Sépulcre

d’Épées, déclara Laura. Rappelez-vous, les épées constituent la série Air, celle de l’intellect. Dans le jeu Bousquet, La Fille d’Épées est une figure puissante, quelqu’un de fort, qui réfléchit. En même temps, elle est parfois coupée des autres. Cela peut venir de sa jeunesse, d’ailleurs la carte représente souvent une jeune personne, ou de décisions qui ont été prises. Elle peut aussi indiquer que le consultant s’apprête à faire un voyage.
    Meredith regarda l’image sur la carte. Une femme gracile portant une robe rouge à hauteur des genoux, avec des cheveux noirs et raides lui descendant aux épaules. On aurait dit une danseuse. Elle tenait l’épée à deux mains, non pour répondre à une menace ou elle-même menacer, mais plutôt pour protéger quelque chose. Derrière elle, la cime déchiquetée d’une montagne se détachait sur un ciel azur ponctué de nuages blancs.
    — C’est une carte active, dit Laura. L’une des rares cartes épées indéniablement positive.
    Cela se voit, pensa Meredith en hochant la tête.
    — Tirez encore, dit Laura. Posez la prochaine sous La Fille d’Épées à votre gauche. Cette deuxième carte indique votre situation actuelle. L’environnement dans lequel vous évoluez, les influences que vous subissez.
    Meredith la mit en position.
    — Le Dix des Coupes, dit Laura. Les coupes forment la série de l’eau, de l’émotion. C’est aussi une carte positive. Dix est le chiffre de la complétude. Il marque la fin d’un cycle et le commencement d’un autre. Cela suggère que vous vous tenez sur un seuil, que vous êtes sur le point d’opérer des changements par rapport à votre situation actuelle, qui est déjà liée à l’accomplissement et au succès. Oui, c’est le signe de changements dans les temps à venir.
    — Vous parlez de seuil, mais de quel domaine s’agit-il ?
    — Ça peut être le travail, votre vie personnelle, ou les deux. Les choses s’éclairciront à mesure que nous avancerons dans le tirage. Suivante.
    Meredith prit une troisième carte dans le jeu.
    — Placez celle-ci dessous et à droite du signifiant, lui précisa Laura. Elle indique d’éventuels obstacles sur votre chemin. Des choses, circonstances, ou personnes qui risquent de vous empêcher d’avancer, de changer, ou d’atteindre votre but.
    Meredith retourna la carte et la plaça sut la table.
    — Le Pagad, dit Laura. Carte I, Le Magicien. Pagad est un mot archaïque qu’on trouve dans le jeu Bousquet, rarement utilisé par ailleurs.
    Meredith observa attentivement l’image.
    — Représente-t-il une personne ?
    — Généralement, oui.
    — Quelqu’un à qui l’on peut se fier ?
    — Cela dépend. Comme le suggère le nom, Le Magicien peut être de votre côté, ou pas. Souvent c’est quelqu’un de puissant qui agit comme un catalyseur et provoque des transformations, quelqu’un chez qui le jugement et l’intuition s’équilibrent, et qu’accompagne toujours une certaine dose de ruse ou de supercherie. Le Magicien contrôle tous les éléments, eau, air, feu et terre, ainsi que les quatre symboles des séries, coupes, épées, bâtons et deniers. Il peut représenter quelqu’un qui intervient en votre faveur en se servant de ses talents, langages et connaissances. Ou bien au contraire qui se sert de ses dons pour vous bloquer d’une manière ou d’une autre.
    Meredith regarda le visage sur la carte, les yeux d’un bleu perçant.
    — Y a-t-il quelqu’un dans votre vie qui pourrait selon vous jouer ce rôle ?
    — Non, je ne vois pas.
    — Ce peut être aussi quelqu’un du passé qui influence non pas votre quotidien, mais l’image que vous avez de vous-même. Un être qui, malgré son absence, exerce sur votre vie un ascendant négatif. Ou bien quelqu’un que vous n’avez pas encore rencontré. En tout cas, une connaissance, qui ne joue pas encore un rôle central dans votre vie.
    Meredith contempla encore la carte, attirée par l’image et les contradictions qu’elle recelait, avec le désir d’y trouver un sens. Rien n’en sortit. Personne ne lui vint à l’esprit.
    Elle tira la suivante. Cette fois, sa réaction fut tout autre. Un élan d’émotion et de chaleur la parcourut. C’était une jeune fille, debout à côté d’un lion. Le symbole de l’infini était placé au-dessus de sa tête, comme une couronne. Elle portait une robe à l’ancienne, blanche et verte, avec des manches gigot. Ses cheveux