Sépulcre
informations sur la nuit de la mort de son père. Elle se rappellerait peut-être quelque chose qui obligerait la police à considérer cette mort comme suspecte plutôt que comme un accident de la route.
Il se passa les doigts dans les cheveux.
Ses pensées revinrent à Meredith. Il sourit. Quand tout serait fini, peut-être accepterait-elle qu’il lui rende visite aux États-Unis. Il coupa court à cette pensée. Il était ridicule de faire de tels projets alors qu’il ne la connaissait que depuis deux jours, mais il savait. Il n’avait jamais éprouvé de sentiments aussi forts pour une femme.
Qu’y avait-il pour le retenir ? Il avait démissionné de son poste, vidé son appartement de Londres. Il serait aussi bien en Amérique qu’ailleurs. Il pouvait faire comme bon lui semblait. Il en aurait les moyens. Il savait que son oncle rachèterait ses parts.
Si Meredith voulait bien de lui.
Hal regarda par la fenêtre la vie de l’hôtel se dérouler comme un film muet. Il replia les bras au-dessus de la tête et bâilla. Une voiture remontait lentement l’allée. Une grande femme mince aux cheveux courts et bruns en sortit, puis gravit l’escalier d’un pas hésitant.
Quelques instants plus tard, le téléphone sonna sur sa table de chevet. C’était Éloïse à l’accueil, lui annonçant que son invitée était arrivée.
— Quoi ? Elle a près d’une heure d’avance !
— Je lui demande d’attendre ?
Hal hésita.
— Non, c’est bon. Je descends tout de suite.
Il prit sa veste au dos d’une chaise, puis dévala les deux étages de l’étroit escalier de service. Arrivé en bas, il s’arrêta pour mettre sa veste et passer un coup de fil.
Meredith enfila le pull brun clair de Hal sur son jean et son tee-shirt à manches longues, chaussa ses bottes et prit sa veste en jean, une écharpe et une paire de gants en laine, en se disant qu’il faisait sans doute encore froid dehors. Elle avait déjà posé la main sur la poignée de la porte quand le téléphone sonna.
Elle se précipita pour décrocher.
— Salut, toi, dit-elle avec un frisson de plaisir en entendant la voix de Hal.
Mais il répondit sèchement.
— Elle est là.
85.
— Qui ? Léonie ? bégaya Meredith dont les pensées se court-circuitaient.
— Qui ? Non, Shelagh O’Donnell. Elle est déjà là. Je suis à la réception. Tu peux nous rejoindre ?
— Bien sûr, soupira-t-elle. Donne-moi cinq minutes.
Elle retira sa veste, remplaça le pull de Hal par un pull rouge ras du cou, se brossa les cheveux et sortit de la chambre. Du haut de l’escalier, elle scruta le vestibule. Hal parlait à une grande femme brune qu’elle reconnaissait vaguement. Meredith mit un moment à la situer, puis elle se souvint l’avoir vue fumer, appuyée contre un mur sur la place des Deux-Rennes, le soir de son arrivée.
— Ça alors, marmonna-t-elle.
Le visage de Hal s’illumina lorsqu’il l’aperçut.
— Salut, dit-elle en lui faisant une petite bise, avant de tendre la main à Shelagh O’Donnell. Je suis Meredith. Désolée de vous avoir fait attendre.
La femme plissa les yeux. Elle aussi, visiblement, se demandait où elle l’avait rencontrée.
— Nous avons échangé deux mots le soir des obsèques, précisa Meredith. Devant la pizzeria, sur la place.
— Ah oui, en effet, répondit-elle, et son visage se détendit.
— Je vais demander qu’on nous apporte du café au bar, dit Hal en montrant le chemin. Nous y serons plus tranquilles pour discuter.
Meredith et Shelagh O’Donnell le suivirent. Meredith interrogea poliment cette dernière pour briser la glace. Depuis combien de temps vivait-elle à Rennes-les-Bains, pourquoi s’y était-elle installée, que faisait-elle dans la vie ? Les questions habituelles.
Shelagh O’Donnell répondait facilement, mais ses propos laissaient filtrer une certaine nervosité. Son regard ne se fixait nulle part et elle n’arrêtait pas de se frotter le bout des doigts contre le pouce. Elle ne devait pas avoir plus de la trentaine, mais elle avait la peau ridée et la silhouette émaciée d’une femme plus âgée. Meredith comprenait pourquoi la police n’avait pas pris au sérieux son témoignage sur la nuit de l’accident.
Ils s’installèrent à la table qu’ils avaient occupée la veille avec l’oncle de Hal. De jour, l’ambiance était très différente. On avait du mal à se rappeler le vin et les cocktails de la soirée avec l’odeur de
Weitere Kostenlose Bücher