une conviction qu’elle n’éprouvait pas.
    Isolde releva la tête et redressa les épaules.
    — Je dois le rejoindre.
    Prise de court par ce brusque revirement d’humeur, Léonie bafouilla.
    — Vous ne pouvez pas, protesta-t-elle.
    Isolde fit comme si elle n’avait rien entendu.
    — Où doit avoir lieu le duel ?
    — Isolde, vous êtes souffrante. Ce serait de la folie de tenter de le suivre.
    — Où ? insista-t-elle.
    Léonie soupira.
    — Dans une clairière du bois de hêtres. Je ne sais pas où au juste.
    — Là où poussent les genévriers sauvages. Il y a une clairière où mon défunt mari s’exerçait parfois au tir.
    — Peut-être. Il n’a rien dit de plus.
    — Je dois m’habiller, s’écria Isolde en s’arrachant aux bras de Léonie.
    Léonie n’eut d’autre choix que de la suivre.
    — Même si nous partons maintenant, et si nous trouvons l’endroit précis, Anatole est parti avec Pascal il y a plus d’une demi-heure.
    — Si nous partons maintenant, nous pouvons encore tout arrêter.
    Sans prendre le temps de passer son corset, Isolde enfila sa robe de promenade grise et une veste, fourra ses pieds élégants dans ses bottines, glissant les lacets n’importe comment dans les œillets de ses doigts fébriles, puis courut vers l’escalier, talonnée par Léonie.
    — Son adversaire respectera-t-il l’issue du combat ? demanda brusquement Léonie, en espérant une réponse différente de celle d’Anatole.
    Isolde s’arrêta pour se tourner vers elle, ses yeux gris pleins de désespoir.
    — Ce n’est… ce n’est pas un homme d’honneur.
    Léonie lui agrippa la main, autant pour se rassurer que pour la réconforter. Une autre question lui était venue à l’esprit.
    — Quand l’enfant doit-il naître ?
    Le regard d’Isolde s’adoucit un instant.
    — Si tout se passe bien, en juin. Ce sera un bébé de l’été.
    Lorsqu’elles traversèrent précipitamment le vestibule, il sembla à Léonie que le monde avait pris des couleurs plus dures. Des choses autrefois familières et précieuses – les tables cirées et les portes vernies, le piano et le tabouret en tapisserie où Léonie avait caché la partition prise dans le sépulcre – semblaient leur avoir tourné le dos. Ce n’étaient plus que des objets froids et morts.
    Léonie décrocha les lourdes capes des patères de l’entrée, en tendit une à Isolde et s’enveloppa de l’autre, puis ouvrit la porte. L’air frais du crépuscule se faufila entre ses jambes comme un chat, s’entortillant autour de ses bas et de ses chevilles. Elle prit une lampe allumée sur la desserte.
    — À quelle heure doit avoir lieu le duel ? demanda Isolde d’une voix sourde.
    — À la tombée du jour, répondit Léonie. À 18 heures.
    Elles levèrent les yeux pour scruter le ciel dont le bleu profond s’assombrissait au-dessus de leurs têtes.
    — Si nous voulons arriver à temps, dit Léonie, nous devons nous dépêcher. Allez, vite.

81.
    — Je t’aime, sœurette, se répéta Anatole tandis que la porte d’entrée se refermait derrière lui.
    Suivi de Pascal, qui tenait une lanterne, il marcha en silence jusqu’au bout

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