Sépulcre
des années plus tard, mais sans doute sa mère adoptive le savait-elle.
Tout en contemplant le lac, Meredith fut étonnée de constater qu’elle se sentait en paix. Elle pensait à sa mère naturelle sans éprouver ses sentiments habituels de culpabilité. Ni cœur battant, ni bouffée de honte, ni regrets. Cet endroit était un lieu de recueillement, de calme et d’intimité. Le croassement des corbeaux dans les arbres, les pépiements plus aigus des pinsons dans l’épaisse haie de buis, la maison, au loin, de l’autre côté du lac…
Elle s’attarda encore un moment avant de poursuivre son chemin. Deux heures auparavant, elle s’était sentie frustrée de ne pas pouvoir se précipiter à la recherche des ruines du sépulcre. Après avoir entendu le témoignage de Shelagh O’Donnell, sans doute Hal aurait-il beaucoup à faire. Il ne rentrerait probablement pas avant 13 heures.
Elle regarda son portable pour vérifier qu’elle était toujours sur le réseau. S’il avait besoin d’elle, il pourrait l’appeler.
Prenant garde à ne pas glisser sur l’herbe mouillée, elle redescendit jusqu’à la berge du lac et examina les environs. À droite le sentier longeait le lac pour revenir à la maison. À gauche, une piste embroussaillée plongeait dans la forêt de hêtres.
Meredith prit à gauche. En quelques minutes, elle fut au cœur des bois. Le sentier menait à un enchevêtrement de pistes toutes semblables. Certaines allaient en montant, d’autres semblaient descendre vers la vallée. Elle avait l’intention de repérer les ruines du sépulcre wisigoth, puis de rechercher l’endroit où les cartes avaient pu être dissimulées. Toute cachette trop évidente aurait été découverte depuis plusieurs années, mais c’était de toute façon un bon point de départ.
Meredith emprunta une piste qui déboucha sur une petite clairière. Après quelques minutes, la pente devint beaucoup plus escarpée. Le sol, sous ses pieds, avait changé. Elle raidit les jambes, descendant prudemment pour ne pas glisser sur les pierres humides. Le gravier, les pommes de pin et les brindilles roulaient sous ses pieds. Elle aboutit à une espèce de plate-forme naturelle, qui ressemblait presque à un pont. Sous cette plate-forme, à la perpendiculaire, se trouvait une bande de terre brune bordée d’arbres.
À l’horizon, Meredith distinguait sur une colline un ensemble de mégalithes, gris sur fond de verdure, peut-être ceux que Hal lui avait désignés alors qu’ils roulaient vers Rennes-le-Château.
Ses cheveux se dressèrent sur sa nuque.
Elle comprit que de là, tous les lieux dont Hal lui avait parlé – le Fauteuil du Diable, le Bénitier, l’Étang du Diable – étaient visibles. Qui plus est, de l’endroit où elle se tenait, elle reconnaissait tous les paysages figurant en toile de fond des cartes.
Le sépulcre remontait à l’époque wisigothe. Il était donc raisonnable d’en déduire que d’autres sépultures wisigothes se trouvaient dans le domaine. Meredith inspecta les environs. Elle n’était pas experte en géologie, mais la bande de terre brune ressemblait beaucoup à un lit de rivière asséché.
Tentant de contenir son excitation, elle chercha un endroit par où descendre. Il n’y en avait aucun. Elle hésita, puis s’accroupit et manœuvra de façon à se retrouver assise au bord de la plate-forme. Elle resta un moment suspendue dans le vide. Puis elle se laissa glisser et tomba pendant une fraction de seconde, le cœur affolé.
Ses genoux encaissèrent sa chute ; elle se redressa et poursuivit sa descente. L’endroit, luisant sous la bruine d’automne, ressemblait en effet au lit asséché d’un torrent à la fin de l’été. Tout en s’efforçant de ne pas glisser sur les pierres branlantes et la terre humide, Meredith chercha des yeux quelque chose qui sorte de l’ordinaire.
À première vue, il n’y avait aucune brèche dans les broussailles enchevêtrées et dégoulinantes de rosée. Puis, un peu plus loin, juste avant que la piste plonge comme un toboggan entre les broussailles, Meredith remarqua une dépression peu profonde. Elle se rapprocha jusqu’à ce qu’elle distingue une pierre grise et plate, émergeant des racines d’un genévrier aux feuilles piquantes, chargé de baies violettes. La dépression n’était pas assez étendue pour dissimuler une tombe, mais la pierre ne semblait pas être arrivée là par hasard. Meredith sortit son portable et
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